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Actualités - REPORTAGES

Sécheresse - Le niveau des cours d'eau a baissé de moitié Les libanais auront soif cet été (photo)

Le rationnement de l’eau risque d’être très sévère en été et en automne en raison du manque de pluie et de neige cet hiver. Des précipitations au printemps, quelle que soit leur importance, ne permettront pas de combler le déficit pluviométrique : 394,4 mm. cette année, contre 703,8 mm. l’an dernier pour la période correspondante. La pénurie prévue ne sera pas due seulement au manque de pluie. La croissance démographique et les besoins grandissants de la population entraînent une nette augmentation de la consommation et rendent inévitable de trouver une solution radicale et durable au problème d’eau. «L’impact du manque de pluie sera déterminant sur tous les cours d’eau libanais et toutes les nappes phréatiques qui sont formées par les précipitations sur la chaîne de montagnes ouest du Liban», souligne Hassan Jaafar, ingénieur hydraulique et responsable du département de l’environnement au ministère des Ressources hydrauliques et électriques. «Pour approvisionner la population au-delà du printemps, nous comptons, en général, surtout sur la fonte des neiges», précise-t-il. «Celles-ci sont supposées tenir quatre à cinq mois sur les hautes cimes. Or, cette année, même le Mont Sannine ou la région des Cèdres ne sont pas couverts de neige». Il n’y aura donc pas assez d’eau cet été ? «Bien sûr que non», répond M. Jaafar. «La prénurie sera ressentie dans les mêmes proportions aussi bien pour l’eau destinée à l’irrigation que pour celle destinée à la consommation». Six à huit heures par jour La seule solution, selon lui, c’est le rationnement. «Il est impossible de déterminer dès maintenant l’ampleur de la pénurie et le régime de distribution quotidien», explique-t-il. «L’année dernière nous avions assuré l’eau douze heures par jour; selon mes estimations, cette année, cette proportion tombera à huit heures ou même six heures par jour. On ne peut en aucun cas prévoir ce qui va se passer, mais ces prévisions me paraissent réalistes». Y aura-t-il des régions plus touchées que d’autres ? «Les régions intérieures qui dépendent beaucoup des eaux souterraines pour l’irrigation, répond M. Jaafar, seront très touchées comme le Hermel, la Békaa et le littoral du Akkar. Ces régions sont agricoles et ont de grands besoins en eau à part l’eau destinée à la consommation domestique. Certaines cultures ont besoin d’être irriguées chaque semaine ou chaque quelques jours comme la tomate ou les concombres. Or le début des cours d’eau sera nettemnt inférieur à celui des années précédentes et les réserves des nappes phréatiques seront réduites de moitié». Selon M. Jaafar, d’autres problèmes naîtront aussi de cette pénurie : le taux de pollution dans les cours d’eau augmentera parce que les substances polluantes seront diluées dans un volume moindre et la salinité caractéristique de l’eau de certaines régions (comme Jbeil, Batroun, Khaldeh) rendra le précieux liquide inutilisable. Sans compter que les lacs de retenue, comme ceux de Nahr el-Bared (Akkar), et de Karaoun (Békaa) n’ont pas la moitié de leur niveau d’eau habituel. Et s’il pleut encore ? «Je ne crois pas qu’il pleuvra assez à partir de maintenant», dit M. Jaafar. «Il faudra vraiment un miracle de la nature, des averses incessantes pendant un mois ou quelque chose comme cela. Mais la météo ne prévoit rien de si extraordinaire». Solutions durables Interrogé sur le seuil de précipitations à partir duquel il n’y a plus de problème d’approvisionnement en été, il répond : «Même si la quantité totale annuelle de pluie atteint 800 ou 1000 mm, il y aura toujours une pénurie dans la conjoncture actuelle. Voilà pourquoi, au ministère, nous avons des plans pour des solutions durables. Le projet dont l’exécution va bientôt commencer est celui qui permettra d’acheminer l’eau du fleuve Awali (Liban-Sud) jusqu’à la capitale». Rappelons que les sources qui alimentent Beyrouth sont actuellement celles de Jiita, Nahr el-Kalb (Kesrouan), des puits de Dbayé (Metn) et de Damour (Chouf). Ces cours d’eau ou nappes phréatiques dépendent beaucoup de l’importance des précipitations. «Avant la guerre, nous n’avions pas de problèmes d’eau parce qu’il y avait un partage démographique déterminé pris en compte par l’État dans la distribution», explique M. Jaafar. «Après toutes ces années, il y a eu des bouleversements anarchiques et improvisés. Certaines régions avec des canalisations réduites se sont trouvées bondées de monde, ont connu un boom démographique sans être à l’origine desservies. Il est impossible à quiconque aujourd’hui d’avoir un plan très clair à suivre ou de déterminer les quantités exactes dont chaque localité a besoin. Nous sommes actuellement en train d’effectuer des études sur la répartition démographique qui nous aideront à suivre une ligne précise». Qui aurait cru que le Liban, convoité pour son eau dans une région aride, souffrirait de pénurie ? Le problème s’aggravera-t-il ou sera-t-il réglé par des projets qui empêcheront la plus grande partie de l’eau (même quand il pleut) de se perdre dans la mer ?
Le rationnement de l’eau risque d’être très sévère en été et en automne en raison du manque de pluie et de neige cet hiver. Des précipitations au printemps, quelle que soit leur importance, ne permettront pas de combler le déficit pluviométrique : 394,4 mm. cette année, contre 703,8 mm. l’an dernier pour la période correspondante. La pénurie prévue ne sera pas due seulement au...