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Actualités - ANALYSE

Situation paradoxale après l'avènement de Barak Risques accrus d'une escalade sur le terrain

La victoire des travaillistes en Israël remet sérieusement en selle le processus de paix dans la région. Les Américains foncent, comme on dit. Et jouent les pompiers sur tous les fronts, pour empêcher que la violence ne compromette la reprise des négociations interrompues sous les trois ans du règne Likoud. On indique ainsi à Beyrouth que par ses moyens propres, ou en utilisant les services de leurs alliés occidentaux comme de parties arabes influentes, Washington est parvenu à calmer le jeu, qui devenait très dangereux, au Liban-Sud. Une accalmie s’y est en effet déclarée après une semaine de heurts sanglants couronnée par un matraquage aux katiouchas de la Galilée. Mais cet apaisement «peut fort bien n’être que tout à fait éphémère», dit un responsable libanais. Pour qui «il est évident que dans la situation prénégociatoire dans laquelle se trouve la région après l’éviction de l’empêcheur de tourner en rond Netanyahu, chacun voudra marquer des points pour renforcer ses positions. D’où un risque accentué d’affrontements, au Sud comme en Cisjordanie». Cette personnalité, tentée apparemment par les spéculations machiavéliques qu’on dévide ordinairement dans ce genre d’analyse, se demande «si, en définitive, tout le monde n’est pas tacitement d’accord pour un round préliminaire de convulsions sur le terrain. Barak, le militaire, pourrait vouloir “casser du terroriste” pour montrer à son opinion que le muscle n’est pas l’apanage de la droite. Et pour faire pression sur le Liban comme sur la Syrie. Le Hezbollah, soutenu par Damas comme par Téhéran, pourrait de son côté vouloir compléter la démonstration que le retrait potentiel des Israéliens est bien le fruit de ses actions sur le terrain, et en même temps accélérer ce départ de l’occupant. Les Américains de leur côté pourraient estimer qu’une éruption cutanée permettrait un traitement à chaud justifiant qu’ensuite on mette les bouchées doubles, pour en finir en une vingtaine de mois…». Un diplomate occidental qui convient de la menace d’une forte dégradation au Sud s’en montre très inquiet. «Quand les armes se mettent à parler, dit-il, on sait comment cela commence, on ne sait pas comment cela peut finir. La situation peut devenir incontrôlable, s’il y a beaucoup de victimes. Les Israéliens veulent se retirer certes, ils sont tous d’accord sur ce point. Mais confrontés à de lourdes pertes, ils pourraient être tentés de pratiquer la politique de la terre brûlée, de ne partir qu’en laissant des cendres derrière eux. Ou ils pourraient encore, parce que beaucoup de leurs hauts gradés le réclament, prendre une revanche spectaculaire. Comme la guérilla est insaisissable, que l’assassinat de ses cadres ne provoque pas de choc médiatique sur le plan mondial, les Israéliens pourraient se retourner contre les forces syriennes au Liban. Et alors, tout pourrait arriver, une nouvelle guerre régionale cassant net le processus de paix. La menace est sérieuse car en Israël aujourd’hui ce n’est pas l’autorité politique qui décide, mais l’armée. En effet, il y a une période de transition de quarante jours entre Netanyahu et Barak pendant laquelle ni l’un ni l’autre ne peut aller plus loin qu’émettre un avis ou un souhait». «On dira que l’État hébreu ne plaisante pas avec la discipline, que l’armée n’y est pas son propre maître. Certes, mais le bref passage à la Défense de Moshé Arens a suffi, car il a donné carte blanche aux militaires pour les ripostes qui leur semblent appropriées, accords d’avril ou pas. Ils peuvent dès lors s’armer de ce feu vert préalable pour décider eux-mêmes d’une opération d’envergure, sans tenir compte de l’autorité politique ni des lignes rouges américaines». Un scénario-catastrophe qui a cependant ses limites. Car si une position israélienne peut faire parler ses canons sans en référer quand elle est attaquée ou menacée, comme cela s’était passé à Cana en 1996 avec le résultat effroyable que l’on connaît, par contre un plan concerté ne peut pas être appliqué par une armée sans ordre de l’autorité politique. Et dans ce cadre, transition ou pas, il y a toujours un gouvernement en place avec tous les pouvoirs nécessaires. Il reste que, dans la foulée des engagements immédiatement pris par Barak lors de son élection, le Sud commence à se préparer pour un retrait israélien qui aurait lieu d’ici un an. Et dans ce cadre, les députés et notables de Jezzine se sont rendus auprès du chef de l’État pour lui remettre un mémoire sur les perspectives dans leur région.
La victoire des travaillistes en Israël remet sérieusement en selle le processus de paix dans la région. Les Américains foncent, comme on dit. Et jouent les pompiers sur tous les fronts, pour empêcher que la violence ne compromette la reprise des négociations interrompues sous les trois ans du règne Likoud. On indique ainsi à Beyrouth que par ses moyens propres, ou en utilisant les...