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Actualités - CHRONOLOGIE

Les libanais de la zone occupée entre espoir et angoisse

La population du Liban-Sud vit entre espoir et angoisse au rythme des promesses électorales en Israël qui leur laissent entrevoir une lueur après 21 ans d’occupation de leurs terres, écrit Nayla Razzouk de l’AFP. Les yeux de Fatima se remplissent de larmes quand elle pense aux quelques années qu’elle a dû passer au sein de l’«administration civile» mise en place par les Israéliens, faisant d’elle un «traître à la patrie». En pleine campagne pour les élections du 17 mai, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son rival travailliste Ehud Barak ont tour à tour pris position en faveur d’une sortie de l’armée israélienne du «bourbier libanais». «Il nous tarde de retrouver les membres de notre famille qui ont dû quitter la zone avec un aller simple, mais en même temps nous craignons que les autorités ou la résistance nous tombent dessus», dit Fatima, âgée d’une trentaine d’années. Beaucoup pourtant demeurent sceptiques sur l’imminence d’un retrait, même si les pertes récentes de l’État hébreu ont ravivé le débat en Israël. «Les Israéliens disent depuis des années qu’ils veulent se retirer. Pourquoi devrions-nous les croire cette fois ?» s’interroge Mona Saïd, une pharmacienne chiite. «La défaite d’Israël face à la résistance est évidente, mais ce ne sont peut-être que des gesticulations électorales avant le scrutin du 17 mai», ajoute-t-elle. La population de la zone occupée ne cesse de fondre au fil des ans : 90 000 personnes aujourd’hui, deux fois plus il y a cinq ans. Il y a le danger, mais aussi le chômage élevé qui contraint 3 000 habitants à franchir chaque jour la frontière pour travailler dans le nord d’Israël. «Quoi que nous fassions, de quelque côté que nous nous tournions, c’est soit la détresse, soit la culpabilité», affirme un instituteur. «Nous sommes écartelés entre les autorités libanaises, les forces israéliennes, les miliciens de l’Armée du Liban-Sud (ALS), les groupes de la résistance et tout un réseau d’informateurs et d’agents de renseignements prêts à se vendre au plus offrant», explique-t-il. Le Hezbollah fait pression pour l’adoption d’une loi qui gracierait tout «collaborateur» qui se repentirait dans un délai de trois mois. «Si le Parlement l’adopte, plus de 80 % des miliciens de l’ALS fuiront aussitôt l’enclave et se rendront aux autorités libanaises», affirme un officier de l’ALS sous couvert d’anonymat. «Nous n’avons plus de cause à défendre, nous ne sommes plus guère que des boucliers humains, pris pour cible par nos compatriotes de la résistance. Nous sommes poursuivis par la justice libanaise et nous avons une peur bleue des Israéliens», ajoute-t-il. Un cafetier chrétien s’inquiète : «Au bout du compte, (le général Antoine) Lahd et ses bras droits obtiendront l’asile dans un pays étranger ou se rendront en Israël, où de nombreux officiers de l’ALS ont déjà des maisons. Mais nous?»
La population du Liban-Sud vit entre espoir et angoisse au rythme des promesses électorales en Israël qui leur laissent entrevoir une lueur après 21 ans d’occupation de leurs terres, écrit Nayla Razzouk de l’AFP. Les yeux de Fatima se remplissent de larmes quand elle pense aux quelques années qu’elle a dû passer au sein de l’«administration civile» mise en place par les...