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Actualités - ANALYSE

Les projets ont la vie courte Un plan oublié, le document de réforme de la troïka

On s’en souvient vaguement : le pouvoir précédent, un jour de grande réconciliation entre ses piliers, avait sorti un «document de réforme» globale en dix sept points. Toute une série de dispositions ou d’orientations visant à assainir aussi bien les finances publiques que l’Administration ou à relancer la croissance économique. Un plan dont rien, strictement rien, n’a été appliqué. Et dont le nouveau pouvoir ignore superbement l’existence, prenant même des mesures qui en annulent beaucoup de points. Ce qui est un peu choquant, dans la mesure où ce «document de réforme» avait été élaboré à l’époque sous la pression directe des critiques adressées à la troïka d’alors par l’opposition qui détient à présent le pouvoir. Pour mémoire, le président Nabih Berry, qui assure au sein du changement l’élément de continuité, chantait haut et fort à l’époque les avantages de cet «excellent programme». Il soulignait cependant, à juste titre, que tout était dans l’exécution. Et, effectivement, elle n’a jamais eu lieu. Pour raison de flemme et de mauvaise planification, ce qui est un comble pour un plan. En effet, pour passer à l’acte, il aurait fallu, d’une part, procéder par décret et d’autre part, par lois votées à la Chambre. Chacun des deux pouvoirs, l’exécutif et le législatif, a attendu que l’autre prenne l’initiative. Toujours est-il que les anciens loyalistes, devenus opposants par le jeu de la roue qui tourne, trouvent que leurs remplaçants devraient faire le travail qu’eux-mêmes n’avaient pas accompli. Ils recommandent dès lors qu’on officialise la fusion des ministères, de nouveau groupés en pratique à travers la répartition des portefeuilles dans l’actuelle équipe de 16. Dans le même sens, les haririens demandent qu’on appareille ensemble les offices autonomes, les divers conseils ou caisses. Le gouvernement Hoss admet ce principe, mais s’est contenté jusqu’à présent de regrouper les offices des eaux et certains conseils. Mais il ne veut pas regrouper les services sécuritaires comme la Sûreté générale, la Sûreté d’État et les Forces de sécurité intérieure. Des conseils oubliés Du côté de l’Administration, le ministère de la Réforme a fait approuver par le dernier Conseil des ministres une restructuration du Conseil de la fonction publique (CFP) visant à dynamiser son rôle en tant qu’organisme de contrôle. Dans ce cadre, un projet de modernisation de l’Institut national de l’administration et du développement a également été établi. Les spécialistes planchent parallèlement sur une refonte du code même des fonctionnaires et sur la mise en place d’un département provisoire qui aurait pour mission de redistribuer le personnel administratif pour réguler les excédents ou les déficits des différents services publics. Quand il était président du CFP, le ministre de la Réforme, M. Hassan Chalak, avait proposé qu’on réaffecte ailleurs le surplus de fonctionnaires dont disposent les téléphones, la santé, l’éducation, l’office des transports et la municipalité de Beyrouth. Il avait de même demandé la suppression pure et simple de cinq mille postes vacants, l’abolition de la location coûteuse de bâtiments et la réorientation des subventions octroyées aux associations ou aux écoles. Il suggérait également, dans l’intérêt du Trésor, la création d’une caisse autonome de retraite dont les fonds seraient placés. Des conseils dont le nouveau gouvernement ne tient pas beaucoup compte. On note même qu’il ne semble pas en mesure de faire respecter ses propres résolutions. Ainsi, il a proclamé l’arrêt de tout recrutement et la mise en place d’un plan pour la réduction des effectifs parasitaires dans les diverses administrations de l’État. Or, même un peu plus limité, le recrutement de fonctionnaires se poursuit bel et bien, comme le prouvent les décisions que ratifie dans ce sens le Conseil des ministres. Sur un autre plan, et à l’étonnement général, le nouveau pouvoir n’a pas pris à son compte la résolution du «document de la réforme» de la troïka prévoyant la suppression des indemnités pour les anciens présidents ou députés. Au contraire, il a même augmenté ces indemnités, à la lumière de l’augmentation des honoraires des ministres et des députés en exercice. Dans le même sens, les indemnités des conseillers des ministres, que la troïka voulait gommer, ont été gardées par le nouveau gouvernement, qui a attribué à cet effet un crédit mensuel de six millions de LL à chaque ministre. Bien évidemment, on n’a pas voulu non plus faire des économies, comme le voulait la troïka, en supprimant l’effet de l’arrêté numéro 4 sur les années de service des militaires dans le décompte de leurs pensions de retraite ou de leurs indemnités de mise en congé. Mieux : on n’a pas supprimé non plus, toujours comme le proposait la troïka, les indemnités de déplacement pour les gardes du corps qui accompagnent leurs patrons officiels dans leurs voyages. Et bien d’autres résolutions similaires, visant à faire des économies, ont été ignorées du nouveau pouvoir. Alors quand il parle de compression budgétaire, certains se posent des questions…
On s’en souvient vaguement : le pouvoir précédent, un jour de grande réconciliation entre ses piliers, avait sorti un «document de réforme» globale en dix sept points. Toute une série de dispositions ou d’orientations visant à assainir aussi bien les finances publiques que l’Administration ou à relancer la croissance économique. Un plan dont rien, strictement rien,...