Les ratés des rats

Les agents britanniques envoyés derrière le front durant la dernière guerre disposaient d’un arsenal de gadgets qui auraient fait pâlir d’envie James Bond – s’il avait existé. Selon des documents confidentiels des Archives officielles, qui viennent d’être livrés à la curiosité du public, ces agents secrets pouvaient dissimuler une grenade dans une fausse betterave, un message dans un briquet trafiqué et des armes dans des bûches artificielles en plâtre. Pour les agents opérant en Italie, on avait prévu la bouteille de Chianti contenant à la fois du vrai vin et une bombe à retardement pour le faire pétiller dans les fêtes du régime fasciste. Mais le gadget le plus extraordinaire est sans doute le rat piégé. L’animal était dépecé et sa peau garnie de plastic avant d’être recousue sur son corps. Ces rats, plus redoutables morts que vifs, étaient destinés à être abandonnés près des chaudières ennemies – par exemple des locomotives – afin que, une fois découverts, ils finissent dans le foyer, provoquant un magnifique feu d’artifice. Mais les Allemands ont intercepté tout un conteneur de cette espèce particulière de rongeurs Made in Britain avant qu’ils ne soient devenus «opérationnels». Les maîtres-espions britanniques se sont consolés, d’après les documents, en constatant que la gigantesque chasse aux rats morts alors engagée par l’Allemagne l’a davantage perturbée que n’auraient réussi à le faire les rats piégés en explosant.