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Actualités - DISCOURS

Communautés - Le message pascal du patriarche maronite Sfeir : la crise est politique avant d'être économique

Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir brosse un tableau sombre de la vie quotidienne des Libanais qui subissent une grave crise qui est «politique avant d’être économique» : «La liquidité devient rare, (…), le chômage augmente, et les chèques sans provision se multiplient», constate-t-il dans son message pascal. Face à cette situation, «les responsables semblent embarrassés, puisqu’ils veulent assurer des rentrées pour alléger le poids des dettes, et ils craignent, en même temps, d’imposer de nouvelles taxes que le peuple, dans sa majorité, est incapable de payer», ajoute le cardinal Sfeir. Celui-ci espère toutefois que les dirigeants pourront surmonter ces difficultés grâce notamment à leur «détermination», à leur «abnégation» et à leur «dévouement à la patrie». Sur le plan spirituel, le prélat maronite a souligné que «comme le Christ, (…), le chrétien ne doit pas vivre pour lui-même mais pour les hommes». «Oui, poursuit-il, la vie chrétienne ne cherche pas la facilité. Elle ne connaît pas le découragement. Elle refuse de reculer. C’est une exigence à l’égard de soi-même et une ascension continue». Selon le cardinal Sfeir, la «porte étroite» de l’évangile aboutit, «au prix de labeur et de peine, à un bonheur inconnu de ceux qui vivent repliés sur eux-mêmes». Les difficultés de l’État Le patriarche maronite souligne d’autre part l’importance de la foi qui «a permis à nos aïeux de surmonter les difficultés auxquelles ils étaient confrontés tout au long de leur longue histoire». C’est à la lumière de cette détermination ancestrale que Mgr Sfeir aborde l’actualité, déclarant à ce sujet : «Cette même foi peut encore nous permettre, à notre tour, d’affronter calmement les difficultés que nous connaissons de nos jours. «Personne n’ignore que la crise économique se fait sévère à l’égard de la majorité des citoyens. La liquidité devient rare, en raison des bons du Trésor, du marasme et de l’instabilité au Liban-Sud et dans la région. Le chômage augmente. Les chèques sans provision se multiplient. La vie devient plus chère, particulièrement les services sociaux tels l’eau, l’électricité et le téléphone. Et que dire des soins médicaux et des scolarités dont le coût pèse lourd sur les malades et les parents d’élèves. Cela concerne la vie quotidienne. «Au niveau de l’État, la situation ne semble pas aller sans difficultés. Les dettes sont lourdes, leur service absorbe un grand pourcentage du budget. Et les responsables semblent embarrassés, puisqu’ils veulent assurer des rentrées pour en alléger le poids, et ils craignent, en même temps, d’imposer de nouvelles taxes que le peuple, dans sa majorité, est incapable de payer. «Nul ne pense que la méthode suivie jusqu’ici pour améliorer la situation va aboutir au but visé, soit au sujet de l’assainissement de l’administration, en relevant de leurs fonctions, en une seule fois, de hauts fonctionnaires – c’est là une erreur reconnue par l’État –, soit au sujet de la poursuite en justice des personnes sans défense parmi ceux qui se sont rendus coupables de s’approprier les deniers publics, à l’exception des haut placés et les protégés qui sont à l’abri de toute poursuite, soit enfin au sujet de ceux qui ont fait main basse sur des objets d’art antiques que recèle le sein de notre terre et qui sont fruits de tant de civilisations et de cultures. Il faut noter que quelques pièces ont été légitimement acquises. Si la justice est toujours sélective, elle sera non seulement inutile, mais elle créera un climat de peur perpétuelle, alors que les gens ont besoin d’un climat de confiance totale. «C’est là une situation embarrassante et douloureuse. Elle n’appelle cependant pas au désespoir mais à la franchise : de par son sens naturellement patriotique, le peuple libanais serait disposé à s’imposer davantage de sacrifices, s’il savait que ces sacrifices allaient aider à trouver une solution à la crise en assurant gratuitement les soins médicaux et les scolarités, à l’instar des pays dont les citoyens paient près la moitié de leurs rentrées à l’État, sachant qu’ils pourraient jouir, en revanche, de stabilité, dans l’espoir d’un avenir meilleur et confiant pour eux et pour leurs enfants dans leur patrie. «Mais le peuple sait bien que la crise est politique avant qu’elle ne soit économique. Personne n’ignore, non plus, qu’il n’y a pas d’économie saine sans une politique saine. Si le prix des sacrifices va dans les poches de celui-ci ou celui-là, au Liban et en dehors du Liban, ainsi que cela s’est passé, et que les lois vont être violées continuellement par ceux qui se savent protégés, et qu’elles seront observées par certains qui s’acquittent de leur dû à l’État alors que d’autres s’en libèrent sans aucun souci et qu’une hégémonie perpétuelle paralyse la volonté libanaise, comment, dans ce cas, espérer que la situation va se normaliser ? «Cependant, malgré toutes les difficultés, nous espérons que les responsables vont pouvoir les surmonter grâce aux qualités qui sont les leurs dans leur majorité, à savoir : la détermination, l’abnégation, la bonne intention, l’honnêteté et le dévouement à la patrie», conclut le patriarche Sfeir.
Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir brosse un tableau sombre de la vie quotidienne des Libanais qui subissent une grave crise qui est «politique avant d’être économique» : «La liquidité devient rare, (…), le chômage augmente, et les chèques sans provision se multiplient», constate-t-il dans son message pascal. Face à cette situation, «les responsables semblent...