Censure Lettre ouverte au président de la République Les espoirs laissent place à des interrogations

Les étudiants en audiovisuel et en théâtre de l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) de l’Université Saint-Joseph (USJ) ont adressé au chef de l’État une «lettre ouverte», après la multiplication d’actes de censure qu’ils jugent aveugles et contestables. «Monsieur le président, «Les espoirs qui avaient suivi votre élection laissent aujourd’hui place à des interrogations. «Pour cela, prenant en considération votre ouverture d’esprit, ainsi que l’importance que vous attachez à la culture et aux libertés d’expression, nous, futurs diplômés en audiovisuel et en théâtre, avons décidé de nous adresser à vous en raison d’un grave problème qui menace le pays. «Depuis quelque temps, en effet, les actes de censure deviennent de plus en plus nombreux, voire de plus en plus aveugles. Qu’il s’agisse de télévision, de cinéma, de théâtre, de danse ou de musique, ou même de travaux universitaires d’étudiants, les œuvres et spectacles artistiques qui faisaient du Liban un carrefour culturel sont de plus en plus menacés. «L’intelligence et la sensibilité de tout un peuple se trouvent confrontées à une force obscure et répressive qui impose des partis pris unilatéraux, en contradiction totale avec notre pluriculture historique. Cette force, qui refuse de traiter le public en adulte, en être humain conscient et libre de ses choix, se trouve être en opposition totale avec les principes élémentaires de démocratie, de liberté et des droits de l’homme. «Les talents qui naissent se sentent de plus en plus insécurisés, et les jeunes parlent de plus en plus souvent de quitter le pays. La situation devient telle qu’elle risque d’aboutir à ce qui devait précisément être évité : la fuite des créateurs. «Pour cela, «considérant qu’un être humain, adulte et responsable doit pouvoir jouir de la liberté de choisir, d’apprécier ou de rejeter ce qui le choque, ou ce qu’il désapprouve, «considérant que tout être humain qui s’exprime sous une forme artistique de quelque nature qu’elle soit doit être en mesure et en droit de le faire dans le respect de l’autre, «considérant que la répression représente une menace d’instabilité et d’obscurantisme, «nous nous adressons à vous dans le but d’établir un dialogue franc avec vous et avec les responsables concernés afin d’éviter les bavures, de protéger la créativité et de créer le climat favorable à l’instauration d’une citoyenneté libanaise libre et responsable».