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Actualités - CHRONOLOGIE

Un million de signatures contre la double nationalité

Rejet des étrangers, réflexe de protection sociale ou sanction contre les errements du gouvernement fédéral, les thèses se bousculent pour expliquer le succès d’une pétition lancée en Allemagne contre un projet de double nationalité généralisée. L’opposition chrétienne-démocrate (CDU-CSU) a collecté depuis le 16 janvier plus d’un million de signatures dans le pays. Dont plus de la moitié en Hesse, où la polarisation du scrutin de dimanche dernier sur ce thème a précipité la perte inattendue des sociaux-démocrates et des écologistes, alliés comme à Bonn au gouvernement régional. «Ce succès, de la pétition comme du vote, c’est l’histoire d’un thème banal et sensible à la fois, manipulé à merveille à un moment très bien choisi. Tout s’est joué en quelques semaines», commente Irene Khateeb, de l’Office municipal des Affaires multiculturelles à Francfort. En trois semaines, 600 000 personnes ont paraphé la pétition en Hesse et plus de 100 000 à Berlin, deux régions où les étrangers sont nombreux. «La pétition a démarré à Francfort (la plus grande ville de Hesse), en vue des élections, et le SPD et les Verts ont eu le tort de ne pas réagir tant ils étaient persuadés de la superficialité de l’initiative», ajoute Mme Khateeb. Le thème et sa mise en scène par la CDU ont suscité des «réflexes sociaux d’autodéfense d’acquis, de privilèges», estime Reiner Schmalz-Bruns, spécialiste de l’histoire des idées à l’université de Darmstadt. La pétition fait appel aux «peurs» irrationnelles des gens, «elle n’a rien à voir avec la défense de l’identité allemande. Les personnes qui ont approuvé l’initiative de la CDU sont issues de couches électorales révélatrices: des entrepreneurs autodidactes et des retraités en priorité», poursuit-il. À cela s’ajoute l’idée, répandue, que la discussion n’a «pas lieu d’être, que l’on n’a pas besoin d’agir pour plus d’intégration», souligne M. Schmalz-Bruns. Bonn va revoir sa copie: privés depuis dimanche de leur majorité absolue à la chambre haute du Parlement, sociaux-démocrates et verts ne peuvent plus faire passer seuls leur projet initial, qui prévoyait d’étendre la double nationalité à ceux des 7,3 millions d’étrangers nés en Allemagne dont l’un des parents est né sur le territoire ou y réside depuis ses 14 ans.
Rejet des étrangers, réflexe de protection sociale ou sanction contre les errements du gouvernement fédéral, les thèses se bousculent pour expliquer le succès d’une pétition lancée en Allemagne contre un projet de double nationalité généralisée. L’opposition chrétienne-démocrate (CDU-CSU) a collecté depuis le 16 janvier plus d’un million de signatures dans le pays....