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Actualités - INTERVIEWS

Université - Changement d'équipe à Kaslik Mouannès à l'Orient-Le Jour : l'Usek a une vocation francophone et méditerranéenne(photos)

Après l’élection d’un nouveau supérieur général de l’Ordre libanais maronite, à la fin de l’année dernière, un nouveau recteur de l’Université Saint-Esprit de Kaslik a été nommé : le père Youssef Mouannès, plus connu dans le domaine des médias que dans l’enseignement universitaire, malgré quarante ans passés à l’Université libanaise et à l’Usek. Trois mois après sa nomination à la tête de l’université, et après avoir pris du recul durant cette période, le père Mouannès a accordé à L’Orient-le Jour une interview dans laquelle il expose sa vision et ses projets pour le développement de l’Usek. Commentant le niveau universitaire dans le Liban d’après-guerre, le recteur de l’Usek relève, d’entrée de jeu, que «les universités accueillent la clientèle qui vient des écoles». «Il est évident que les années de guerre ont porté un grave préjudice au niveau de formation dans les écoles, souligne le père Mouannès. Mais elles ont été aussi une sorte de catharsis pour donner plus de pureté, de courage et d’espérance à beaucoup de jeunes qui veulent retrouver le niveau perdu et la culture qu’ils n’ont pu acquérir pendant la guerre. Pour moi, les raisons d’espérance sont énormes». Concernant le rapport entre les études universitaires et le monde du travail, le recteur de l’Usek souligne que le marché est saturé dans beaucoup de domaines, d’autant que l’on a assisté à une «floraison de facultés dont le niveau académique et scientifique ne correspond pas aux exigences du marché». «La majeure partie de notre enseignement est restée théorique», reconnaît le père Mouannès. Sauver le pluralisme Pour ce qui a trait à l’identité de l’Usek, souvent accusée d’extrémisme par le député Walid Joumblatt, le père Mouannès affirme que l’Usek a «une identité monastique, en ce sens que les valeurs de sobriété, de simplicité, de pureté et de sainteté régissent l’université». Et d’ajouter : «L’Usek est une université catholique, dans le sens universel du respect des consciences des autres et de leur droit à la différence. C’est une université francophone, mais ouverte aux autres langues. La francophonie telle que nous la concevons porte en elle des valeurs culturelles et spirituelles et ne représente pas simplement une langue de communication. Notre université est ouverte aussi au monde arabe, ainsi qu’aux communautés musulmanes et chrétiennes du monde arabe.» Le père Mouannès insiste aussi sur l’identité méditerranéenne et libanaise de l’Usek, tout en soulignant que «le Liban est pour nous une terre et un message». «L’Usek est une université de dialogue, mais elle s’abstient de faire des concessions sur un nombre de valeurs, ce qui lui a valu, ainsi qu’à moi-même des accusations fallacieuses, souligne le recteur de l’Usek qui précise sur ce plan : «Oui, le Liban a droit à jouir de sa dignité, de son indépendance, et de l’intégrité de son territoire, sans concessions et sans négociations. Oui, nous n’avons pas cédé sur les droits des Libanais, sur leur liberté de conscience, leur dignité, ni sur le respect de nos frontières et de nos valeurs démocratiques et libérales. De fait, nous ne voulons pas détruire le pluralisme ni le patrimoine culturel de ce pays, ni plier l’échine devant les intérêts et le mercantilisme politique. C’est peut-être pour cela que l’on nous qualifie d’extrémistes.» Interrogé sur le rôle politique de l’université, le père Mouannès nie tout rôle politique de l’Usek. Il précise toutefois à ce sujet : «Notre rôle se situe au niveau de la connaissance et de la culture. Dans ce cadre, nous nous conformons aux messages du pape Jean-Paul II, et plus particulièrement à l’«Exhortation apostolique», ainsi qu’aux appels du patriarche Sfeir, qui est pour nous le successeur de nos grands patriarches. Ils ont tenu bon dans la défense des les valeurs de la nation. Nous nous conformons aussi au message de notre supérieur général, l’abbé Athanase Jalkh, qui nous recommande de nous consacrer à la science et à la spiritualité. La politique, non, le politique, oui.» L’aide aux plus démunis Répondant à une question sur les changements intervenus durant les trois premiers mois de son mandat, le recteur de l’Usek explique que son premier souci a été de permettre «aux étudiants de condition modeste de continuer leurs études universitaires sans s’inquiéter de leur scolarité. Nous nous sommes intéressés aux plus pauvres parmi eux afin de les aider. D’ailleurs, Kaslik est une université où la scolarité est réellement accessible aux plus démunis afin de permettre à beaucoup de jeunes de condition modeste d’assurer leur avenir dans la dignité». En ce qui concerne les projets d’avenir, le père Mouannès affirme vouloir «garder l’Usek là où elle se trouve». «Il faut développer l’université où elle est, dit-il. C’est pour cette raison que nous avons acquis des terrains autour du campus actuel afin de permettre l’expansion de l’Usek, car Kaslik est une terre sacrée et un symbole national qui parle au cœur de beaucoup de Libanais. D’où le fait que Kaslik est intouchable. Nous envisageons de créer des branches au nord du Liban, à la Békaa et au sud pour que les étudiants qui ne peuvent pas se déplacer puissent bénéficier d’un enseignement francophone de qualité. Nous souhaitons aider les familles à ne pas payer le logement, la scolarité et le déplacement de leurs enfants».
Après l’élection d’un nouveau supérieur général de l’Ordre libanais maronite, à la fin de l’année dernière, un nouveau recteur de l’Université Saint-Esprit de Kaslik a été nommé : le père Youssef Mouannès, plus connu dans le domaine des médias que dans l’enseignement universitaire, malgré quarante ans passés à l’Université libanaise et à l’Usek....