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Actualités - ANALYSE

Réforme administrative - L'opinion commence à perdre confiance Une mission peut-être impossible

Presque tous les régimes qui se sont succédé depuis la naissance de la République libanaise dans les années vingt ont tenté de réformer l’administration. Aucun n’a réussi. L’accumulation de ces fiascos offre l’avantage, dit un ancien responsable, d’identifier plus facilement les erreurs à éviter. Et le gouvernement Hoss n’a, selon lui, pas su en profiter. «Le Cabinet aurait dû, estime ce vétéran, emprunter de tout autres portes pour aborder ce domaine. La première faute a été d’édicter éliminations et nominations de cadres par tranches, par touches successives. Ce qui a provoqué des secousses, des réactions ulcérées, des remous, également par vagues successives, plongeant le pays dans un climat de malaises à répétition. Il aurait fallu opérer d’un coup, comme si on ôtait un sparadrap. Cela fait mal une fois, puis c’est fini. Et les effets retombent au même rythme que pour les coups de scalpel isolés. De plus, entre une charrette et une autre les politiciens alertés ont eu le temps de se mobiliser pour limiter les dégâts, pour protéger leurs clients parmi les directeurs généraux et autres responsables des sites à caractère public. Résultat final : le paquet relevant du président de la Chambre dont les capacités de bouclier sont restées intactes, a été épargné alors que les haririens étaient traqués et saqués l’un après l’autre. Nous sommes dans un petit pays et une disparité, une discrimination aussi flagrantes n’ont pas échappé à l’opinion. Qui a commencé à perdre confiance dans ce Cabinet dit des purs». Pour cette personnalité, «si l’on admet que le volet du personnel doit être dissocié de celui de la réorganisation des services, ce qui n’est pas forcément la meilleure solution car la réforme est un tout, on aurait dû quand même le traiter en bloc, sans le tronçonner. Les organismes de contrôle auraient dû préparer deux listes entières de recommandations, l’une pour les mises à l’écart, l’autre pour les nominations. Et on les aurait promulguées ensemble. Cela aurait pris du temps, mais le travail aurait été beaucoup plus solide, plus complet, plus objectif et plus facilement défendable, le Cabinet gagnant en crédibilité devant l’opinion par son professionnalisme. Et il se serait épargné la campagne perlée de dénigrement, de contestation et de justes critiques qu’il s’est attirée. Ce qui lui a fait perdre beaucoup de son crédit politique. Cela de l’aveu de son chef qui a également reconnu que certaines nominations n’étaient pas adéquates». Circonstance aggravante Ce spécialiste pense toutefois que «le président Hoss ne peut pas s’abriter derrière l’excuse qui veut que des gouvernements précédents aient également commis des erreurs. S’ils l’ont fait, alors à plus forte raison son Cabinet n’aurait pas dû les imiter. C’est donc là en quelque sorte une circonstance aggravante et non pas atténuante». Ceci étant, à quelque chose malheur est bon «la présente crise montre, enchaîne la même source analytique, que la démocratie fait des progrès chez nous. La preuve en est certes fournie par l’intervention «cartes sur table» de M. Hoss. Mais aussi, mais surtout, par le soin que l’opposition apporte à faire un net distinguo entre le gouvernement et le régime, qu’elle évite d’attaquer. En effet, c’est le Cabinet qui est responsable devant la Chambre, c’est lui qui s’en va s’il y a dérapage, tandis que le chef de l’État, régulateur des institutions, reste en place pendant six ans sans jamais devoir répondre des erreurs de l’Exécutif. En pratique, quand les entreprises d’un gouvernement sont couronnées de succès, il n’a besoin de l’appui de personne puisqu’il n’a à se défendre de rien. L’opinion lui est alors spontanément acquise, au lieu d’être mécontente et de grogner comme cela vient de se voir. Ce qui est la meilleure preuve que l’équipe Hoss a échoué. Du moins jusqu’à présent, car tout n’est pas joué, le président du Conseil promettant une rapide correction de tir». Cet observateur donne du reste «raison à M. Hoss de reprocher aux alliés déclarés du Cabinet de manquer de logique, puisqu’ils le critiquent au Parlement comme dans les déclarations publiques, au lieu de le soutenir contre l’opposition. S’il y a des remarques, elles doivent être faites en privé, la cohésion prenant le pas sur tout le reste. Ces forces politiques qui se disent loyalistes ne sont effectivement pas conséquentes avec elles-mêmes, ne sont pas dans leur rôle et doivent revenir à un jeu d’équipe». Ce qui paraît difficile au pays de l’individualisme forcené et du commerce généralisé, même en politique, où chacun veut avant tout se faire payer les services qu’il rend.
Presque tous les régimes qui se sont succédé depuis la naissance de la République libanaise dans les années vingt ont tenté de réformer l’administration. Aucun n’a réussi. L’accumulation de ces fiascos offre l’avantage, dit un ancien responsable, d’identifier plus facilement les erreurs à éviter. Et le gouvernement Hoss n’a, selon lui, pas su en profiter. «Le...