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Actualités - ANALYSE

Finances - Les ténors de l'opposition fourbissent leurs armes Le budget, un test fondamental pour le Cabinet

Ministre des Finances, M. Georges Corm travaille d’arrache-pied depuis l’avènement du Cabinet, il y a deux mois, à préparer le budget. Un projet de loi tout à fait fondamental pour le pays, qui peut en espérer un début de redressement sur le plan socio-économique. Sur le plan politique, le nouveau pouvoir trouve là le moyen d’exprimer concrètement ses vues concernant la stratégie financière, fiscale ou de compression, visant à amorcer la reprise, en réduisant le déficit budgétaire. La question que tout le monde se pose : pourra-t-on, comme on l’a laissé entendre lors du changement de régime, suivre une toute autre ligne que la haririenne ? La réponse, présumée positive, n’est pas aussi évidente qu’il y paraît de prime abord. Car, en épluchant le dossier, les nouveaux responsables se sont aperçus qu’il existe des accords, des marchés, des protocoles conclus sous le précédent régime et qu’ils ne peuvent dénoncer, l’État libanais devant tenir ses engagements. Mais ce volet, qui a certes son poids, ne constitue pas ce que l’on appelle des constantes. Il peut infléchir, atténuer un changement de cap sans aller jusqu’à le rendre impossible. Autrement dit, le pouvoir en place peut sans grand problème initier une nouvelle politique budgétaire, fiscale, financière, économique, sociale et de développement, en larguant certains projets somptuaires de superstructure attribués par les haririens au chapitre «reconstruction». Tapis aux aguets, M. Rafic Hariri et son bloc parlementaire – c’est tout l’avantage d’être en dehors du pouvoir – attendent que le budget Hoss pointe le nez pour le descendre en flèche. Dans un domaine aussi mal en point, la critique est en effet très facile. L’accent va être naturellement mis sur l’ordre des priorités et sur le chiffre prévisionnel du déficit. On sait en effet que les loyalistes laissent entendre que ce chiffre devrait se situer entre 40 et 45 %. Début 1998, M. Fouad Siniora avait pour sa part annoncé 37 %… et au bout du compte, l’année s’était soldée par plus de 55 % de déficit. Cela aurait été bien pire si on avait dû inclure dans le budget l’augmentation des salaires des fonctionnaires intervenue récemment. Une enveloppe de 350 millions de dollars, sans les arriérés, qu’il faudra bien prendre en compte cette année. Éviter la surtaxation Dans le détail, on se demande quelles dépenses vont être supprimées dans le cadre de la compression budgétaire et quels sont les départements ministériels que l’on va de la sorte pénaliser ? On se demande aussi, et surtout, comment le gouvernement va pouvoir réduire la dette publique, par quelles ressources nouvelles ? Ne devra-t-il pas lui-même s’endetter encore pour couvrir les frais des projets de développement prioritaires établis pour les régions déshéritées ? Parallèlement, où trouvera-t-il les fonds pour compléter un projet de retour des déplacés réalisé seulement à 25 % et qui a déjà coûté 800 millions de dollars, sans compter les 350 milliards de déboursés dans le centre-ville pour en indemniser et en déloger les squatters? Si le gouvernement peut arrêter les projets d’autoroutes, pourra-t-il en faire de même avec les projets d’agrandissement du port et des aérodromes qui offrent un intérêt commercial et touristique certain ? Comment régler la facture que le ministère de la Santé doit aux hôpitaux conventionnés et comment améliorer les prestations médicales de la Sécurité sociale ? La surtaxation, si impopulaire, peut-elle être évitée ? Les éventuelles privatisations ou ouvertures de capitaux d’entreprises publiques suffiraient-elles à combler les trous, aux côtés de mesures comme l’amélioration de la perception des quittances, la dîme sur l’exploitation des biens domaniaux maritimes ou le relèvement des contrats du cellulaire ? Bref, le problème est de taille et quelles que soient les solutions proposées, elles prêteront certainement le flanc aux critiques de l’opposition. Mais c’est le jeu…
Ministre des Finances, M. Georges Corm travaille d’arrache-pied depuis l’avènement du Cabinet, il y a deux mois, à préparer le budget. Un projet de loi tout à fait fondamental pour le pays, qui peut en espérer un début de redressement sur le plan socio-économique. Sur le plan politique, le nouveau pouvoir trouve là le moyen d’exprimer concrètement ses vues concernant la...