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Actualités - REPORTAGES

Solidarité - Journée internationale pour la fermeture de Khiam Témoignages poignants et affluence réduite

On s’attendait à une foule, il n’y avait que quelques dizaines de personnes. Apparemment, les Libanais avaient autre chose à faire que de manifester leur solidarité avec ceux qui réclament la fermeture de la prison infamante de Khiam. Pourtant, toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour accueillir les participants au sit-in : sécurité assurée par les FSI, présence de secouristes de la Croix-Rouge, disposition de tentes pour protéger de la chaleur nocive d’octobre et couverture massive de la presse écrite et audiovisuelle. Tous ces préparatifs n’en rendaient que plus pathétiques les quelques anciens détenus et les parents éplorés de ceux qui continuent à être emprisonnés, regroupés dans le petit espace vert aménagé face au siège de l’Escwa. Dès onze heures, hier matin, ils ont commencé à se regrouper autour de M. Mohamed Safa, responsable du comité d’appui aux détenus libanais dans les prisons israéliennes. Essentiellement d’anciens détenus et des femmes voilées portant à bout de bras des portraits de leurs proches emprisonnés à Khiam, cette prison dont le nom seul suffit à faire peur. Au début, ce ne sont que poses-photos face aux caméras et réclamations enflammées. Mais lorsque les journalistes appelés vers d’autres reportages s’en vont, le temps commence à se faire long et les personnes présentes prennent conscience de leur isolement dans leur détresse. seule Mme Andrée Lahoud a effectué une visite-éclair sur place, pour montrer son appui à la fermeture de la «prison de la honte». Hoss solidaire au nom du gouvernement De son côté, le président du Conseil Sélim Hoss a officiellement déclaré, au nom du gouvernement, son appui à la campagne pour la fermeture de la prison de Khiam, qui constitue, selon lui, un point noir dans l’histoire de l’occupation israélienne du Liban et qui met en lumière les exactions israéliennes contre les Libanais. M. Hoss a promis de déployer tous les efforts possibles non seulement pour obtenir la fermeture de la prison, mais aussi pour aboutir au retrait israélien du Liban. Des messages de solidarité sont aussi parvenus de la commission parlementaire des Affaires étrangères qui a demandé au gouvernement d’augmenter les aides accordées aux familles des détenus, du PSNS, mais aussi de l’association des Nouveaux droits de l’homme (NDH-Liban), qui a appelé les instances internationales à prendre des mesures rapides pour mettre un terme aux violations constantes des droits de l’homme à Khiam et au Sud en général. Mais c’est finalement entre elles que ces familles tronquées se sont retrouvées devant le siège de l’Escwa, échangeant inlassablement leurs tristes expériences, leurs espoirs et leurs inquiétudes. Un groupe d’ancien détenus, qui avaient posé devant les caméras des journalistes la tête recouverte d’une cagoule noire, ôtent soudain leurs masques devenus inutiles et ressassent à l’infini ces «mauvais jours» qui continuent de les hanter. Même après plusieurs mois, voire des années, de liberté, ils ne parviennent toujours pas à tourner la page et à se construire un avenir. Hussein confie qu’il continue à sursauter quand il entend des bruits la nuit et qu’il s’émerveille des gestes ordinaires comme se laver sans témoin ou ouvrir le frigo pour prendre de la nourriture. De petites joies qui ne réussissent pas à effacer l’horreur vécue, les humiliations constantes, les interrogatoires sans fin, l’hostilité ambiante et le matraquage permanent destiné à faire oublier aux détenus qu’ils sont des êtres humains. Les plus maltraitées, les femmes Certains témoignages sont carrément intolérables, mais le pire c’est encore la façon dont ils sont racontés, d’une voix monocorde, comme résignée, ou sans la moindre émotion. Ce sont surtout les femmes qui ont les expériences les plus terribles, leurs geôlières étant souvent plus cruelles que leurs «collègues» masculins. Abla raconte ainsi que les geôlières en charge «de l’aile féminine» sont des spécialistes de la torture morale, donnant aux détenues de fausses nouvelles de leurs familles, leur faisant écouter les cris de douleur de leurs parents, provenant des cellules d’interrogatoire proches et les humiliant dans leur condition de femmes. «Tous les moyens sont bons pour détruire les détenues , dit-elle, afin que si elles en sortent, elles ne soient plus que des loques…». La pudeur, le respect de la douleur empêchent de poser des questions plus précises et le silence se peuple de souvenirs pénibles. Tous les anciens détenus évoquent les mauvaises conditions d’hygiène à la prison, des promenades réduites au minimum, de l’eau au compte-gouttes, de la nourriture jetée comme à des chiens, la promiscuité, le manque de lumière, la crasse… À les entendre, on croirait voir défiler les séquences d’un film d’horreur, mais dans ce cas, la réalité dépasse la fiction. C’est d’ailleurs en pensant aux 155 prisonniers de Khiam (le chiffre varie chaque jour, et pour quatre personnes relâchées, les Israéliens arrêtent cinq autres), que les anciens détenus racontent aujourd’hui leurs histoires. Ils souhaitent désespérément que la prison soit fermée et c’est ce combat de tous les instants qui les aide à survivre. Y a-t-il un avenir après Khiam ? La réponse à cette question dépend de nous tous. Hier, le sit-in devant le siège de l’Escwa n’a peut-être pas attiré grand-monde, mais les messages de solidarité parvenus des territoires occupés et du Golan, ainsi que des détenus libanais dans les prisons israéliennes, et les protestations dans certaines capitales européennes et américaines ont montré un vaste élan de sympathie envers cette cause. Puisse-t-il se traduire concrètement par la fermeture de cette prison hors normes, qui n’honore ni Israël ni ses collaborateurs.
On s’attendait à une foule, il n’y avait que quelques dizaines de personnes. Apparemment, les Libanais avaient autre chose à faire que de manifester leur solidarité avec ceux qui réclament la fermeture de la prison infamante de Khiam. Pourtant, toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour accueillir les participants au sit-in : sécurité assurée par les FSI, présence de...