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Actualités - CHRONOLOGIE

Rugby - Mondial 99 Trois quarts dans la tradition, un quart inédit

La Coupe du monde de rugby reprend un visage traditionnel ce week-end avec les quarts de finale, nouvelle chance donnée aux nations européennes de se mesurer aux équipes affûtées de l’hémisphère sud. Seule la France n’aura pas à affronter un des trois «gros», Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud ou Australie. Le XV tricolore a hérité d’une Argentine en pleine euphorie qu’il affrontera dimanche à Dublin. Le même jour, l’Angleterre jouera l’Afrique du Sud au Stade de France, l’Ecosse affrontera les All Blacks à Murrayfield et les Gallois recevront dès samedi l’Australie à Cardiff. «Je pense que les demi-finalistes seront la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la France qui devrait battre l’Argentine, et l’Afrique du Sud», affirme déjà Pieter Rossouw, trois quarts aile des Springboks. Le dire aussi nettement paraît un peu prématuré, même si les deux grands chocs du premier tour entre Anglais et All Blacks d’une part, Ecossais et Sud-Africains de l’autre, ont déjà livré une part de vérité. Angleterre comme Ecosse ont fait jeu égal avec leurs rivales pendant près d’une heure avant de s’effondrer. Les Springboks sont prêts, aux dires de Rossouw. «Nous ne sommes pas favoris et c’est très bien comme ça. Nous jouerons sans pression et le public français sera derrière nous». Le XV de la Rose lui est inquiet. Notamment depuis son match de barrage contre les Fidji qui malgré le score sans appel (45-24) a laissé des traces dans les organismes et les esprits. Les ailiers Dan Luger et Austin Healey, l’arrière Matt Perry et l’ouvreur Jonny Wilkinson ont tous été sonnés par les joueurs du Pacifique et n’ont que trois jours pour se remettre d’aplomb. «Nous sommes un peu meurtris mais je pense que personne ne manquera à l’appel dimanche», dit l’entraîneur Clive Woodward. Ce dernier est surtout angoissé par les quelques lacunes défensives qui sont apparues à Twickenham. «L’Angleterre devra fortement hausser son niveau de jeu pour espérer battre les Springboks», estime l’entraîneur néo-zélandais des Fidjiens Brad Johnstone. «Quand on fait beaucoup circuler le ballon à la main, les Anglais sont vulnérables. L’Afrique du Sud possède une bien meilleure assise que nous pour libérer ensuite ses arrières». Malgré les sévères critiques de Johnstone, l’Angleterre apparaît depuis le début du tournoi comme l’équipe européenne la mieux préparée. La France méfiante L’Ecosse, championne d’Europe en titre, a livré une de ses plus belles parties pour écarter les Samoa, mieux organisée et plus puissante que les îliens. Cette victoire marque un nouveau succès pour le coach Jim Telfer qui a renforcé la cohésion de son équipe. A Murrayfield, dans un écrin déserté par les supporters, le coach de la Nouvelle-Zélande John Hart a assisté avec intérêt à la partie. «C’est une très bonne équipe. Ils ont un bon pack et Scott Murray et Doddie Weir gagnent tous les ballons en touche». Une statistique, cependant, n’est ignorée par personne : l’Ecosse n’a jamais battu les All Blacks en 20 confrontations et s’est déjà inclinée deux fois en quarts de finale d’un Mondial, en 1987 et 1995. Le match de samedi entre Galles et Wallabies s’annonce intéressant. L’Australie n’a rien montré encore, sinon une victoire logique face à une Irlande très moyenne. Mais aucune équipe, pas même la Nouvelle-Zélande, ne possède la force de pénétration que constitue le trio de trois quarts formé de Ben Tune, Tim Horan et Daniel Herbert. La priorité des Gallois, qui ont lourdement chuté de leur piédestal de dix victoires consécutives en s’inclinant devant les Samoa, sera de priver de ballons les arrières australiens. Sur le papier, la France est la plus favorisée. Paradoxalement, c’est en effet l’équipe européenne la plus décevante jusqu’ici – hormis l’Irlande – qui a les plus grandes chances de figurer dans le dernier carré. Les Bleus, qui ont perdu Christian Califano et Fabien Pelous, suspendus, redoutent pourtant les Pumas, dont la grande force est dans le cinq de devant. «L’Argentine est dans une dynamique de victoire et cela la rend particulièrement dangereuse», prévient l’entraîneur tricolore Jean-Claude Skrela. Argentine : quelques amateurs dans un monde professionnel Ils côtoient les plus grands et les plus riches. Amateurs dans un monde professionnel, les Pumas argentins se sont invités dans le club fermé des huit meilleures nations du rugby mondial. Depuis l’avènement du professionnalisme en août 1995, certaines fédérations ont intégré sans vergogne le monde de l’argent. D’autres ont hésité. Les Argentins ont refusé, préférant le confort sans soucis de l’amateurisme et ses corollaires, convivialité et promotion sociale. Cette posture n’a pas empêché certains joueurs de tenter l’aventure de l’argent en Europe. Huit des trente élements du groupe retenu pour la Coupe du monde évoluent en France ou en Angleterre (Bartolucci, Arbizu, Simone, Pichot, Grau, Reggiardo, Hasan, Scelzo). «Nous essayons de transmettre aux autres ce que nous apprenons, souligne le capitaine Lisandro Arbizu, exilé à Brive (France) depuis deux ans. La philosophie du rugby argentin est assez particulière. Elle tend à développer les capacités rugbystiques mais aussi humaines de chaque joueur». « Victoire coup de pouce » Si certains joueurs ont choisi la voix du professionnalisme, d’autres considèrent le rugby comme un aimable divertissement. Ainsi, le deuxième ligne Alejandro Allub, 23 ans, mettra un terme à sa carrière après la Coupe du monde pour se consacrer à ses études de médecine. Une telle défection pose de gros problèmes. Les solutions de remplacement sont rares. Il faut trouver l’oiseau rare au milieu de 30 000 licenciés. Loin du cas Allub, certains joueurs comptent sur la Coupe du monde pour attirer les recruteurs européens. Le demi d’ouverture Gonzalo Quesada, meilleur réalisateur depuis le début du Mondial, rêve ainsi d’une expérience européenne. «Ce qui manque surtout, lorsque l’on est en Argentine, c’est la multiplication des matches de haut niveau, engagés, estime Arbizu. Le rythme de jeu et le niveau de préparation sont bien moins élevés chez nous qu’en Europe». Pourtant, les Pumas possèdent certaines dispositions pour le rugby. La preuve ! Le rythme... professionnel (entraînements quotidiens) les a propulsés vers les quarts de finale de la Coupe du monde pour la première fois de leur histoire. «Pour une fois, le football va passer derrière nous dans les journaux, s’enthousiasme le demi de mêlée Agustin Pichot. Et si nous battons la France, nous offrirons à notre sport toute l’exposition qu’il mérite». Outre une plus grande médiatisation, le rugby argentin pourrait profiter de son nouveau statut pour améliorer ses structures. «Le rugby argentin n’a pas l’argent nécessaire pour mettre en place des structures professionnelles, estime Pichot. Peut-être que le fait d’accéder aux quarts de finale va nous donner un coup de pouce nécessaire». Les amateurs argentins ont des rêves de professionnels... Irlande, la grande désillusion L’élimination en barrages, face à l’Argentine, marque une rupture dans les progrès structurels et sportifs du rugby irlandais depuis dix-huit mois. Le constat est terrible. En quatre-vingts minutes d’un non-match perdu (28-24) face aux Pumas, les Irlandais ont effacé dix-huit mois de travail. «C’est très décevant, avoue le manager Donal Lenihan, ancien international. Depuis douze ou dix-huit mois, nous avions enregistré de gros progrès».L’arrivée de l’entraîneur néo-zélandais Warren Gatland à la tête de l’équipe nationale en février 1998 avait précipité une mini-révolution dans le rugby irlandais, parcouru par les conservatismes. De gros efforts financiers ont été faits pour «rapatrier» les joueurs évoluant en Angleterre comme le demi d’ouverture David Humphreys ou le deuxième ligne Paddy Johns. Un véritable championnat des provinces fut mis en place. Les premiers résultats furent prometteurs. L’Ulster enleva la Coupe d’Europe en janvier dernier, et l’équipe nationale commençait à tutoyer les meilleurs, comme lors de sa tournée en Australie où elle accrocha les Wallabies, victorieux «seulement» (32-26) lors du second test-match le 19 juin. L’Irlande, qui avait décentralisé ses stages de préparation dans tout le pays, rêvait d’un quart de finale à Lansdowne Road face à la France. Avec le secret espoir d’accéder au dernier carré de la Coupe du monde pour la première fois. La chance est passée. Pour la première fois l’Irlande sera absente des quarts de finale du Mondial. Outre certaines interrogations, cet échec pourrait remettre en cause la politique suivie depuis dix-huit mois. Pendant les travaux, les conservateurs silencieux rêvaient de revanche...
La Coupe du monde de rugby reprend un visage traditionnel ce week-end avec les quarts de finale, nouvelle chance donnée aux nations européennes de se mesurer aux équipes affûtées de l’hémisphère sud. Seule la France n’aura pas à affronter un des trois «gros», Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud ou Australie. Le XV tricolore a hérité d’une Argentine en pleine euphorie qu’il...