Congrès - Experts libanais et étrangers à l'AUH L'impacte du bogue de l'an 2000 sur le système de santé

Le problème du «bogue de l’an 2000», baptisé A2K, menace tous les systèmes informatiques et risque de perturber non seulement les ordinateurs mais toutes les interactions entre les différents organismes et opérateurs du secteur informatique. Dans le but d’élaborer des plans de prévention, le ministre d’État pour la Réforme administrative, M. Hassen Chalak, a organisé, en collaboration avec le ministre de la Santé, le Dr Karam Karam, un congrès consacré au problème du «bogue de l’an 2000» et à ses répercussions sur les systèmes de soins médicaux au Liban. Le congrès s’est tenu à l’Hôpital américain de Beyrouth. Le Dr Karam a, dans son allocution, énuméré les progrès qu’a connus le secteur chirurgical au Liban, avec l’apport de l’informatique. Il a, par ailleurs, confirmé «l’engagement du ministère à appliquer dans les associations et organisations de soins, les plans mis en œuvre pour faire face au bogue de l’an 2000». Rappelons qu’une loi promulguée en août 1998 par l’ancien ministre de l’Économie, Yassine Jaber, prévoyait des mesures pour remédier à ce problème. M. Chalak a, pour sa part, souligné que son bureau avait déjà arrêté plusieurs mesures : publication et distribution d’un livret de recommandations; élaboration d’un site sur Internet et organisation d’une campagne d’information dans tous les médias. «Dans un premier temps, une somme de 92 000 dollars nous a été octroyée par la Banque mondiale pour couvrir les dépenses des études sur le terrain. Une autre donation de 500 000 US dollars est prévue pour financer les projets de règlement, surtout au niveau du secteur public», a-t-il conclu. Économie d’argent et d’espace En outre, ce bogue de l’an 2000, qui menace les ordinateurs du monde entier, touche tous les logiciels qui usent d’un calendrier et où les dates sont mentionnées. Le Dr David Page a, dans son intervention, évoqué l’expérience de son pays dans ce domaine. Il a fait la genèse du problème et suggéré la mise en place d’effectifs pour le gérer. Selon le Dr Page, le bogue, dont le principe est banal, entraîne des répercussions très graves sur le secteur médical. Ainsi, le bogue est né de la volonté des programmateurs d’économiser de l’argent et de l’espace au niveau de la mémoire. De ce fait, les ordinateurs ont été programmés de manière à représenter les années par leurs deux derniers chiffres (90 pour 1990 et 00 pour 2000). Mais en contrepartie, ce bogue va contraindre les entreprises à dépenser des sommes colossales pour s’en débarrasser. En Australie, a confié le Dr Page, on a estimé avoir besoin de 600 milliards de dollars US pour réparer le gâchis. Ce qui pourrait entraîner 10 % de faillites dans le monde des affaires, soit un impact de 0,3 à 5 % sur le PIB, en plus du chômage et de l’inflation que le problème entraînerait. Côté médical, a-t-il ajouté, la menace pèse sur les systèmes biomédicaux, les systèmes d’information (fiches de patients, comptabilité, stocks) les systèmes du bâtiment en plus du système de service qui se rapporte à l’infrastructure dans les locaux médicaux (électricité, eau, téléphone). À l’issue du congrès, l’hôpital Saint-Georges et celui de l’Université américaine ont rendu publics leurs prévisions ainsi que leurs projets pour régler le problème. L’hôpital Saint-Georges a entrepris l’application du projet de prévention, dès février 1999. La direction de l’établissement estime que tous les systèmes administratifs de rechange seront pleinement appliqués d’ici la fin du mois de juin. L’hôpital Saint-Georges compte dresser un inventaire des systèmes biomédicaux mis en œuvre, sélectionner minutieusement les équipements qui dépassent la date fixée et obtenir en dernier lieu des garanties des fournisseurs de programmes informatiques en modifiant les conditions contractuelles. Quant à l’AUH, en plus des mesures adoptées par l’hôpital Saint-Georges, il s’attaque au problème en s’assurant que tous les praticiens sont au courant de la question A2K. Par ailleurs, les médecins doivent s’initier aux mesures à prendre en cas de défaillance du système informatique.