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Actualités - ANALYSE

Partis politiques - Le successeur de Saadé sera élu le 21 mars Bataille électorale incertaine au sein des Kataëb

L’élection d’un nouveau chef du parti Kataëb peut laisser indifférent plus d’un Libanais. Mais elle peut aussi susciter l’intérêt de nombreuses fractions, vu le poids politique et historique du parti, et le potentiel humain dont il bénéficie et qui est toujours capable de le sortir de sa léthargie actuelle, pour peu que les circonstances politiques du pays lui soient modérément favorables. C’est le 21 mars prochain que doit être élu le successeur de Georges Saadé, décédé en novembre dernier. Le collège électoral du parti est composé de 128 membres : 52 devront être élus, d’ici au 21 mars, par les membres des régionaux et les services dits de masse, les 76 restants étant déjà en place car désignés par l’ancienne direction du parti ou élus par leurs pairs. Il s’agit en l’occurrence des 22 membres du bureau politique, des chefs des services techniques et des chefs des régionaux. La phase préparatoire pour le choix des 52 délégués ou grands électeurs devant participer à l’élection du chef du parti s’est achevée hier, lundi. avec l’expiration du délai pour l’inscription de tout Kataëb désirant participer à l’élection des 52 délégués en question. Le coup d’envoi d’une bataille électorale différente de toutes les précédentes et à l’issue plus qu’incertaine a donc été donné. Les candidats à la présidence du parti doivent présenter officiellement leur candidature au plus tard trois jours avant le 21 mars. Mais d’ores et déjà, on fait état dans les milieux Kataëb de trois candidats qui se sont déclarés officieusement à traves la presse. Il s’agit de MM. Mounir el-Hajj, Karim Pakradouni et Rachad Salamé. Les deux premiers occupent actuellement la vice-présidence du parti et le troisième est membre du bureau politique Le parti Kataëb joue son devenir à travers ces élections, les premières organisées en l’absence des vétérans du parti, considérés – à juste titre –, depuis la mort de Pierre Gemayel, comme les vrais grands décideurs. Cette réalité a duré jusqu’en 1992, date à laquelle M. Samir Geagea a perdu les élections pour la présidence du parti face à Georges Saadé. Ce dernier n’a dû sa victoire, à l’époque, qu’à beaucoup d’apports, internes et externes, assurés par tous ceux qui pouvaient être inquiétés par l’accession du chef des Forces libanaises à la présidence des Kataëb. Le bloc Saadé atomisé Au stade actuel, qui sont les vrais grands électeurs au sein de ce parti présent sur la scène politique nationale depuis plus d’un demi-siècle. Compte tenu du contexte présent, chacun des 125 membres du collège électoral pourra peser dans la balance et marquera par son vote l’idée qu’il se fait du devenir de ce parti et de la contribution que chacun des éventuels candidats peut apporter à l’entreprise de redressement au sein des Kataëb. Ce n’est un secret pour personne que Georges Saadé s’est érigé en maître, contesté mais absolu, du parti Kataëb : il a été pendant 12 ans le premier artisan des jeux électoraux grâce à un bloc d’électeurs qu’il n’a fait que renforcer tout au long de ses années au pouvoir. Ce bloc est actuellement atomisé et personne ne peut prétendre en détenir les rennes : il s’en est dégagé de petits groupes et beaucoup d’électeurs indépendants. L’opposition Kataëb, toutes tendances confondues, ne semble pas vouloir s’engager dans la bataille. L’opposition Kataëb comprend, rappelle-t-on, quatre fractions : un groupe de vétérans conduits par le Dr Élie Karamé, ancien chef du parti; les Kataëb du «comité de sauvegarde», proches des FL (qui ont tenu deux réunions avec des responsables du parti) ; les partisans du président Amine Gemayel; et les dissidents indépendants . Tous, ou presque, ne préfèrent rentrer en scène que le 22 mars prochain, de manière à ne pas compromettre leur chance de s’entendre avec le nouveau chef du parti : tendance que tous veulent inscrire au registre de la réconciliation et non de la simple manœuvre électorale. Les candidats Reste les candidats eux-mêmes qui constituent l’élément le plus important de cet enjeu électoral. M. Mounir el-Hajj, présenté comme un continuateur, peut être perçu comme l’homme des transitions difficiles. Originaire du Metn, il a été confronté à plus d’une difficulté à cause de cette appartenance. Mais homme de grande souplesse, il a su remonter plus d’une pente pour qu’il puisse aujourd’hui prétendre à la présidence du parti. Sachant qu’on ne peut gagner des élections avec un bilan mais avec un programme, M. Karim Pakradouni a inauguré sa bataille par une innovation. Il propose que le chef du parti ne brigue ni un poste de député, ni un poste de ministre : à lui le «national», aux autres la gestion du quotidien. Une proposition qui peut enthousiasmer plus d’un, mais qui tranche certainement avec les pratiques traditionnelles. Pour M. Rachad Salamé, enfin, c’est le côté «gentleman» qui joue le plus en sa faveur. Coupé de longues années de la base du parti, il doit compter uniquement sur des alliances au sommet de la hiérarchie pour espérer être élu. Cela peut s’avérer insuffisant. Représentant du parti au bureau exécutif de la Ligue maronite, ce poste lui a permis plus d’une ouverture et plus d’un contact qui pourraient lui être utiles. Incertaine la bataille ? Certainement. Tout le montre: la nature du collège électoral et les candidats qui sont déjà en lice. Reste une question : des alliances sont-elles envisageables entre les candidats, ou entre chacun d’eux et d’autres meneurs ou groupements ? En toute logique, la réponse devrait être positive. Mais cela ne se ferait, le cas échéant, qu’à la dernière minute, car nul ne prendra le risque d’abattre prématurément ses cartes.
L’élection d’un nouveau chef du parti Kataëb peut laisser indifférent plus d’un Libanais. Mais elle peut aussi susciter l’intérêt de nombreuses fractions, vu le poids politique et historique du parti, et le potentiel humain dont il bénéficie et qui est toujours capable de le sortir de sa léthargie actuelle, pour peu que les circonstances politiques du pays lui soient modérément...