Une invasion, s'insurge Pékin

La Chine a vivement dénoncé jeudi les frappes aériennes de l’Otan contre la Yougoslavie, qu’elle a présentées comme une «invasion» d’un pays souverain. «L’Otan a décidé d’attaquer un pays souverain sans autorisation de l’Onu, c’est un événement sans précédent en même temps qu’une invasion pure et simple» écrit jeudi le Quotidien du Peuple, l’organe du parti communiste chinois. «La Yougoslavie n’a menacé la sécurité d’aucun pays membre ou partenaire de l’Otan, l’Otan n’avait donc pas le droit de l’attaquer» poursuit le journal dans un commentaire publié en première page. Les dirigeants chinois ont réagi avec une rapidité exceptionnelle pour condamner l’intervention de l’Otan, qu’il s’agisse du président Jiang Zemin en visite à Milan ou du ministre des Affaires étrangères Tang Jiaxuan, en visite à Oslo. Tous deux ont jugé l’intervention de l’Otan «inacceptable» et réclamé un arrêt immédiat des raids aériens lancés mercredi soir contre la Yougoslavie. M. Tang a également mis en garde l’Otan contre les «conséquences sérieuses» de ces opérations. Dans un communiqué diffusé à Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères a pour sa part désigné les États-Unis comme étant le principal instigateur des raids : «Le 25 mars, l’Otan et en tête les USA, ont lancé des raids aériens contre la Yougoslavie qui ont provoqué des destructions et des pertes en vies humaines» note le communiqué, tout en réaffirmant que le problème du Kosovo constitue une «affaire intérieure» yougoslave. «La Chine, ajoute le communiqué, s’oppose à toute ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays sous quel que prétexte ou de quelle que manière que ce soit ainsi qu’à toute action décidée sans autorisation du Conseil de sécurité de l’Onu». «L’ingérence militaire de l’Otan est totalement injustifiée, la Yougoslavie n’est ni un membre, ni un partenaire de l’Otan» a souligné pour sa part le Quotidien du Peuple. Mais, a ajouté le journal, plutôt que de régler le problème, «le recours à la force militaire risque d’encourager le séparatisme au Kosovo et de mettre le feu aux pays voisins». Dès les premières heures de la matinée, la télévision chinoise centrale avait modifié ses programmes pour rendre compte de l’évolution de la «guerre en Yougoslavie», tandis que plusieurs journaux nationaux publiaient des flashs à la une pour annoncer le début de l’opération.