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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Circulation - L'Etat autant que les automobilistes mis en cause Mobilisation contre les accidents de la route

C’est une véritable campagne nationale de sensibilisation contre les accidents de la route que la Yasa (Association pour la prévention routière) et la SRF (Société de recherches scientifiques) ont lancée le week-end dernier au Palais des congrès à l’Unesco. Les participants, plusieurs membres actifs de la société civile, ONG et responsables politiques, sont intervenus, chacun dans le domaine qui est le sien, lors de ce congrès qui se tenait pour le seconde fois au Liban. Tous les facteurs à risque ainsi que les causes majeures qui provoquent les accidents ont été passés en revue lors de cette rencontre : problèmes de vitesse, d’alcool, de mécanique, protection des enfants, rôle respectif des différents ministères et des municipalités dans l’organisation du trafic routier… La présence des Forces de sécurité intérieure, représentées par le chef de la brigade de la circulation de Baabda, le colonel Adel Abou Daher a été d’autant plus remarquée que ces dernières ont été, deux jours durant, la cible des critiques des intervenants . En effet, si l’accent a souvent été mis sur l’importance de la sensibilisation et de l’éducation du citoyen – dont le comportement au volant laisse à désirer –, plusieurs reproches ont été adressés à l’État, pour des lacunes flagrantes dans l’application de la loi. Le ministre du Transport, M. Najib Mikati, insistera lors de son intervention sur le fait que «la majorité des accidents sont le fruit du laxisme, de l’inattention, et surtout, du non-respect des lois», en reconnaissant toutefois que l’État a également son rôle à jouer. À quoi, Ziad Akl, président et fondateur de la Yasa, répondra en disant qu’il est «temps que l’on passe à l’action, en mettant en application les règles et les lois strictes prévues par le code de la route, tout en renforçant les sanctions actuelles». «Et c’est au secteur public aussi bien que privé qu’il incombe de donner le bon exemple», affirme M. Akl en faisant allusion à ceux parmi les officiels qui enfreignent le code de la route. Mme Nayla Moawad, député du Liban-Nord, ira dans le même sens, affirmant que les responsables politiques ne doivent pas se sentir protégés par leurs titres et que la loi doit être appliquée à tout le monde. Mme Moawad mettra l’accent sur la nécessité de multiplier les patrouilles, «jusque-là quasi inexistantes» qui doivent circuler sur les routes, pour assurer la sécurité des citoyens. Elle s’est en outre engagée à lutter pour l’adoption prochaine d’une loi en faveur de la présence obligatoire de sièges pour enfants dans les voitures. Le député de Baabda, M. Pierre Daccache, également membre du conseil d’administration de la Yasa, soulèvera la question des permis de conduire qui, dans les pays civilisés, sont soumis à des programmes stricts, y compris des leçons de conduite obligatoires. Or, non seulement les jeunes sont mal préparés à affronter les dangers de la route, mais rares sont ceux d’entre eux qui connaissent le code de la route, comme le démontre une étude entreprise par la SRF ( 66 % des jeunes universitaires ont pu identifier uniquement deux articles codes sur cinq). Plusieurs experts également affiliés à la Yasa et la SRF relèveront tour à tour les différents facteurs de risques en citant en premier, la vitesse ainsi que la conduite sous l’effet de l’alcool. M. Clovis Abi Nader a souligné pour sa part les dangers que peut représenter l’état des routes – dont l’absence de signalisation et d’éclairage – qui est très souvent une cause majeure d’accidents. Tous ces facteurs combinés viennent s’ajouter à l’irresponsabilité des piétons, qui représente 40 % des décès. Les études indiquent ainsi que 57 % des Libanais continuent de traverser la route en prenant des risques. C’est ensuite au tour des motards et des conducteurs d’autobus d’être sur la sellete. Le député de Beyrouth, M. Adnan Arakgi, se déchaîne contre ces «motos, devenues une cause de tracas quotidien pour les citoyens qui n’arrivent plus à dormir la nuit». Et M. Arakji de rappeler également le douloureux incident à la suite duquel le père de Walid Doumiati – une des étoiles du basket-ball libanais – a été fauché par une moto qui allait à contre-sens. Sur un ton teinté d’humour, le député de Beyrouth évoque le cas des autobus – publics et privés – qui sillonnent la ville de manière plutôt folklorique d’ailleurs. «À l’instar des services-taxis qui s’arrêtent brusquement pour embarquer un client, les autobus sont une véritable menace pour les autres véhicules car leurs conducteurs ne semblent se soucier d’aucune règle de conduite. C’est à qui “ramasse” le plus de clients ! C’est une véritable course pour l’argent», affirme M. Arakji, qui préconise de créer des stations d’arrêt pour ces bus et d’organiser de manière plus stricte leur trafic. L’intervention de M. Issam Azouri, journaliste et spécialiste en communication, a également été des plus remarquées . Il propose en effet de prévoir et d’organiser, dès à présent, des campagnes de sensibilisation étalées sur plusieurs jours, qu’on intitulerait : “Une semaine pour la protection des vies humaines”, et ce durant les fêtes de fin d’année. «Car, dit-il, cela ne vaut pas la peine de mourir le dernier jour du siècle». M. Azouri préconise en outre de consacrer la journée du 26 décembre à la prévention des accidents de la route en invitant des victimes d’accidents, ou leur parents, à venir témoigner. Enfin, c’est au tour des FSI de faire dresser un état des lieux, qui, s’il n’est pas toujours en leur faveur, met toutefois l’accent sur le timide effort déployé par les agents de la circulation. «Ce sont quelque 300 000 contraventions qui ont été dressées pour infractions diverses, et 10 000 autres contre les motards en situation irrégulière», a affirmé le chef de la brigade de la circulation de Baabda. Le colonel Adel Abou Daher a en outre annoncé qu’un projet de loi prévoyant d’établir un barème progressif, selon la gravité de la contravention, est actuellement à l’étude. Mais il reste encore beaucoup à faire.
C’est une véritable campagne nationale de sensibilisation contre les accidents de la route que la Yasa (Association pour la prévention routière) et la SRF (Société de recherches scientifiques) ont lancée le week-end dernier au Palais des congrès à l’Unesco. Les participants, plusieurs membres actifs de la société civile, ONG et responsables politiques, sont intervenus,...