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Actualités - ANALYSE

De l'eau dans le gaz entre Berry et Hariri

Le rattachement de Bécharré la maronite au Akkar-Dennyé sunnite n’est pas la seule curiosité de la formule dite des 13 ou des 14 circonscriptions. Au Sud, on veut de même expédier Jezzine à mille lieues de son environnement immédiat, l’est de Saïda, pour raccorder cette région grecque-catholique au district chiite de Nabatyeh. Dans les deux cas, on veut engloutir un électorat redouté dans une masse de neutralisation. Et dans les deux cas, les pôles concernés se mobilisent pour faire avorter le projet prêté au pouvoir. Selon un ancien ministre, M. Nabih Berry avait déjà tenté par le passé de rattacher Jezzine à Nabatyeh mais le président Élias Hraoui avait alors fait échec à de telles visées. Aujourd’hui, les Jezziniotes s’étonnent de l’étrange logique qui veut les dissocier de leur milieu naturel. Et l’un de leurs représentants, le député Nadim Salem est en train d’élaborer des propositions remettant les choses à leur place. Il convient de noter que dans cette affaire, la cause de Jezzine est également défendue par le président Rafic Hariri. Selon ses proches, ce dernier estime qu’en voulant capter la riante cité et ses environs, le président Nabih Berry cherche autant à marginaliser son allié électoral, dont l’influence sudiste s’articule sur Saïda, qu’à augmenter son propre capital. Les haririens ajoutent que sur un plan confessionnel, M. Berry tente d’affaiblir à la fois les sunnites et les grecs-catholiques au profit de sa communauté. En tout cas, la riposte ne s’est pas faite attendre : M. Hariri suggère que l’on supprime tout bonnement le mohafazat de Nabatyeh (qui n’a jamais existé du reste que sur le papier), ce qui permettrait d’atténuer le déplorable effet de discrimination que produit l’exception prévue pour le Sud qui doit en plus englober Nabatyeh. Le raisonnement des haririens se résume dès lors ainsi : «Déjà il est dur de faire passer la pilule de la non-division ; si en plus on doit fusionner deux mohafazats, alors que les autres sont disloqués, tout le pays va crier à l’injustice». C’est peut-être trop dire car le Libanais sait depuis longtemps à quoi s’en tenir… Toujours est-il que la suppression de «son» mohafazat de Nabatyeh n’est pas une suggestion que le président Berry peut trouver agréable. Il y a dès lors des chances, estiment les haririens, pour qu’il renonce à l’idée de se saisir de Jezzine, moyennant quoi on ne toucherait pas au statut virtuel de mohafazat accordé à la région de Nabatyeh. En tout cas, les rapports politiques entre les présidents Berry et Hariri risquent d’être affectés par ces incidences. Pour le moment, leurs proches affirment en chœur que tout reste normal. Mais dans les coulisses, certains amis communs s’entremettent activement pour dissiper entre eux tout malentendu et remettre en selle leur alliance électorale. Sur un autre plan, au stade actuel des préliminaires, le mouvement Amal que dirige M. Nabih Berry annonce son intention d’éviter des frictions avec le Hezbollah et de conclure des accords électoraux avec ce parti aussi bien à Beyrouth, dans sa banlieue sud, que dans la Békaa et au Sud. Les haririens indiquent pour leur part qu’ils attendent de voir ce que ces concertations Amal-Hezbollah vont donner en pratique pour fixer leur position. Cependant, certains conseillent à l’ancien chef de gouvernement de ne pas faire équipe cette fois avec M. Berry et de se trouver d’autres partenaires, comme M. Kamel el-Assaad. Car, font-ils valoir, une entente Amal-Hezbollah signifierait selon toute probabilité que M. Bassem el- Sabeh, le haririen de la banlieue, perdrait son siège au profit de l’alliance des deux formations chiites. Sans compter, ajoutent les mêmes sources, qu’il est très possible qu’à Beyrouth, Amal et le Hezbollah, s’ils se liguent, soutiennent M. Sélim Hoss ou M. Tammam Salam. Il est cependant encore trop tôt pour tirer des conclusions, sauf que le jeu des tractations bat son plein.
Le rattachement de Bécharré la maronite au Akkar-Dennyé sunnite n’est pas la seule curiosité de la formule dite des 13 ou des 14 circonscriptions. Au Sud, on veut de même expédier Jezzine à mille lieues de son environnement immédiat, l’est de Saïda, pour raccorder cette région grecque-catholique au district chiite de Nabatyeh. Dans les deux cas, on veut engloutir un électorat...