Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Société - Un rapport présenté à l'Onu fait le point de la situation Protection de l'enfance : des progrès, mais beaucoup reste à faire

En l’absence d’une politique générale pour l’amélioration de la situation des enfants au Liban, certains progrès ont été observés en la matière mais beaucoup reste à faire. Les législations sont modifiées à pas lents, et c’est au niveau de l’application que le bât blesse. Si l’âge du travail est passé de 8 ans à 13 ans par exemple, il est douteux que les patrons sans conscience suivent la consigne à la lettre. Les inégalités entre les régions restent importantes mais les enfants jouissent en principe d’une protection sociale et légale. À la veille d’un nouveau millénaire et à l’occasion de la Journée de l’enfant, aujourd’hui, il serait bon de dresser un bilan sur ce sujet. En 1998, le ministère des Affaires sociales et le Conseil supérieur de l’enfance ont publié un rapport sur la situation de l’enfant au Liban, à la lumière de l’application de la Charte des droits de l’enfant. Le rapport couvre une période allant de 1993 à 1998. Il a été envoyé au siège des Nations unies à Genève. Le rapport constate de prime abord que la société libanaise est une société jeune, 35,6 % de ses habitants ayant moins de 18 ans. Le texte fait état d’une situation économique difficile : 42,3 % des enfants peuvent être considérés comme vivant en deçà des conditions de vie acceptables, 42,1 % ont un niveau de vie moyen et 15,6 % ont un niveau de vie élevé. Quant à la situation de l’enfant en matière de statut personnel, elle est presque impossible à déterminer en raison de la multiplicité des lois confessionnelles. Selon le rapport, il est difficile de parler de critère unique en ce qui concerne les droits des enfants, mais il y a toujours des constantes et des traditions qui constituent une sorte de consensus dans la société. But : scolarisation jusqu’à 15 ans Par ailleurs, le rapport précise qu’il n’existe pas actuellement au Liban une stratégie claire visant à améliorer les conditions de l’enfant. Le budget réservé par l’État pour la résolution des questions sociales pourrait être un bon indicateur de l’intérêt qu’il porte à de tels domaines. Mais il est impossible de déterminer exactement la part du budget utilisée pour les cas sociaux. Les seuls chiffres qu’on trouve dans le rapport sont ceux-là : 11,6 % du budget de 1998 pour trois ministères s’occupant des affaires de l’enfant, et une moyenne de 17,2 % pour la période allant de 1992 à 1997. Le droit à l’éducation est considéré par la Charte des droits de l’enfant comme une des conditions majeures d’une vie digne. Au Liban, des progrès ont été réalisés au niveau de la scolarisation obligatoire, de sa gratuité, de sa généralisation, de l’égalité des chances et de la qualité d’enseignement. Le décret 686 adopté en 1998 a rendu la scolarisation obligatoire jusqu’à 12 ans. Cette limite devrait être haussée à 15 ans bientôt. La gratuité n’est cependant pas assurée au Liban. Les écoles gouvernementales ne peuvent contenir que 30 % des élèves et le montant de la scolarité s’y élève quand même à une moyenne de 421 000 LL. Le taux de scolarisation est relativement élevé au Liban, malgré de nombreuses défections entre le complémentaire et le secondaire : 97,4 % pour le primaire, 87,7 % pour le complémentaire et 57,7 % pour le secondaire. Quant à l’égalité des chances, elle est assurée entre les garçons et les filles, ces dernières étant même plus nombreuses sur les bancs d’étude. Mais le grand déséquilibre reste entre les régions : alors que le niveau d’analphabétisme national est de 13,6 %, il atteint son point culminant au Akkar avec 30,5 %. Meilleures conditions de travail ? Quant aux droits de l’enfant à la culture, aux loisirs et aux jeux, ils sont considérés comme secondaires, notamment dans le cas où il faut assurer les besoins «nécessaires». La télévision reste la source de loisir la plus importante. Par contre, le niveau des soins médicaux s’est nettement amélioré au cours des dernières années. Les programmes de lutte contre la poliomyélite, le tétanos et la coqueluche ont donné d’excellents résultats. La mortalité infantile est de 28 pour mille pour les moins d’un an, et de 32 pour mille pour les moins de cinq ans. Mais là aussi, le déséquilibre entre les régions est très net. Environ 3 % des enfants souffrent de malnutrition. Par ailleurs, aucune législation spéciale n’est prévue pour les enfants handicapés. L’une des plus grandes réalisations juridiques de ces dernières années est l’élévation de l’âge du travail de 8 à 13 ans passés. L’âge maximum pour profiter des conditions spéciales du travail assurées pour les enfants est passé de 16 à 18 ans. Alors que des doutes subsistent sur le degré d’application de cette loi, il existe au sein même du texte certaines lacunes à combler : assurer une protection juridique aux enfants travaillant comme employés de maison, modifier la loi sur les salaires minimum accordés aux moins de vingt ans. Les enfants actifs entre 10 et 18 ans forment 8,3 % de la totalité des tout jeunes et 4,6 % de la population active. Malgré le caractère conservateur de la famille, les agressions sexuelles contre les enfants (très souvent par des proches) existent. Il y a eu, en 1994 seulement, 6 000 cas déclarés. Les estimations poussent à croire que le nombre de cas d’agressions est supérieur aux cas déclarés. En ce qui concerne la drogue, une nouvelle loi a été adoptée en 1998, qui prend en compte le côté pédagogique, et qui prévoit des mesures plus sévères envers les adultes qui poussent des mineurs à vendre ou consommer des stupéfiants. L’alcool et le tabac ne sont pas des produits interdits. Ils sont disponibles sur le marché à des prix raisonnables, ce qui pousse, selon le rapport, les jeunes à en consommer. De plus, il n’y a pas au Liban de restrictions sur les publicités de ces produits. Sans compter que l’éducation sanitaire est quasi inexistante et que les activités pour jeunes sont rares.
En l’absence d’une politique générale pour l’amélioration de la situation des enfants au Liban, certains progrès ont été observés en la matière mais beaucoup reste à faire. Les législations sont modifiées à pas lents, et c’est au niveau de l’application que le bât blesse. Si l’âge du travail est passé de 8 ans à 13 ans par exemple, il est douteux que les...