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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Les perspectives de consensus s'éloignent Les leaders sunnites unis contre la division de Beyrouth

Selon un ministre politique, le principal obstacle à l’éclosion de la nouvelle loi électorale est le statut de Beyrouth. Conformément au principe de l’égalité de tous, la capitale devrait être tronçonnée en deux ou trois circonscriptions, à l’instar des autres mohafazats. Mais, tout à fait d’accord sur ce point avec M. Rafic Hariri, son grand rival, le président Sélim Hoss refuse obstinément que la ville soit divisée. Il va même jusqu’à refouler ses pulsions civiques, démocratiques ou laïques, pour indiquer qu’il ne parapherait pas un projet de loi comportant une telle dislocation. Même si le Conseil des ministres, suprême autorité exécutive du pays, devait l’adopter à la majorité des deux tiers ! Ce qui signifie que M. Hoss, qui ne rejette pas le principe fondamental de l’égalité et qui veut être logique avec lui-même, refuse finalement la formule de la circonscription moyenne, c’est-à-dire le fractionnement des mohafazats. On n’a donc rien fait, on reste à la case départ et les réflexes confessionnels prennent le dessus. Car il est évident que l’attitude du président Hoss, comme du reste celle du président Hariri, est dictée par le souci de leur communauté commune de garder le contrôle électoral de la métropole. Et de laisser l’est de la capitale sous son allégeance directe. M. Hoss ne cache pas d’ailleurs qu’il ne peut pas se résigner à accepter la division, car «la rue beyrouthine», entendre ses quartiers ouest, lui en voudrait. Aussi le président du Conseil a-t-il fait la sourde oreille aux conseils du chef de l’État, qui a vainement tenté de le rallier à l’idée de la moyenne circonscription, qui constitue après tout un compromis national entre les tenants de la grande et de la petite circonscription. Le prétexte invoqué par M. Hoss comme par M. Hariri est que Beyrouth la capitale, étant le siège du pouvoir central, doit rester unifiée pour garder son aura. De la littérature ou de la poésie en somme, pour masquer un objectif politique bien plus terre-à-terre. Selon le ministre cité, face à l’obstination du tandem Hoss-Hariri, les principaux scénarios envisagés se présentent comme suit : – Le pouvoir baisse les bras et renonce à diviser les mohafazats. Resterait alors à traiter le cas de M. Walid Joumblatt qui pour sa part tient absolument à ce que l’on disloque à son profit le Mont-Liban comme en 92 et en 96. L’obstacle pourrait être surmonté grâce à des garanties données à l’intéressé par les décideurs. – M. Hoss se laisserait convaincre de signer le projet de loi tel qu’envisagé, moyennant quoi il serait autorisé à rendre publique une note d’objection personnelle, qu’on inclurait du reste dans le procès-verbal de la séance du Conseil des ministres. Il couvrirait ainsi ses arrières politiques sur le plan de cette «rue beyrouthine» qui lui importe tant. En fait, certains n’hésitent pas à soutenir qu’un président du Conseil ou un ministre réticent n’ont tout simplement pas le droit de ne pas contresigner une quelconque décision prise par le Conseil après vote. En effet le règlement intérieur de cette instance précise en toutes lettres que par respect du principe de cohésion, la minorité est absolument tenue de se plier, sans réserve mentale, à la volonté exprimée par la majorité et d’en soutenir les choix une fois arrêtés. C’est ce que résume autrement le fameux slogan : un ministre se soumet ou se démet. – Le projet de loi divisant les mohafazats, dont Beyrouth, serait approuvé et la réaction de M. Hoss serait de démissionner. On formerait alors un Cabinet des élections dans les meilleurs délais. – Mais M. Hoss peut faire traîner les choses. Comme on sait, et le président Hraoui s’en était longuement plaint, la loi n’astreint pas les membres du Cabinet à des délais déterminés pour contresigner tel ou tel texte. La crise éclaterait alors tôt ou tard car le pays resterait sans loi électorale. La présidence de la République serait dans ce cas contrainte de prier M. Hoss de s’exécuter ou de rendre son tablier. S’il refuse toujours, le cas serait soumis pour arbitrage à l’Assemblée nationale, où la question de confiance pourrait être posée. – D’ailleurs certains proposent que dès maintenant l’Exécutif, qui ne parvient pas à se décider, passe le témoin à la Chambre. C’est cette institution qui prendrait l’initiative du nouveau code, par le biais d’une proposition de loi avancée par ses membres. – Enfin on n’exclut pas qu’en l’absence d’une intervention des décideurs, on laisse traîner les choses jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Ce qui serait un bon prétexte pour ressusciter, par un vote au Parlement, la loi de 96… sous les applaudissements frénétiques du bloc Joumblatt.
Selon un ministre politique, le principal obstacle à l’éclosion de la nouvelle loi électorale est le statut de Beyrouth. Conformément au principe de l’égalité de tous, la capitale devrait être tronçonnée en deux ou trois circonscriptions, à l’instar des autres mohafazats. Mais, tout à fait d’accord sur ce point avec M. Rafic Hariri, son grand rival, le président Sélim Hoss...