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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Un navire turc a chaviré près de la côte de Selaata Six mille tonnes d'acide sulfurique risquent d'être déversées en mer

Un navire transportant 6 000 tonnes d’acide sulfurique a heurté un rocher et a chaviré devant le port de Batroun (Liban-Nord), au niveau de Selhata. Le navire turc Simge venait d’embarquer samedi matin (ou devait débarquer, les informations ne sont pas précises) les tonnes d’acide de l’usine de produits chimiques Lebanese Chemical Company (LCC). L’accident est probablement dû à une fausse manœuvre du capitaine, mais on ne dispose pas jusqu’à présent de plus amples détails. Le bureau de Greenpeace au Liban a alerté la presse hier. Selon Ghassan Geara, porte-parole de Greenpeace, qui a tenu une conférence de presse à Batroun, «nous ne savons pas encore s’il y a eu des fuites d’acide dans la mer». Il a ajouté : «Si l’acide se répand dans l’eau, nous ferons face à une catastrophe écologique majeure, autant pour les éventuels baigneurs que pour les poissons et leurs futurs consommateurs. Des tentatives de déchargement ont déjà été entreprises, mais se sont soldées par un échec. Les bateaux venus au secours du navire n’étaient pas équipés pour une telle mission». Selon l’AFP, les responsables de l’usine ont demandé l’aide des autorités du port de Beyrouth, qui ont dépêché un bâtiment pour participer au déchargement. Mais hier, en fin d’après-midi, aucun bâtiment de taille ne se trouvait près du navire à la dérive. M. Geara a déclaré : «Nous avons tenté d’entrer en contact avec les responsables de l’usine, mais nous n’avons pas obtenu de réponse. Nous demandons plus de transparence de leur part et de la part des autorités libanaises, afin d’avoir une idée exacte de la gravité de la situation». Poursuivant son exposé, il a dit : «Nous ne savons pas combien de temps ce navire pourra encore tenir comme cela en mer, sans couler. Il y a un recel total d’informations concernant cette affaire». Déchets chimiques dans la mer À l’approche du navire, une odeur insupportable vous prend à la gorge. Elle ne provient pas seulement du bâtiment, mais des déchets industriels chimiques (acide sulfurique et phosphate) jetés sans aucun traitement dans la mer, par des bouches d’égouts bien visibles proches de l’usine. «Cette odeur parvient très souvent jusqu’à nos demeures et nous sommes obligés de fermer tout et de rester à l’intérieur», raconte un habitant de Selaata. «Mes enfants ont régulièrement des allergies», poursuit-il. En respirant l’air vicié de cette région pourtant très belle et ouverte sur la mer, on n’a pas de difficulté à comprendre pourquoi. Le navire, lui, est clairement penché sur le côté. «Le moindre changement climatique le ferait basculer complètement, alors qu’une tempête est prévue pour la semaine prochaine», a précisé M. Geara. Des deux côtés du navire portant l’inscription «dangereux» et le drapeau turc, de l’eau est déversée dans la mer, probablement pour le maintenir en équilibre, vu que l’eau de mer s’est introduite dans la coque déchirée par les rochers. Il n’est pas sûr que l’eau contienne de l’acide, mais la mer autour du navire est maculée par le mazout, lâché en raison de la collision. «Nous ne savons même pas s’il a une double coque», a fait remarquer M. Geara. Pollution ancienne Par ailleurs, les responsables de LCC, ainsi que les ministres du Transport et de l’Environnement, MM. Nagib Mikati et Arthur Nazarian, étaient injoignables. Certes, un navire chargé d’acide, à la dérive et non loin de la côte, est toujours une menace des plus sérieuses. Mais les souffrances des habitants de Selaata en raison de la pollution croissante ne datent pas d’hier. «Des camions transportant du phosphate passent régulièrement devant nos maisons, raconte un habitant. Ils laissent derrière eux une poussière blanche qui cause des allergies et rend l’air irrespirable. Nous avons demandé plusieurs fois à l’usine de nettoyer la route après le passage des camions, sans résultat. Nous nous sommes également adressés aux autorités, mais n’avons pas reçu de réponse». Si l’acide transporté par le navire turc finit dans la mer, c’est une catastrophe écologique, dont les conséquences s’étendront sur une longue période, qu’il faudra envisager. Mais au-delà de ce qui est apparemment une fâcheuse erreur du capitaine, plusieurs questions sont soulevées : pourquoi aucun dispositif n’est-il prévu pour faire face à de telles situations ? La présence d’une station côtière n’est-elle pas indispensable, surtout dans un pays où de telles substances dangereuses sont transportées par mer ? Pourquoi ce manque de transparence dans une affaire qui concerne de si près les citoyens et la santé publique ?
Un navire transportant 6 000 tonnes d’acide sulfurique a heurté un rocher et a chaviré devant le port de Batroun (Liban-Nord), au niveau de Selhata. Le navire turc Simge venait d’embarquer samedi matin (ou devait débarquer, les informations ne sont pas précises) les tonnes d’acide de l’usine de produits chimiques Lebanese Chemical Company (LCC). L’accident est probablement dû à...