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Actualités - CHRONOLOGIE

Les bombardements à la une de la presse internationale

Les frappes de l’Otan en Yougoslavie ont occupé jeudi la une de la presse internationale, et les journaux s’interrogeaient avec inquiétude sur la dimension imprévisible de cette opération et les risques d’élargissement du conflit. Voici les réactions de la presse française, italienne, suisse, espagnole, portugaise et du Golfe : PARIS - Pour Le Figaro (conservateur), «il serait étonnant que le fracas des armes apaise les passions nationalistes dans les deux camps, au Kosovo et dans l’ensemble de la région. Car le risque d’un embrasement général des Balkans est aujourd’hui bien réel. Milosevic pourrait être tenté de jouer la carte du pire. L’Otan paie aujourd’hui ses erreurs du passé. L’Alliance a trop longtemps menacé Belgrade sans jamais agir. Elle a un besoin urgent de restaurer sa crédibilité. Mais, pour cela, il faudrait que Milosevic veuille bien jouer le rôle qu’elle lui assigne». De son côté, Libération (gauche) estime que «la légitimité des frappes d’aujourd’hui ne repose pas sur de telles bases». «L’Otan, alliance défensive dont les États-Unis veulent fêter en fanfare le cinquantième anniversaire, n’est pas l’Onu, et la Fédération yougoslave ne menaçait aucun État. Cette première manifestation d’un droit d’ingérence guerrier sent le piège, l’évaluation hasardeuse et l’engrenage mal maîtrisé», affirme le quotidien. Enfin, pour L’Humanité (communiste) : «L’entrée en guerre de l’Otan est contraire au droit international que les Occidentaux prétendent défendre (...). Contrairement à ses propres règles, l’Otan intervient de son propre chef et, pour la première fois, en dehors de la zone sous sa responsabilité. On en revient ainsi aux pratiques les plus brutales de la guerre dite “préventive”, condamnée par l’opinion mondiale pour les destructions immenses que cette doctrine obsolète a entraînées au cours du siècle». ROME - «Le spectre du passé», «le cauchemar de la mémoire», «le sang de l’Europe» : les titres et les éditoriaux de la presse italienne évoquent le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale et s’inquiètent d’un élargissement possible du conflit avec la Serbie. La Repubblica (centre gauche) évoque «le spectre du passé». «La crise peut s’élargir et finir par être incontrôlable», souligne le journal. Pour le quotidien populaire Il Messagero, «la responsabilité du conflit est entièrement celle de l’homme fort de la Serbie», Slobodan Milosevic. L’Unita (gauche) et Il Tempo (droite) évoquent la réaction «très dure» de la Russie et «le risque de conflit européen». Il Manifesto (gauche indépendante) symbolise sa réprobation des frappes de l’Otan par un rectangle noir occupant entièrement sa une et accompagné seulement du titre «Le sang de l’Europe». «On ne sait pas, ou quand et comment cela finira», avertit l’éditorialiste. GENÈVE - L’intervention de l’Otan «ne doit pas manquer sa cible», écrit jeudi le quotidien Tribune de Genève qui estime que «accepter plus longtemps la présence de chars au Kosovo, c’est laisser fructifier au cœur des Balkans les germes dévastateurs de la haine ethnique». «On peut trouver ce déchaînement de puissance détestable, mais on ne peut contester une certaine logique à l’intervention, ni même une forte légitimité». MADRID - La presse espagnole met l’accent sur les risques «inconnus» de l’attaque de l’Otan menée contre un pays souverain, sans le feu vert des Nations unies. «L’Otan dispose d’une légitimité morale», écrit le journal de gauche El Pais. «Mais cette première offensive contre un pays souverain manque de la légitimité légale que lui aurait apporté un soutien des Nations unies». Pour ABC (conservateur), «il y a un certain risque d’internationalisation, et la réaction de la Russie, qui menace de déployer des armes tactiques en Biélorussie, aux portes de l’Alliance, est très préoccupante». El Mundo (proche du gouvernement) regrette aussi que la décision de l’Otan n’ait pas une «base légale suffisante». «Tôt ou tard, il sera nécessaire que l’Onu participe à une solution durable pour qu’elle soit légitime», assure-t-il. «L’Otan a pris une décision discutable», écrit le quotidien libéral Diario 16 tout en rappelant que Saddam Hussein est resté au pouvoir en Irak malgré la guerre du Golfe. LISBONNE - Tous les journaux portugais s’interrogent sur la portée et les risques de l’opération de l’Otan. «L’Otan croit que Milosevic pliera devant la force (...) une stratégie bien trop linéaire», écrit le Diario de Noticias. «On se demande si nous ne sommes pas, une fois de plus, en train d’ouvrir une boîte de Pandore semblable à d’autres qui ont fait soufrir dans le passé les peuples d’Europe». Pour Le Publico, l’Alliance «attaque sans l’autorisation de l’Onu un pays souverain qui n’a attaqué personne et s’est engagée dans une opération militaire qui est la plus dangereuse de son existence». ATHÈNES - La presse grecque a affirmé son hostilité aux frappes, s’inquiétant d’une déstabilisation de la région et d’une dérive hégémonique des États-Unis sur fond de passivité européenne. Le quotidien To Vima (pro-gouvernemental) souligne que le «danger d’un embrasement général des Balkans n’a pas suffi à empêcher l’usage de la violence» et s’inquiète de l’inconnue qui pèse sur l’après-frappes, avec le risque que l’opération alliée ne prenne des «dimensions imprévisibles». DUBAÏ - Le gouvernement yougoslave est responsable des frappes menées par l’Otan, écrivent jeudi des journaux des monarchies du Golfe. «Le président yougoslave (Slobodan Milosevic) a acculé l’Otan à l’option militaire», affirme le quotidien séoudien al-Jazira. Aux Émirats arabes unis, le quotidien al-Bayane se demande si «l’Otan est disposée à poursuivre ses frappes pour obliger les Serbes à reculer», malgré «l’opposition de la Russie et de la Chine».
Les frappes de l’Otan en Yougoslavie ont occupé jeudi la une de la presse internationale, et les journaux s’interrogeaient avec inquiétude sur la dimension imprévisible de cette opération et les risques d’élargissement du conflit. Voici les réactions de la presse française, italienne, suisse, espagnole, portugaise et du Golfe : PARIS - Pour Le Figaro (conservateur), «il serait...