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Actualités - ANALYSE

Au-delà de la satisfaction des loyalistes Questions persistantes sur la vague de cherté

Chacun voit les choses à sa façon. Pour les loyalistes, le budget est bon, puisqu’il a été approuvé par le Conseil des ministres suivant les directives du chef de l’État. Un élément qu’ils mettent en relief. Parce qu’ils ont besoin que le prestige du président Lahoud couvre l’action, peut-être nécessaire mais sûrement impopulaire, du gouvernement. Le camp du pouvoir souligne que les mesures fiscales visent proportionnellement plus la classe des nantis que les autres. Mais, tout aussi proportionnellement, la cherté qui en découle affecte moins les nantis que les économiquement faibles. La population se demande ainsi quels effets généraux va produire la révision à la hausse des barèmes de la fameuse annexe numéro 9 qui tarifie les taxes sur différents postes de produits. Il est en effet certain que dans un pays où les prix du marché ne sont soumis à aucun contrôle (sauf l’obligation dérisoire de les afficher en livres libanaises), l’effet d’entraînement provoque une cherté généralisée dès que les produits ou denrées de base, comme l’essence ou le sucre, sont touchés. Ou même dès que des produits de grande consommation, comme le tabac, renchérissent. Et quand ce sont les deux qui se trouvent combinés, comme c’est le cas présentement, l’inflation des étiquettes peut être lourde. Mais des efforts considérables sont déployés pour prévenir, contenir et apaiser la grogne populaire. Avec l’aide des médias. Ainsi le chef du gouvernement et ses ministres font feu de tout bois, à l’heure actuelle, pour justifier le budget et les mesures prises devant l’opinion. Et tenter de la sorte de la gagner à leur cause afin de limer les crocs si l’on peut dire à l’opposition pour qu’elle se montre moins mordante lorsque le débat sur la loi de finances s’ouvrira à la Chambre. Mais, redisons-le, le principal atout du Cabinet, c’est le soutien sans faille que lui accorde le président Lahoud. Qui juge le projet de loi comme objectif, raisonnable, dans ce sens qu’il n’accable pas les classes défavorisées. Cependant les mêmes remarques se retrouvent sur les lèvres des spécialistes et de l’homme de la rue : – En augmentant de 2 000 LL l’essence, on rejoint certes le prix qui avait cours en 1997, soit 12 400 LL. Mais ce n’est pourtant pas la même chose : il y a deux ans, ce prix était lié aux cours du marché ; aujourd’hui il subit un relèvement d’ordre fiscal. Ce qui signifie que l’augmentation ne peut que se répercuter sur l’ensemble des prix, via le coût de transport et d’énergie. Ceci à moins que le gouvernement n’intervienne d’autorité pour empêcher ce lien de cause à effet. En obligeant les transporteurs et les commerçants, qui, après tout, n’avaient pas baissé leurs prix quand l’essence avait baissé, à ne pas augmenter leurs prix. Et en leur rappelant que le diesel et le mazout n’ont pas été augmentés. Un «petit» problème cependant : la loi dans ce pays interdit strictement au gouvernement de se mêler des prix du marché et de leur fixer un plafond ! – Le relèvement, à 15 % de l’impôt sur les revenus excédant les 12 millions de LL par an, a évidemment besoin d’être sectionné en tranches progressives. Pour que l’on ne se retrouve pas avec ce résultat injuste de voir un salarié touchant 25 millions payer le même impôt qu’un cadre à 100 millions. Autrement dit, on irait de 6 % pour les 24 millions à 15 % pour 100 millions en passant par 10 % pour 50 millions. Toujours à ce propos, on note que l’impôt sur le revenu frappe essentiellement les salariés qui ne peuvent en aucune façon s’y dérober, puisqu’il leur est retiré à la source. Alors que les sociétés pour leur part déclarent revenus ou bénéfices et savent généralement s’arranger pour être moins gagnantes dans les livres qu’elles ne le sont en réalité. – L’argument «Ils n’ont qu’à s’en passer» pour les amateurs de whisky ou de cigarettes étrangères vaut ce qu’il vaut. Il reste que 104 % de plus sur les spiritueux, 55 % sur la bière étrangère, 20 % sur les fromages de luxe ne vont certainement pas faciliter la promotion du tourisme. Le Liban, qui est déjà un des rares pays à être en même temps pauvre et cher, va devenir tout à fait inaccessible pour la bourse du touriste de masse qui représente aujourd’hui les 90 % du tourisme mondial. – L’exception faite en faveur des Syriens en ce qui concerne l’augmentation des droits sur les permis de travail aux étrangers va sans doute agacer d’autres pays arabes fournisseurs de main-d’œuvre comme l’Égypte et le Soudan. – Il est absurde de penser que les 4 cents de plus sur la minute de cellulaire va provoquer une désaffection du public envers cet instrument au profit du téléphone ordinaire, car le portable est devenu une nécessité. Si le Trésor veut augmenter ses ressources, il ferait mieux de surtaxer les compagnies et non les consommateurs. – Encore une fois, l’État a offert une prime injustifiée aux commerçants en obligeant les gens à payer les nouveaux prix dès leur affichage à la porte de la présidence du Conseil. Il aurait fallu que les nouveaux tarifs ne soient appliqués qu’aux produits importés après la décision du Conseil des ministres. C’est ce que veut d’ailleurs l’esprit des lois quand il interdit l’effet rétroactif en matière de paiement.
Chacun voit les choses à sa façon. Pour les loyalistes, le budget est bon, puisqu’il a été approuvé par le Conseil des ministres suivant les directives du chef de l’État. Un élément qu’ils mettent en relief. Parce qu’ils ont besoin que le prestige du président Lahoud couvre l’action, peut-être nécessaire mais sûrement impopulaire, du gouvernement. Le camp du pouvoir souligne...