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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - De l'eau dans le gaz Le communiqué de Hoss n'atteint pas tous ses objectifs

On s’en doutait : la bombe Hoss, qu’on ne voudrait pas qualifier de pétard mouillé car le président mérite certainement plus de respect, ne produit pas plus d’effet qu’une bulle de savon. Irisée, chatoyante, aérienne, mais dont le délai de grâce est très éphémère. Ainsi on ne parle plus beaucoup du communiqué mélodramatique de dimanche dernier. Et tous ceux, ou presque, qui avaient paru faire amende honorable après les semonces du pédagogue, tous les loyalistes égarés qui lui ont dit qu’il avait bien fait de les tancer, recommencent en coulisses à déchirer le gouvernement à belles dents. Au point qu’on se demande si, par son initiative, M. Hoss, au lieu d’obtenir un sursis durable, n’a pas contribué à accélérer l’éventuel départ de son équipe. Car, avant son intervention, même l’opposition n’envisageait pas, dans ses critiques, de renverser le gouvernement. Et c’est seulement depuis lundi que la possibilité est sérieusement envisagée. Car, dans la théâtralité de son geste, M. Hoss a eu tout l’air d’être un dirigeant aux abois, poussé dans ses derniers retranchements. Autrement dit, l’impression générale qu’il laisse en définitive se résume par ce mot cruel d’un faux ami : «On ne le savait pas si affaibli». Et les soutiens reçus ne seraient dès lors, toujours selon cette même âme charitable, que l’expression «de la sincère compassion qu’inspire cet honnête homme plongé à son corps défendant dans le bourbier des intrigues de sérail». Un proche du héros du jour indique de son côté que «le président du Conseil n’a pas voulu faire suivre son communiqué de commentaires et d’explications. Il sait que toutes les parties intéressées auront compris à demi-mot ce qu’il voulait dire au juste. À savoir que ses propos traduisent une triste réalité marquée par le manque de confiance et de fidélité d’autrui à la parole ou au soutien donnés». Hariri et Joumblatt en cause Dans ces éclaircissements non plus, on ne trouve pas assez de lumière pour y voir assez clair. Aussi certaines autres parties, dont M. Nassib Lahoud, se chargent de préciser en privé et en substance que «les termes de “nouveaux opposants” qu’utilise M. Hoss visent non pas les loyalistes du régime qui critiquent le gouvernement, mais bien MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt, qu’on ne peut pas considérer comme étant dans le camp de Baabda». Pour que nul n’en ignore et qu’il n’y ait pas confusion, le député du Metn rappelle qu’à l’avènement de M. Hoss, il avait déclaré que la Rencontre nationale dont ils faisaient tous deux partie avait atteint son but, en soulignant toutefois qu’il ne serait pas pour sa part un inconditionnel aveugle du nouveau gouvernement et qu’il le critiquerait de manière constructive le cas échéant. De son côté, un politicien qui a pu voir M. Hoss récemment confirme que ce dernier «faisait effectivement allusion dans son communiqué aux partenaires d’hier, MM. Rafic Hariri, Nabih Berry et Walid Joumblatt. Et il a voulu faire comprendre que c’est bien ce trio qui lui met des bâtons dans les roues». Ce qui n’a pas dû particulièrement enchanter le président de l’Assemblée nationale, jusque-là épargné dans les contre-attaques lancées par M. Hoss contre MM. Hariri et Joumblatt. Les opposants affichés saisissent donc l’occasion pour jeter de l’huile sur le feu : «Pourquoi, demandent-ils, le chef du gouvernement qui prend l’opinion à témoin et qui se targue de transparence ne joue-t-il pas complètement cartes sur table? Pourquoi ne rend-il pas public son conflit avec M. Berry? Ou plutôt pourquoi ménage-t-il ce dernier au point de briser pour lui la réforme administrative et de fouler ainsi aux pieds l’intérêt de l’État?». Toujours est il qu’au niveau des dirigeants, on assiste à un premier replâtrage, qui rappelle furieusement les accalmies du temps de la troïka. Ainsi après sa visite hebdomadaire au chef de l’État, qui a duré plus de deux heures, le président de la Chambre s’est rendu chez le chef du gouvernement. Malgré le black-out informationnel qui a entouré cette double démarche, on apprend que M. Berry a répété ses critiques à l’encontre du Cabinet, en protestant de plus contre le communiqué publié par le président du Conseil. M. Berry accuse M. Hoss de vouloir faire sauter M. Kabalan Kabalan sous la pression de la rue beyrouthine. Le président du Conseil du Sud avait en effet été pendant la guerre responsable militaire du mouvement Amal pour l’Ouest et la population sunnite, affectée par la liquidation des Mourabitoun, l’avait alors peu apprécié. On voit donc qu’il y a toujours de l’eau dans le gaz entre dirigeants. Et les cercles politiques sont aujourd’hui à l’affût de la suite de ce nouveau feuilleton style troïka. Philippe ABI-AKL
On s’en doutait : la bombe Hoss, qu’on ne voudrait pas qualifier de pétard mouillé car le président mérite certainement plus de respect, ne produit pas plus d’effet qu’une bulle de savon. Irisée, chatoyante, aérienne, mais dont le délai de grâce est très éphémère. Ainsi on ne parle plus beaucoup du communiqué mélodramatique de dimanche dernier. Et tous ceux, ou presque, qui...