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Actualités - REPORTAGES

Environnement - La commission parlementaire engagée dans une course contre la montre Une stratégie écologique avant l'été 2000(photos)

La commission parlementaire de l’Environnement mettra les bouchées doubles au cours des prochains mois pour tenter, autant que faire se peut, de contribuer activement au règlement des innombrables problèmes écologiques qui se posent au Liban. Il est vrai que le temps dont elle dispose est limité, étant donné que les législatives auront lieu l’été prochain, mais plutôt que de la démotiver, cette contrainte semble l’encourager à engager une course contre la montre afin de mettre en place le maximum d’instruments juridiques s’inscrivant dans le cadre d’une politique de préservation de ce qui reste de l’environnement au Liban. Présidée par M. Akram Chéhayeb, ancien ministre de l’Environnement, la nouvelle commission parlementaire se propose donc d’aider le gouvernement et plus particulièrement le ministère concerné, dans la mise en place d’une stratégie écologique. Il serait peut-être erroné de dire que la commission est nouvelle. Elle existe depuis plusieurs années, mais elle était rattachée à celle de l’Agriculture, du Tourisme et des Affaires rurales et municipales que préside M. Élie Skaff. Si elle en a été détachée, c’est pour donner plus de poids au dossier de l’environnement. C’est aussi, surtout, pour barrer la route devant toute éventuelle fusion des ministères de l’Environnement, des Affaires rurales et municipales et de l’Intérieur. M. Chéhayeb le confirme : «Nous avons voulu protéger et maintenir le ministère de l’Environnement au niveau parlementaire», a-t-il déclaré à L’Orient-Le Jour, soulignant que la création d’une commission parlementaire de l’Environnement est en définitive une «réponse au projet d’intégration de ce département au ministère de l’Intérieur», préconisé dans le cadre d’une réduction du nombre des portefeuilles. On comprend facilement dès lors les raisons pour lesquelles la commission a adopté au cours de sa première réunion une recommandation dans laquelle elle invite le gouvernement à maintenir le ministère de l’Environnement et à lui assurer les éléments humains et financiers nécessaires à la consolidation de son rôle. «Nul n’aurait contesté un projet de fusion des ministères de l’Environnement et des Affaires rurales et municipales. De telles opérations, il en existe presque partout dans le monde. Mais un projet de fusion avec le ministère de l’Intérieur est à craindre dans la mesure où il comporte le risque de voir le ministère de l’Environnement se transformer en un simple service au sein d’un département étatique», explique-t-il. Des chances réduites à zéro En d’autres termes, un projet pareil réduirait pratiquement à zéro les chances de développer une stratégie écologique durable et neutraliserait les efforts fournis dans ce sens au cours des dernières années, estiment unanimes tous ceux qui plaident en faveur d’un maintien de ce ministère. «Nous avions préparé presque tous les plans de règlement de la majorité des problèmes de l’environnement au Liban et jeté les bases d’une politique de l’environnement. Nous avions établi le plan directeur des carrières, un autre pour la gestion des déchets solides, l’assainissement de la côte et des ressources hydrauliques de la vallée du Litani. Nous avions aussi lancé un programme de sensibilisation aux problèmes écologiques. Il était indispensable d’assurer le suivi de ces projets», affirme M. Chéhayeb. Le Bloc parlementaire de la lutte nationale, dont il fait partie, s’était alors empressé de proposer au chef du Parlement, M. Nabih Berry, d’amender le règlement intérieur des commissions parlementaires pour pouvoir créer une commission indépendante de l’Environnement. Une proposition de loi en ce sens a été votée au cours de la dernière séance parlementaire donnant ainsi naissance à la commission de l’Environnement. Celle-ci ne représentera pas seulement un important support au ministère de l’Environnement, mais elle interviendra, le cas échéant, pour remédier aux éventuelles lacunes qu’elle pourrait constater au niveau gouvernemental. Le fait que M. Chéhayeb fasse partie de l’opposition parlementaire ne constitue pas un obstacle à une coordination avec le gouvernement en vue de l’établissement d’une stratégie écologique. «Nous ne pouvons pas parler d’opposition et de loyalisme quand il s’agit de la préservation de l’environnement. Ce dossier est d’un intérêt national général et commande un suivi et des efforts continus. Il ne supporte surtout pas de perte de temps. Malheureusement, c’est ce qui arrive à l’heure actuelle. Nous devons faire face à cette situation en dynamisant notre rôle sur le plan parlementaire. Si le gouvernement réagit favorablement à notre action, ce sera excellent. Sinon, nous pouvons élaborer des propositions de loi et les soumettre à la Chambre. Mais je ne pense pas qu’il existe une seule personne capable de se désintéresser du dossier de l’environnement», ajoute M. Chéhayeb. Il reste à définir une échelle de priorités. Au niveau écologique, tous les problèmes qui se posent aujourd’hui sont prioritaires, parce qu’ils concernent directement la santé de la population et le patrimoine libanais. La commission a défini trois cadres pour son action. Le premier consiste à développer la législation relative à l’environnement ; le deuxième concerne un suivi des problèmes qui se posent ; le troisième se rapporte à l’institution d’une stratégie de l’environnement. Elle s’est fixée comme objectif prioritaire général d’obtenir le vote du Code de l’environnement, établi il y a plusieurs années et qui se trouve toujours dans les tiroirs de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. «Nous allons demander à M. Chaker Abousleiman (président de la commission) d’entamer dans les délais les plus brefs l’examen de code, surtout qu’il a déjà été voté par l’ancienne commission de l’Agriculture et de l’Environnement», dit M. Chéhayeb. Dans le même temps, la commission compte demander au gouvernement de lui exposer la politique qu’il suit en matière de préservation de l’environnement. Déchets et pollution de l’air Sur le plan pratique, elle a choisi de s’attaquer en premier aux dossiers des déchets et de la pollution de l’air du fait des voitures qui roulent au mazout, en raison du danger énorme qu’ils présentent pour la santé et du fait qu’ils sont à l’origine de nombreuses maladies. La commission entend coordonner son action à ce niveau aussi bien avec le gouvernement qu’avec des spécialistes et des organisations non gouvernementales. Apparemment, la généralisation du plan de gestion des déchets ne doit pas poser de problèmes, non seulement parce qu’il est prêt, mais aussi parce que les fonds nécessaires à son exécution sont disponibles, selon les explications de M. Chéhayeb. La Banque mondiale est en effet prête à financer le projet, dont la première étape avait été réalisée à Beyrouth, sous l’ancien gouvernement. «Notre ambition ne connaît pas de limite», insiste M. Chéhayeb. Toutefois, comme la commission est appelée à se dissoudre dans la Poulée des prochaines législatives, elle n’aura pas le temps de plancher sur tous les dossiers qu’elle aurait voulu aborder. Citons, entre autres, le problème des carrières et celui de la surface boisée, qui se réduit comme une peau de chagrin en raison des feux de brousse qui ravagent chaque année nos forêts. Les membres de la commission ne s’avouent pas pour autant vaincus et comptent plaider en faveur de la création d’un Conseil supérieur de l’environnement dont la mise en place est prévue dans la loi constitutive du ministère de l’Environnement. Cet organisme doit inclure les directeurs généraux des ministères concernés par les dossiers de l’environnement ainsi que des experts écologiques et des représentants des ONG qui œuvrent pour la préservation de l’environnement au Liban. «Sa mise en place est nécessaire si l’on veut faire face aux catastrophes que l’on constate sur le plan écologique et pour élaborer une politique de l’environnement», souligne M. Chéhayeb. Présidé par le ministère de l’Environnement, le CSE a pour mission de plancher sur les divers problèmes écologiques, de les examiner et de soumettre au Conseil des ministres des recommandations relatives aux moyens de les régler. La décision que le gouvernement prendra au sujet de cet organisme sera après tout un indice révélateur de la mentalité officielle qui commande le traitement du dossier de l’environnement au Liban.
La commission parlementaire de l’Environnement mettra les bouchées doubles au cours des prochains mois pour tenter, autant que faire se peut, de contribuer activement au règlement des innombrables problèmes écologiques qui se posent au Liban. Il est vrai que le temps dont elle dispose est limité, étant donné que les législatives auront lieu l’été prochain, mais plutôt que de la...