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Actualités - CHRONOLOGIE

Censure - Des menaces auraient été adressées à un membre de sa famille R.Chahal-Sabbag se dit victime d'une campagne intégriste

La cinéaste franco-libanaise Randa Chahal-Sabbag a dénoncé hier à Paris la «campagne intégriste» déclenchée à son encontre au Liban et les menaces lancées, selon elle, contre sa famille depuis que la censure a exigé la suppression de 47 minutes de son film Civilisés. Cette fiction, présentée à la dernière Mostra de Venise, traite de la guerre civile et fait revivre quelques semaines de l’année 1980 dans le Beyrouth dévasté et déchiré qu’elle a connu et filmé pendant treize ans à travers des portraits et des anecdotes. «Malheureusement, a déclaré la réalisatrice à l’AFP, la censure libanaise, volontairement ou pas, a réveillé les intégristes musulmans. Les prêches se sont succédé dans les mosquées sunnites, me nommant» et «des menaces ont été reçues directement par un membre de la famille qui vit au Liban». «Il existe dans le monde arabe trois sujets tabous : le pouvoir, le sexe et la religion. La censure libanaise prend ces trois interdits à la lettre», selon elle. «Au Liban, il est interdit de montrer un tireur embusqué tirer contre un religieux… Il est également interdit d’évoquer le sexe car le milicien n’a jamais une pensée sexuelle, normale ou perverse, envers une femme… il est interdit de parler de prises d’otages occidentaux même si elle réserve une fin heureuse aux victimes», ajoute la cinéaste. La Sûreté générale libanaise a imposé une coupe de 47 minutes avant la projection du film sur le circuit commercial et son interdiction aux moins de 18 ans. Elle avait autorisé sa projection presque intégrale, sauf une séquence où l’on parle de sperme, lors du Festival international du cinéma de Beyrouth. «En réponse à mes protestations, la Sûreté générale demande aux journaux libanais, dans un fait sans précédent, de publier l’intégralité des passages qu’elle interdit». «La publication “forcée” dans les journaux libanais de cette liste entraîne une polémique violente autour du film. Les articles se sont succédé pour condamner celle qui a trahi la religion, l’obscène, la pornographe, l’indécente», a déclaré la réalisatrice. Les intellectuels avaient commencé à réagir et ils avaient réussi à obtenir «une trêve». «Nous avions accepté de retirer toutes les copies du film, de ne plus le montrer dans cet état, afin de le remixer», précise Randa Chahal-Sabbag. À la suite des menaces reçues, elle a décidé de rompre le mur du silence pour montrer qu’«on ne les craint pas et qu’ils ne réussiront pas à nous faire taire». Civilisés avait déjà été retiré du programme des Rencontres cinématographiques de Paris, en octobre, par souci de calmer les esprits. La chaîne de télévision Arte, qui a coproduit le film avec Daniel Toscan du Plantier, déclarait alors qu’il «ne comporte, selon nous, aucune scène ou image de caractère obscène visant à heurter, délibérément ou non, les sensibilités religieuses ou nationales au Liban».
La cinéaste franco-libanaise Randa Chahal-Sabbag a dénoncé hier à Paris la «campagne intégriste» déclenchée à son encontre au Liban et les menaces lancées, selon elle, contre sa famille depuis que la censure a exigé la suppression de 47 minutes de son film Civilisés. Cette fiction, présentée à la dernière Mostra de Venise, traite de la guerre civile et fait revivre...