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Actualités - ANALYSE

Pourparlers - Les surenchères commencent Beyrouth craint une escalade israélienne d'envergure

Se basant sur une expérience jamais démentie depuis la création de l’État hébreu, des diplomates libanais expriment la crainte que, pour renforcer leur position négociatoire, les Israéliens ne procèdent à une escalade d’envergure sur le terrain, au Sud comme dans la Békaa-Ouest. Ils en ont donné du reste un avant-goût amer en matraquant avec des bombes à fragmentation l’école publique d’Arabsalim où vingt enfants ont été blessés. L’armée israélienne a présenté, comme tant de fois auparavant, ses excuses pour cette soi-disant «erreur involontaire». Mais elle a précisé qu’elle voulait frapper, avec ces bombes à billes dont les conventions internationales interdisent l’usage, le Hezbollah. Confirmant ainsi son intention d’attaquer crescendo cette formation, dans le but de faire pression sur les Syriens pour qu’ils obligent la Résistance libanaise à mettre l’arme au pied tout de suite. La Syrie a d’ailleurs répondu à Israël, par des indications officieuses filtrées en direction des médias, qu’elle songerait à calmer le jeu du côté du front libanais une fois que les négociations auraient débouché sur un accord et pas avant. Le bras de fer entre la volonté de ces deux puissances régionales s’engage donc à travers la carte libanaise, au double sens géographique et diplomatique de ce terme. Le tout est de savoir dans quelle mesure la menace d’un nouveau blocage du processus risque d’être brandie par l’un ou l’autre de ces adversaires coriaces. Inversement, il s’agit de déterminer qui des deux veut vraiment la paix. L’attachement syrien à ce concept est reconnu, et même souligné à gros traits, par Washington dont les rapports avec Damas sont pourtant loin d’être idylliques. Par contre, la position d’Ehud Barak est plus discutable. Certes, il passe pour le fils spirituel de Rabin. Certes, il a bénéficié d’un fort soutien américain pour accéder au pouvoir et il veut sans doute renvoyer l’ascenseur à Clinton. Mais il a une conception de la paix qui reste hégémonique. Et il se trouve confronté à une forte opposition intérieure qui sévit au sein même de la coalition gouvernementale qu’il a mise en place. Ainsi, en ce qui concerne le Liban, des sources informées croient savoir que Barak aurait soulevé la question du Hezbollah devant el-Chareh, qui doit en principe en informer demain dimanche les autorités libanaises. Ces sources ajoutent que le gouvernement israélien refuse d’engager des négociations avec la partie libanaise tant que la Résistance poursuit ses actions au Sud. Une position que soutiennent tous les partis israéliens et qui est donc posée comme condition préliminaire pour la reprise des pourparlers avec le Liban. La Résistance pour sa part, et singulièrement le Hezbollah, ne cesse de répéter qu’elle n’est pas concernée par les négociations et qu’elle n’a nulle intention d’observer une trêve quelconque tant que perdure l’occupation israélienne. Il reste que le circuit diplomatique étant maintenant réactivé, il est probable que les puissances engagées dans les tractations tenteront de s’entendre sur une solution raisonnable. Il pourrait s’agir d’un cessez-le-feu de facto, d’une suspension d’armes non proclamée, ce qui permettrait au Hezbollah de ne pas perdre la face. Ou encore il pourrait y avoir un compromis aux termes duquel la trêve ne commencerait qu’au moment où un accord aurait été conclu sur un calendrier-programme des retraits, du Golan comme du Sud. Toujours est-il que le problème va être étudié à travers des concertations accélérées entre la Syrie, la Résistance et le Liban officiel. Il semble en effet que les premiers échanges syro-israéliens étant plutôt positifs, Beyrouth peut être invité à entrer dans la danse dès la semaine prochaine, pour peu qu’un arrangement ait été trouvé sur cette histoire de trêve. Le délai dépendra donc de ce que M. el-Chareh dira demain aux dirigeants libanais. Le programme des négociations n’est pas encore divulgué. Mais les diplomates libanais soulignent que le contenu même a changé pendant l’interruption de quarante-six mois imposée par Netanyahu. En effet, au Maryland en 1996, le Liban négociait uniquement les mécanismes d’application de la 425. La Syrie pour sa part négociait l’étendue et la durée du retrait israélien du Golan en base de la 242. Dans l’intervalle, Damas et Beyrouth ont décidé de jumeler leurs volets respectifs. Ce qui est une façon de renoncer à la 425. En contrepartie, le Liban se donne la possibilité de négocier des questions importantes pour lui, comme la présence des réfugiés palestiniens ou le partage des eaux, et qui ne sont pas liées au retrait israélien. Cela, répétons-le, si la question de la guerre entre la Résistance et l’occupant est réglée. À ce propos, le ministre israélien des Affaires étrangères, M. David Lévy, lance un avertissement : «Nous entrons dans des négociations, ce qui implique une logique de cessation des actes qui menacent la paix». Il affirme, en réponse à une question, que son gouvernement aurait bien voulu entamer tout de suite les pourparlers avec le Liban mais qu’il a dû «prendre en compte le souhait des Syriens qui craignent que nous ne fassions réussir les négociations sur le volet libanais en entravant le volet syrien».
Se basant sur une expérience jamais démentie depuis la création de l’État hébreu, des diplomates libanais expriment la crainte que, pour renforcer leur position négociatoire, les Israéliens ne procèdent à une escalade d’envergure sur le terrain, au Sud comme dans la Békaa-Ouest. Ils en ont donné du reste un avant-goût amer en matraquant avec des bombes à fragmentation l’école...