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Actualités - CHRONOLOGIE

Beyrouth-Erevan - Condamnation du coup de force Tristesse et dégoût parmi les arméniens du Liban(photo)

L’attaque du commando armé qui a coûté la vie mercredi dernier à huit hauts responsables politiques en Arménie, dont le Premier ministre Vazguen Sarkissian et le président du Parlement Garen Demerdjian, a suscité des réactions passionnées partout dans le monde. Au Liban, la communauté arménienne, frappée de stupeur, demeure muette. Très peu sont ceux qui ont accepté de communiquer leurs impressions sur la tragédie. Simple solidarité dans l’épreuve ou confusion générale ? Du plus âgé au plus jeune, ils affichent des sentiments divers, qui varient entre la tristesse et le dégoût. Le massacre a ébranlé leurs espoirs dans ce qui allait enfin devenir une nation stable et souveraine. Tous sans exception se sentent concernés par ce deuil national qui a frappé le pays. L’Arménie, même pour ceux qui ne l’ont jamais connue, est bien la seconde patrie. La condamnation est unanime et radicale. «Nous sommes au seuil du XXIe siècle ; une telle violence est inadmissible», dit Vatché, 28 ans. Lui, n’a jamais été en Arménie, mais cela ne l’a pas empêché de se révolter à la suite de «l’acte odieux» qui a mis fin à la vie de plusieurs dirigeants politiques arméniens. «Il y a tout de même des moyens plus démocratiques pour faire valoir ses revendications, quelles qu’elles soient», fait-il remarquer. Le mot démocratie reviendra très souvent dans la bouche des personnes interrogées. «Cela fait deux nuits que nous ne fermons pas l’œil ma femme et moi», dit Ohannès Djeredjian, un photographe épris de son Arménie, qu’il avait visitée plus d’une quinzaine-fois. Son dernier voyage remonte à septembre dernier, un mois exactement avant la tuerie du Parlement. M. Djeredjian avait alors ramené des photos toutes récentes, prises lors d’une cérémonie officielle – montrant le Premier ministre, le général Vasken Sarkissian, en compagnie du chef du Parlement Garen Demerdjian – les deux figures les plus puissantes du régime. Concernant le mobile de l’attaque, les quelques avis recueillis varient, tout comme les théories, parfois les plus insolites. Et l’on va ainsi, en matière de tentatives d’explication du simple acte terroriste exécuté par des «mafieux», jusqu’au complot international qui va puiser ses motivations dans les événements récents de la région – essentiellement dans le conflit du Nagorny-Karabakh – pour aboutir enfin dans les coulisses des dissensions partisanes. La situation économique en Arménie et la misère qui aurait durement frappé la majorité des Arméniens constituent également un argument valable pour certains. «C’est un complot qui dépasse les simples frontières de l’Arménie, pour prendre des dimensions véritablement internationales», affirme Jacques. Le conflit du Nagorny-Karabakh y est pour beaucoup, mais il faudrait également tenir compte de l’influence russe dans la région, fait-il remarquer. «C’est un coup très dur et très douloureux», confie M. Jacques Tchoukhadarian, député de Beyrouth, qui estime qu’il s’agit d’un acte terroriste exécuté par un groupuscule, qui n’a aucune affiliation ni identité politique précise. M. Tchoukhadarian a en outre estimé que les mesures récemment décidées par le Premier ministre assassiné Vazguen Sarkissian, dans le cadre d’une épuration administrative, ont probablement touché «certaines personnes» occupant des postes-clés, d’où, selon lui, cette irruption de violence. Le parti Tachnag a également rejeté la thèse du conflit partisan – une rumeur qui avait circulé dans les rangs de quelques analystes au départ . «Les terroristes n’appartiennent à aucun parti, arménien ou autre», a déclaré Mme Vera Yaacoubian, responsable des relations avec la presse au sein du comité central libanais du parti Tachnag. Elle a relevé par ailleurs que l’acte n’a pas été revendiqué par une faction donnée. «C’est une tentative qui vise à saper toute stabilité en Arménie. Il s’agit d’un acte commandité de l’extérieur», a-t-elle poursuivi, en soulignant que «les ennemis historiques de l’Arménie sont connus de tous». Cet avis est partagé par un membre du parti Tachnag, qui précise qu’un tel crime «profite en réalité à tous ceux qui ne veulent pas voir s’établir la stabilité dans la région du Caucase». Prudent, ce partisan affirme qu’il est encore prématuré d’avancer des analyses quelconques, car l’on ne dispose pas encore de suffisamment de recul pour cela. «Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que cela ne profite qu’aux ennemis de l’Arménie». «La solidarité arménienne est imperméable à toutes les épreuves, soutient avec force Ohannès Djeredjian. Personne ne pourra nous faire flancher. Nous nous redresserons à chaque fois, toujours avec autant de vigueur».
L’attaque du commando armé qui a coûté la vie mercredi dernier à huit hauts responsables politiques en Arménie, dont le Premier ministre Vazguen Sarkissian et le président du Parlement Garen Demerdjian, a suscité des réactions passionnées partout dans le monde. Au Liban, la communauté arménienne, frappée de stupeur, demeure muette. Très peu sont ceux qui ont accepté de...