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Actualités - CHRONOLOGIE

Liberté d'expression - Marcel Khalifé devant les juges le 3 novembre La censure sévit contre le film "civilisés" de Randa Sabbag

La cinéaste franco-libanaise Randa Chahal Sabbag a protesté hier contre la censure, par la Sûreté générale, de plus de la moitié de son film, Civilisés primé par l’Unesco. Dans un communiqué, Randa Chahal Sabbag affirme que «la direction de la Sûreté générale a pris une décision étrange en coupant 47 minutes de mon film Civilisés dont la durée est de 90 minutes». «Il existe dans le monde arabe trois sujets tabous : le pouvoir, le sexe et la religion. La censure libanaise prend ces trois interdits à la lettre», écrit Mme Chahal Sabbag. «Au Liban, il est interdit de montrer un franc-tireur tirer contre un religieux et de montrer comment les miliciens ont échangé les obus et les insultes comme si les 200 000 victimes de la guerre du Liban étaient tombées entre 1975 et 1990 sous les coups d’échanges de fleurs», ironise-t-elle. «Au Liban, poursuit-elle, il est également interdit d’évoquer le sexe car le milicien n’a jamais une pensée sexuelle, normale ou perverse, envers une femme». La Sûreté générale a imposé la coupe de 47 minutes avant la projection du film sur le circuit commercial. Elle avait autorisé sa projection presque intégrale – sauf une séquence où l’on parle de sperme – lors du Festival international du cinéma de Beyrouth, tenu ce mois-ci. Le film Civilisés fait revivre quelques semaines de l’année 1980 dans le Beyrouth dévasté et déchiré qu’elle a connu et filmé pendant 13 ans à travers des portraits et des anecdotes. Le film, qui a obtenu l’aide du Centre national français de la cinématographie (CNC), a été coproduit par le Français Daniel Toscan du Plantier, Arte, France 2, le Studio Canal+, ainsi que par la Suisse. Il a été projeté cet été à la Mostra de Venise. Randa Chahal Sabbag avait refusé en septembre de partager le prix de l’Unesco avec un cinéaste israélien, ce qui lui avait valu les félicitations du ministre de l’Information «pour son courage». En soirée, la Sûreté générale a publié un communiqué réfutant l’argumentation de Mme Chahal Sabbag. Le communiqué de la SG expose sur ce plan, dans les moindres détails, les passages censurés, mettant l’accent explicitement sur les propos orduriers et injurieux que contient le scénario du film. La SG a également relevé tous les passages portant atteinte à la moralité ainsi qu’aux deux religions chrétienne et mahométane. Signalons par ailleurs – dans le chapitre des derniers déboires des artistes libanais avec la justice et les autorités en place – que le chanteur Marcel Khalifé, poursuivi en justice pour avoir «avili» l’islam, doit comparaître pour la première fois, début novembre, devant la Cour de première instance. Le juge Ghada Bou Karroum doit entendre le 3 novembre le chanteur Khalifé, accusé d’avoir porté atteinte à l’islam en ayant chanté un verset du Coran. Marcel Khalifé chante une chanson intitulée Ô Père, je suis Joseph écrite par un des plus célèbres poètes palestiniens, Mahmoud Darwiche, et incluant un verset du chapitre Youssef du Coran. La phrase incriminée est : «J’ai vu onze astres et le soleil et la lune se posternant devant moi». Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, avait affirmé être derrière les poursuites judiciaires engagées contre Marcel Khalifé, qui risque six mois à trois ans de prison. Les poursuites judiciaires, engagées le 2 octobre par le juge d’instruction Abdel Rahman Chéhab, «font suite à une plainte de Dar al-Fatwa», avait déclaré cheikh Kabbani. Prenant le contrepied de cheikh Kabbani, cheikh Mohammad Hussein Fadlallah, a pris la défense de Marcel Khalifé, estimant qu’«un poème est relatif à des aspects humanitaires et comprend un mot ou un verset ; il ne constitue aucune atteinte au Coran». L’action en justice contre Marcel Khalifé a soulevé une vague de protestations au Liban et à l’étranger, notamment de la part d’intellectuels arabes. Près de 2 000 personnes ont participé le 5 octobre à Beyrouth à un meeting de solidarité, alors que le “Forum culturel libanais”, une association regroupant des journalistes et des intellectuels libanais résidant en France, avait dénoncé les poursuites engagées par le parquet libanais. Le chanteur Khalifé a qualifié la décision de la justice de «totalement incompréhensible, irrationnelle et, surtout, inacceptable».
La cinéaste franco-libanaise Randa Chahal Sabbag a protesté hier contre la censure, par la Sûreté générale, de plus de la moitié de son film, Civilisés primé par l’Unesco. Dans un communiqué, Randa Chahal Sabbag affirme que «la direction de la Sûreté générale a pris une décision étrange en coupant 47 minutes de mon film Civilisés dont la durée est de 90 minutes». «Il existe...