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Actualités - REPORTAGES

Barreau de Beyrouth - Difficultés financières et effectifs en surnombre Les avocats auront demain un nouveau bâtonnier (photo)

Les avocats au barreau de Beyrouth sont appelés à élire demain, dimanche, le quarantième bâtonnier de l’Ordre. Sept avocats se sont portés candidats à ce poste. Il s’agit de Mes Sonia Attieh, Edmond Naïm, Nohad Jabre, Salim Osta, Élias Bou Eid, Victor Daou et Michel Elian. Organisées tous les deux ans, ces élections revêtent traditionnellement une importance qui dépasse largement le cadre professionnel en raison du rôle joué par le barreau et par le bâtonnier sur les plans politique et national. De fait, l’Ordre des avocats reste aujourd’hui l’un des derniers bastions de la défense des libertés publiques et des droits de l’homme au Liban. Mais, à l’instar des autres organisations syndicales et professionnelles du pays, il est confronté à de sérieux problèmes, notamment au niveau du nombre croissant d’adhérents et des difficultés financières quotidiennes. L’Ordre des avocats de Beyrouth a été créé en 1919 suite à une décision du Haut-Commissaire français qui avait, par la même occasion, désigné les membres du conseil de l’Ordre ainsi que le bâtonnier. À la première réunion du conseil, celui-ci avait présenté sa démission au Haut-Commissaire en réclamant «l’élection» des membres et du bâtonnier. Cet épisode reflète clairement l’esprit qui marque, historiquement, l’action de cette instance. La défense des libertés individuelles et des droits de l’homme a été ainsi le principal souci des trente-neuf bâtonniers qui se sont succédé depuis 1919. Parmi eux, citons notamment les bâtonniers Émile Eddé, Petro Trad et Béchara el-Khoury qui ont accédé par la suite à la magistrature suprême. Le barreau de Beyrouth compte aujourd’hui environ 6 500 membres, dont un tiers de femmes. On dénombre également près de 1 600 avocats stagiaires (les étudiants qui obtiennent leur licence et qui veulent s’inscrire au barreau doivent obligatoirement effectuer un stage d’une durée de trois ans.). Près de 4 400 avocats qui ont réglé leur cotisation – et qui ont donc le droit de voter – participeront aux élections de demain. La durée du mandat du bâtonnier est de deux ans non renouvelables. Le bâtonnier doit attendre deux nouvelles années avant de se porter à nouveau candidat au même poste. La durée du mandat des douze membres du conseil de l’Ordre est de trois ans. Le tiers des membres cède sa place chaque année. Ainsi, lorsque les avocats élisent leur bâtonnier, ils doivent élire en même temps 4 membres du conseil. Il est impératif que l’avocat qui se porte candidat au poste de bâtonnier soit membre du conseil de l’Ordre. Il peut avoir été élu auparavant ou se porter candidat, le jour du scrutin, au poste de membre du conseil, dont les élections sont organisées juste avant celles du bâtonnier. Cette année, tous les candidats au poste de bâtonnier doivent auparavant être élus membres du conseil de l’Ordre à l’exception de M. Nohad Jabre. À part les six avocats susmentionnés, huit autres se sont portés candidats au poste de membres du conseil. Il s’agit des avocats May Khansa, Pierre Hanna, Samir Halabi, André Chidiac, Farès Malek, Roger Abi Aad, Michel Eid et Ziad Hamadé. Des effectifs de plus en plus croissants L’un des principaux problèmes auxquels est confronté l’Ordre des avocats de Beyrouth est celui des effectifs qui ne cessent de croître d’une manière démesurée. Sans compter, évidemment, les difficultés financières dont le poids se fait sentir aujourd’hui plus que jamais. Le barreau organise chaque année, en moyenne, trois examens d’entrée auxquels se présentent environ 200 étudiants ayant obtenu leur licence. Les étudiants qui réussissent cet examen prêtent serment devant le président et les membres de la Cour d’appel de Beyrouth en présence du bâtonnier et du conseil de l’Ordre. Ils doivent ensuite régler une cotisation de 3 millions de livres libanaises pour adhérer à l’Ordre. Les avocats inscrits au barreau versent une cotisation annuelle d’une valeur de 600 000 livres libanaises. Cette somme permet de financer, entre autres, la caisse des retraités, le magazine el-Adl (la Justice) et les frais d’hospitalisation des avocats et de leurs familles. L’Ordre des avocats a instauré une caisse pour les retraités qui perçoivent aujourd’hui 850 000 livres libanaises par mois. Interrogés par L’Orient-Le Jour à ce propos, plusieurs avocats ont relevé le caractère modeste de cette somme. Me Chakib Cortbawi, ancien bâtonnier, explique sur ce plan qu’»une étude avait été faite durant son mandat pour déterminer le montant maximal que pouvait supporter la caisse des retraités». Il est apparu qu’une augmentation du montant de cette allocation grèverait la caisse. «Toutes les caisses de l’Ordre des avocats se portent bien à part celle-ci», ajoute Me Cortbawi. «Mon but était de parvenir à payer 1 000 dollars par mois à chaque retraité, mais c’était impossible. Nous avons alors procédé à une augmentation annuelle qui varie entre cinquante et cent mille livres libanaises», souligne-t-il. Un nouveau siège Autre dossier important sur lequel ont planché les responsables de l’Ordre ces dernières années : la construction d’un nouveau siège. Durant le mandat de Me Cortbawi, l’État avait fait don à l’Ordre du terrain situé au voisinage du siège actuel. L’ancien bâtonnier voulait y édifier un siège indépendant et permanent. Ce n’est que cette année, soit durant la dernière année du mandat de Me Antoine Klimos , que le barreau a obtenu le permis de construire et a adjugé les travaux d’édification. Le bâtonnier Klimos a indiqué sur ce plan à L’Orient-Le Jour que la durée des travaux est de deux ans et que le coût total du projet est de trois millions cinq cent mille dollars. Le nouveau siège de l’Ordre abritera une salle de conférences moderne, entièrement équipée pour assurer la traduction des discours et la projection de films. Un étage sera spécialement aménagé en bibliothèque dotée d’une salle d’informatique. Des salles de réunions, des bureaux pour le bâtonnier, les membres du conseil de l’Ordre et les commissions spéciales sont également prévus, de même qu’une grande salle pour les réceptions ainsi qu’un restaurant. Enfin, trois parkings souterrains seront construits. Le bâtonnier Klimos précise que la totalité du financement sera assurée par l’Ordre. «Les avocats inscrits au barreau paieront chacun 400 dollars, étalés sur quatre ans, le reste sera prélevé des caisses de l’Ordre», indique-t-il, soulignant que «cela permettra de préserver l’indépendance et l’intégrité du barreau».
Les avocats au barreau de Beyrouth sont appelés à élire demain, dimanche, le quarantième bâtonnier de l’Ordre. Sept avocats se sont portés candidats à ce poste. Il s’agit de Mes Sonia Attieh, Edmond Naïm, Nohad Jabre, Salim Osta, Élias Bou Eid, Victor Daou et Michel Elian. Organisées tous les deux ans, ces élections revêtent traditionnellement une importance qui dépasse largement...