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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Salon du livre - Rencontre avec un romancier Tahar Ben Jalloun : un conteur sachant conter (photo)

Il y avait affluence au Café littéraire, du Salon du Livre, pour la rencontre avec Tahar Ben Jelloun, qui visite le Liban pour la première fois. Pendant un peu plus d’une heure, le romancier et poète marocain a parlé de son œuvre en général et, plus particulièrement, de son dernier roman L’Auberge des pauvres, paru en mars dernier aux Éditions du Seuil. Tahar Ben Jelloun est de ces écrivains qui, avec des mots simples, vous emportent au cœur des choses, dans des univers pleins d’émotions et de sensations fortes. Essai, théâtre, récit, roman, poème, tous les langages sont bons pour raconter des histoires. Avec toujours ce solide attachement à une culture, à une identité méditerranéenne et maghrébine. Le dernier roman de Tahar Ben Jelloun raconte l’histoire d’un écrivain marocain, Bidoun («sans» en arabe) invité à passer deux ou trois semaines à Naples. Dans cette ville, le destin lui fait découvrir «L’auberge des pauvres», une sorte d’hospice des misères humaines où se rencontrent des solitudes et des souffrances. En côtoyant des personnages aux histoires à la fois abracadabrantes et tristement réelles, l’écrivain prend du recul par rapport à sa propre vie : une carrière littéraire assez médiocre, un mariage usé, une belle-famille envahissante… Conteur insatiable et fort talentueux, Tahar Ben Jalloun construit son roman sur le mode des Mille et une nuits. Lorsqu’il s’arrête, ce n’est que pour mieux repartir. Et le lecteur s’embarque, sans hésitation, pour un bout de chemin avec La Vieille, Momo, Gino, Idé, Iza... Un voyage merveilleux, entre imagination et délires. Naples, une ville romanesque Mais pourquoi Naples ? «Naples est l’une des principales villes du tiers-monde», répond Tahar Ben Jelloun. «Lieu de plusieurs mélanges, elle abrite différentes ethnies ; des travailleurs qui y entrent souvent clandestinement. C’est une ville sans véritable nationalité, où la richesse côtoie la pauvreté», ajoute-t-il. «C’est aussi une ville romanesque où peut s’épanouir la fiction, au même titre que Tanger et que Barcelone. Personnellement, je m’y sens chez moi». Sa première visite à Naples remonte à dix ans. Le principal journal napolitain Il Mattino lui avait alors demandé de faire un tour de la Sicile et d’enquêter sur la mafia. «Dans un but uniquement littéraire pour raconter des histoires», souligne Tahar Ben Jelloun. Résultat de ce voyage : L’Ange aveugle, un recueil de nouvelles publié en 1992. Pour Tahar Ben Jelloun, l’écriture est une manière d’agir. «Si la littérature n’a jamais permis à un peuple de se libérer, elle participe à un ensemble de choses qui aident la société à s’améliorer», affirme-t-il. Ce qu’il préfère, c’est raconter des histoires. On retrouve souvent dans ses romans une histoire principale, alimentée par plusieurs autres. Des vies en parallèle, ou qui se croisent, ou s’entremêlent. «Mais le plus important reste la crédibilité», insiste-t-il. «Si le lecteur ne croit pas en ces histoires, c’est raté». Autre condition sine qua non de la réussite d’une œuvre : les racines. Selon Ben Jelloun, «lorsqu’un écrivain se fâche avec ses racines, il ne parvient plus à toucher le lecteur». Et de citer Kundera, un écrivain qu’il aime beaucoup mais dont les deux derniers ouvrages l’ont déçu, pour cette même raison justement. «On ne peut pas faire abstraction de sa culture et de sa mémoire», poursuit-il. «C’est cela qui nous relie à notre passé, qui fait notre identité». Pour sa part, Tahar Ben Jelloun signe ses œuvres de son style, autant que de son nom. Un style chargé de symboles et de repères, qui sent bon «la terre rouge de Marrakech».
Il y avait affluence au Café littéraire, du Salon du Livre, pour la rencontre avec Tahar Ben Jelloun, qui visite le Liban pour la première fois. Pendant un peu plus d’une heure, le romancier et poète marocain a parlé de son œuvre en général et, plus particulièrement, de son dernier roman L’Auberge des pauvres, paru en mars dernier aux Éditions du Seuil. Tahar Ben Jelloun...