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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Religion - Le premier congrès des patriarches et évêques catholiques orientaux a achevé ses travaux Un tournant dans l'histoire des Eglises d'Orient(photo)

Le premier congrès des patriarches et évêques catholiques d’Orient s’est achevé hier par la publication d’un communiqué final qui passe en revue les principales étapes de la réflexion qui l’a marqué. Ceux qui «veulent du concret» resteront sur leur faim. Rien de bien spectaculaire n’a émané du congrès. À y regarder de plus près, cependant, il en va autrement. Le congrès a permis à des hommes et des femmes qui ne s’étaient jamais vus de passer dix jours ensemble. Les patriarches orientaux, il est vrai, se réunissent entre eux, tous les deux ans, depuis 1991. Mais c’est la première fois qu’ils se sont retrouvés en compagnie de tous leurs évêques. C’est, en soi, une prouesse auquel le congrès est redevable en particulier au secrétariat du Conseil des patriarches catholiques d’Orient (CPCO), ainsi qu’à des donateurs, qui ont couvert le coût de cette opération, qui se situe entre 150 000 et 200 000 dollars. Par ailleurs, l’accord sur la création de structures communes auquel est parvenu le congrès ne peut laisser indifférent. Il est possible que les résultats ne soient pas perceptibles rapidement. Il n’en reste pas moins que cette décision est essentielle pour l’avenir. Certes, des structures peuvent demeurer vides, à cause de mentalités réfractaires à la coopération et, en définitive, à l’amour. Mais à moyen et long termes, quelque chose d’essentiel s’est produit dont les fruits apparaîtront plus tard. De même, les vœux pieux, les commissions, les appels peuvent rejoindre, sur les étagères, toute une littérature similaire publiée depuis Vatican II. Ou prendre corps sous l’impulsion d’hommes et de femmes prêts à se sacrifier pour sanctifier l’Église. Les défis Le communiqué publié hier commence par signaler les défis lancés aux Églises orientales catholiques. Le premier de ces défis, c’est celui que lance le matérialisme ambiant et l’humanisme séculier, fermé à toute transcendance. Le second, c’est celui de la tentation de l’isolement et du repli sur un patrimoine si riche que l’effort mis à le défendre pourrait épuiser l’énergie des Églises et les empêcher de s’ouvrir à d’autres communions. Le troisième défi vient des circonstances politiques et économiques où se trouvent les Églises catholiques d’Orient, des difficultés qui proviennent d’un processus de paix bloqué, de pratiques non démocratiques, du non-respect des droits religieux des minorités. C’est là une des sources de l’hémorragie humaine qui vide certains pays de leurs chrétiens. À part le Liban, où ils forment environ 40 % de la population, les chrétiens des autres pays d’Orient ne forment, en moyenne, que 3 à 4 % de la population. La responsabilité des musulmans, dans cet état de fait, a été relevée. «Une grande responsabilité incombe aux musulmans qui forment la majorité. Ils doivent rassurer les chrétiens en les considérant partie intégrante de la communauté nationale, égaux en droits et en obligations», dit en particulier le communiqué. À ces défis, il existe plusieurs réponses, dont l’effet conjugué peut avoir son effet. La conscience d’une vocation ecclésiale, la solidarité entre les Églises, la prise de conscience, par les candidats à l’émigration, que l’attrait du bien-être économique n’est plus ce qu’il était, et que plusieurs pays d’accueil connaissent eux-mêmes des crises économiques. L’action à l’échelle nationale, le dialogue religieux et l’action en faveur du respect des droits de l’homme doivent changer l’environnement social et humain où évoluent les chrétiens d’Orient. Les difficultés économiques Les pauvres ont eu droit, pour leur part, à une attention spéciale : «Du fait de la guerre, des exodes et d’une situation économique toujours plus difficile, votre nombre a grandi, souligne le communiqué, ainsi que vos difficultés individuelles et collectives (…) C’est pourquoi nous invitons les institutions pédagogiques, hospitalières et sociales de l’Église à accorder toujours plus d’importance au service des pauvres, des malheureux et des déplacés». Un appel aux chrétiens fortunés a été lancé afin qu’ils investissent dans des projets de développement créateurs d’emplois. De même, les chrétiens on été appelés à se montrer plus généreux dans les paroisses. Le communiqué final énumère ensuite les causes urgentes qui méritent attention. La cause de Jérusalem vient en premier, suivie de la cause palestinienne. Le Soudan, le Golan, l’Irak et le Liban n’ont pas été oubliés non plus. «Nous demandons et appelons à la libération de son sol occupé afin de lui permettre de récupérer sa liberté, sa souveraineté et sa pleine indépendance». Mention spéciale a été faite des personnes tombées à Jezzine, victimes d’un attentat à la bombe durant la tenue du congrès ( un homme, membre présumé de l’Armée du Liban-Sud, son épouse, deux autres femmes et sa fillette qui se trouvaient dans un véhicule). Les congressistes ont été sensibles à un phénomène dont Jean-Paul II a été l’un des premiers a parler : la nécessité d’une nouvelle évangélisation. Non pas de l’évangélisation de ceux qui n’auraient jamais entendu parler de l’Évangile, mais d’abord des baptisés. L’ignorance, l’esprit du monde ont envahi l’Église à tel point qu’à cette tâche, d’autres, moins urgentes, doivent être subordonnées. Dans cette nouvelle évangélisation, le rôle des mouvements ecclésiaux de laïcs a été remarquablement souligné. La mission proprement dite n’a pas été oubliée. Mais en pays d’islam, en Israël ce mot doit être utilisé avec une extrême prudence. Il ne s’agit ni d’évangéliser les musulmans, ni encore moins des juifs, mais de desservir des paroisses et même des régions entières, comme la Turquie, l’Afrique du Nord où, en raison des circonstances, les prêtres ont disparu ou sont en nombre très réduit. Pour finir, le communiqué appelle les Églises à préparer la célébration du Grand Jubilé de l’an 2000, qui s’étalera sur une année entière, par une conversion du cœur sincère et une purification de la mémoire de l’Église. Le communiqué souligne qu’il existe une volonté de le faire. Cette mémoire couvre des siècles de relations avec les Églises orthodoxes, comme avec l’islam. Mais le courage de regarder le passé en face, et de demander ou de recevoir le pardon, demeure encore insuffisant. L’opinion devra se contenter du souhait manifesté par les membres du congrès de fêter Pâques avec les Églises orthodoxes.
Le premier congrès des patriarches et évêques catholiques d’Orient s’est achevé hier par la publication d’un communiqué final qui passe en revue les principales étapes de la réflexion qui l’a marqué. Ceux qui «veulent du concret» resteront sur leur faim. Rien de bien spectaculaire n’a émané du congrès. À y regarder de plus près, cependant, il en va autrement. Le congrès...