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Actualités - ANALYSE

Le gouvernement en quête de solutions

Sans fausse honte, parce qu’il ne sait pas trop quoi faire au Sud et du Sud après le retrait israélien, le gouvernement demande conseil à droite et à gauche. Les concertations englobent des parties étrangères amies aussi bien que des personnalités locales. Désormais le scepticisme n’est plus de mise quant au retrait lui-même, les doutes subsistant par contre en ce qui concerne les intentions ultérieures de Barak. En d’autres termes, on craint à Beyrouth que le Premier ministre israélien n’exploite son départ du Liban comme une carte maîtresse sur le plan diplomatique pour faire éclater le tandem libano-syrien et séparer le volet du Golan de celui du Sud. Des sources diplomatiques croient savoir pour leur part que s’il n’en tenait qu’à lui, Barak ordonnerait tout de suite un retrait «unilatéral», c’est-à-dire sans accord préalable, pour faire pression au maximum sur les Syriens et les pousser à reprendre les pourparlers en renonçant à leurs conditions. Mais le dirigeant travailliste se heurte aux réticences des politiques aussi bien que des militaires de son pays. Les premiers ne veulent pas désobliger les Américains par une initiative aggravant la tension ambiante dans la région. Les deuxièmes, outre des raisons techniques, soulignent qu’un retrait précipité exposerait les colonnes partantes à des attaques de la part des combattants du Hezbollah et serait de même le coup d’envoi d’opérations menées contre les kibboutzim du Nord à partir du territoire libanais ou de tirs de Katioucha sur la Galilée. À Beyrouth, on s’efforce donc aujourd’hui, avec le concours de Damas, d’établir un plan cohérent permettant de neutraliser les visées diplomatiques attribuées à Barak, voire de profiter du retrait pour marquer des points sur le plan des négociations ultérieures. Toujours est-il qu’en attendant la décision de repli israélienne, le Sud garde un statut de détonateur que les autorités locales tentent de mettre en exergue afin d’inciter Washington, particulièrement passif ces jours-ci, à sortir de sa léthargie pour exercer des pressions de retenue sur Israël. Objectif rendu cependant plus difficile par le fait que Beyrouth doit se préoccuper désormais d’un péril qui vient se greffer à celui que représentent les agressions israéliennes. Il s’agit, on l’aura deviné, des velléités d’immixtion sur le terrain manifestées par les intégristes du Jihad islamique palestinien. Cette entrée en lice risque de mettre le Liban dans son tort vis-à-vis du droit international et des Occidentaux. En effet, les Palestiniens ne sont plus, au niveau officiel, en guerre avec l’État hébreu et donner à leurs dissidents un tremplin constituerait sur le plan juridique un appui illégal à un mouvement subversif. Et sur le plan politique, cela équivaudrait à retirer toute reconnaissance à l’Autorité palestinienne, palier qu’aucun pays arabe hostile à Arafat n’a encore franchi. Mais le plus important reste évidemment que le Liban ne pourrait piper mot, ne pourrait trouver aucune protection auprès des Occidentaux si Israël exerçait des représailles sauvages étendues contre lui et détruisait son infrastructure après des opérations menées par les Palestiniens du Jihad islamique. Et le gouvernement ne pourrait alors éviter que les Libanais se retrouvent gravement divisés. Ce qui, d’ailleurs, il faut le dire, risque également d’arriver au cas où, après le retrait, le Hezbollah de son côté poursuivrait ses actions sous prétexte que la résistance ne saurait s’arrêter avant la restitution du Golan à la Syrie. La situation présente donc beaucoup de pièges pour Beyrouth. Qui place toutefois ses espérances dans une timide reprise d’activité diplomatique américaine : la dame qui dirige sous Albright la section Moyen-Orient au département d’État, Sharon Weiner, se trouve actuellement comme on sait en mission exploratoire dans la région. Elle a ainsi, après l’ambassadeur Satterfield, visité le Sud avant de gagner Le Caire hier. Elle doit réunir incessamment, à Charm el-Cheikh, les ambassadeurs US dans la région.
Sans fausse honte, parce qu’il ne sait pas trop quoi faire au Sud et du Sud après le retrait israélien, le gouvernement demande conseil à droite et à gauche. Les concertations englobent des parties étrangères amies aussi bien que des personnalités locales. Désormais le scepticisme n’est plus de mise quant au retrait lui-même, les doutes subsistant par contre en ce qui concerne les...