Tribune L'an qui vient

Il est des années – de longues, d’interminables années – qui ne laissent pas de traces, et d’autres qui surgissent éternellement dans l’histoire, qui sont comme «les piliers de l’histoire», années autour desquelles les événements s’alignent et s’ordonnent en lentes théories. Années de découvertes, années de guerres, de défaites ou de victoires, de révolutions : elles contiennent le commencement ou la fin d’un ordre, d’un ordre moral ou politique, social ou religieux. Et rien dans le passé ni le présent ne s’expliquerait sans elles. Mais combien d’entre nous pensent que c’est dans les périodes vides où rien n’arrive, dans ce temps en apparence perdu – et dans le silence – que tout germe et mûrit, que tout se prépare et se fait ? *** Nous avons fractionné le temps pour le mieux supporter. Misère des troupeaux humains. Prestige des mots et de conventions. Pour un changement de calendrier, que de curiosités angoissées, que d’espoirs, mais aussi que de déceptions à l’heure du bilan et du règlement des comptes ! Dans l’An qui vient, nous ne trouverons que ce que nous apportons : nos dispositions intérieures, notre courage ou nos fléchissements. Cela seul compte en définitive. Que chacun, s’il veut connaître ce que lui réserve l’avenir, fasse un examen de conscience au lieu de scruter les astres.