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Actualités - CHRONOLOGIE

Droits de l'homme - Une nouvelle médiation allemande porte ses fruits Accueil officiel et populaire pour les cinq responsables du Hezbollah libérés par Israël (photos)

Les milieux officiels et le Hezbollah ont réservé hier matin un accueil triomphal et émouvant à cinq responsables et combattants du parti intégriste libérés dimanche en fin de journée par Israël grâce à une médiation de l’Allemagne. Les cinq membres du Hezbollah sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi à l’aéroport de Beyrouth, à bord d’un avion de la Lufthansa, après avoir transité par Francfort. Il s’agit de Ahmed Obeid, Kamal Mohammed Rizk, Hachem Fahs, Hussein Tleiss et Ahmed Srour, détenus en Israël, suivant le cas, entre 10 et 13 ans. L’opération a été supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge. Ahmed Obeid et Hachem Fahs avaient été enlevés en juillet 1989 au Liban-Sud par un commando israélien en même temps que leur chef, cheikh Abdel Karim Obeid, alors responsable du Hezbollah au Sud et qui est toujours en détention. Plusieurs personnalités et de nombreux responsables et partisans du Hezbollah ont accueilli les cinq militants à l’AIB. Étaient notamment présents le directeur général de la Sûreté générale, le général Jamil el-Sayyed, représentant le président Émile Lahoud, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, les députés Mohammed Raad, Ammar Moussaoui, Ibrahim Amine el-Sayyed, les anciens députés Ali Ammar et Mohammed Berjaoui, le colonel Haïdar Safa, représentant le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleiman, ainsi qu’une délégation du mouvement Amal. Les cinq membres du Hezbollah libérés sont descendus de l’avion drapeau libanais en main et se sont rendus au salon d’honneur de l’AIB où le général el-Sayyed a prononcé une courte allocution de circonstance dans laquelle il a réaffirmé l’appui de l’État à la résistance anti-israélienne jusqu’à la fin de l’occupation du Sud. Après avoir transmis les salutations du chef de l’État aux cinq militants, le général el-Sayyed a souligné que le président Lahoud a bon espoir que les autres prisonniers détenus en Israël seront libérés dans un proche avenir, «d’autant que la résistance joue un rôle noble sur le plan national». Le nombre de Libanais qui restent détenus en Israël est de 33, auxquels viennent s’ajouter près de 170 personnes détenues à la prison de Khiam. S’adressant aux visiteurs qu’il a reçus dans la matinée d’hier au palais de Baabda, le chef de l’État avait «félicité les prisonniers qui ont recouvré leur liberté en regagnant leur patrie». Le président Lahoud a affirmé à ce propos que «le problème des prisonniers dans les geôles israéliennes constitue l’une des priorités de l’État». De son côté, le Premier ministre Selim Hoss a souligné que la libération des cinq membres du Hezbollah représente «une victoire pour la résistance». M. Hoss a rendu hommage aux efforts déployés par le gouvernement allemand dans cette affaire. La médiation allemande C’est grâce à une médiation de l’Allemagne, qui avait déjà arrangé en 1996 un échange de prisonniers et de dépouilles entre Israël et le Hezbollah, que la libération des cinq intégristes a été rendue possible. Une délégation allemande était revenue secrètement il y a deux semaines à Beyrouth où elle avait rencontré des dirigeants du Hezbollah, ainsi que des responsables libanais. Selon une source libanaise, «les Israéliens auront en échange un geste de la part du Hezbollah concernant le sort de l’aviateur israélien, Ron Arad, fait prisonnier en 1986 par des formations chiites et qu’Israël croit toujours vivant». C’est la deuxième fois que l’Allemagne est impliquée dans des échanges entre Israël et le Hezbollah. Le 16 juillet 1996, Tel-Aviv avait alors libéré 45 détenus libanais et rendu 123 dépouilles, et le parti chiite avait livré les restes de deux soldats israéliens. Bernd Schmidbauer, ministre d’État à la chancellerie dans le gouvernement du chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl, chargé de la coordination des services secrets allemands, qui cherchait à obtenir la libération de Ron Arad, avait supervisé en personne l’échange. L’annonce de la libération des cinq partisans du Hezbollah intervient peu avant la reprise le 3 janvier aux États-Unis des négociations syro-israéliennes, relancées à la mi-décembre après un blocage de près de quatre ans, notent les observateurs. Et ce n’est pas le premier geste d’Israël envers le Hezbollah. Déjà la semaine dernière, l’armée israélienne a décrété un cessez-le-feu de 72 heures pour permettre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de retirer les restes de cinq combattants du Hezbollah tués en août dernier et en 1997 à la limite de la zone de sécurité. Ce cessez-le-feu provisoire avait été mis au point par le groupe de surveillance issu des arrangements d’avril 1996 (Liban, Syrie, Israël, France, États-Unis) pour permettre de récupérer les corps de combattants du parti chiite. La dernière libération de détenus libanais en Israël remonte au 26 juin 1998. Israël avait alors libéré 60 Libanais, dont 50 étaient incarcérés dans la prison de Khiam et 10 dans une prison israélienne, et rendu les corps d’une quarantaine de combattants anti-israéliens. L’accord d’échange avait été négocié par le biais du CICR et avec le concours discret de la France. Cet échange était intervenu après le retour en Israël de la dépouille d’un des 12 militaires israéliens tués en septembre 1997 lors d’une opération de commando ratée au Liban sud. Nouvelles règles du jeu La libération des cinq militants intégristes a été interprétée par certains observateurs en Israël comme un début de «changement des règles du jeu au Liban entre Israël et le Hezbollah». Mais à Beyrouth, un haut responsable du parti intégriste a affirmé que la libération intervenue hier s’inscrit simplement dans le cadre des échanges de prisonniers qui sont intervenus par le passé et qui pourraient intervenir également dans le futur. «Cela ne signifie nullement que nous avons fait une quelconque concession sur le plan politique ou au niveau des opérations de résistance», a souligné le responsable en question. Il reste que les observateurs à Jérusalem affirment que la relance des négociations entre Israël et la Syrie semble avoir d’ores et déjà modifié les rapports entre l’État hébreu et le Hezbollah. Malgré les pressions internationales, l’État hébreu avait jusqu’à présent refusé de relâcher les Libanais enlevés et détenus en Israël pour servir de monnaie d’échange en vue de récupérer ou d’obtenir des informations sur Ron Arad, le navigateur israélien fait prisonnier par des chiites en 1986 au Liban. La libération des cinq militants du Hezbollah constitue ainsi un «geste» de l’État hébreu en direction du parti intégriste. Mais le ministre israélien de la Justice Yossi Beilin a indiqué qu’Israël refuse toujours de relâcher les deux plus importants islamistes libanais détenus, cheikh Abdel Karim Obeïd, et Mustapha Dirani, un autre responsable intégriste libanais, lui aussi enlevé en 1994 par un commando israélien. Un commentateur de la télévision publique israélienne Yéhud Yaari estime dans ce cadre que le Hezbollah était en train de préparer «sa métamorphose pour tenir compte d’un éventuel accord entre Israël et la Syrie ainsi que le Liban et devenir un parti politique et non plus une milice armée».
Les milieux officiels et le Hezbollah ont réservé hier matin un accueil triomphal et émouvant à cinq responsables et combattants du parti intégriste libérés dimanche en fin de journée par Israël grâce à une médiation de l’Allemagne. Les cinq membres du Hezbollah sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi à l’aéroport de Beyrouth, à bord d’un avion de la...