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Actualités - CHRONOLOGIE

Nous ne partirons pas avant d'avoir ramené nos fils

Natalia, Léna, Macha et Lioudmila pleurent ensemble le soir dans leur petite chambre de Mozdok (Ossétie du Nord, Caucase russe), désespérant de retrouver leurs fils envoyés sur le front tchétchène. Mais dans la journée, elles redoublent d’énergie pour obtenir des nouvelles de ces jeunes appelés qu’elles ont la ferme intention de ramener dans leur base de Nijni-Novgorod (Volga). «Nous ne partirons pas d’ici sans nos enfants», explique d’une voix décidée Natalia Kirkova, dont le fils de 18 ans a été appelé sous les drapeaux le 18 juillet. Comme celui de Léna, de Macha et de Lioudmila, le fils de Natalia avait été intégré dans le 245e régiment motorisé basé dans la région de Nijni-Novgorod. «J’étais tranquille car j’étais sûre qu’il faisait son service là-bas. Je savais qu’il y avait une loi interdisant l’envoi de jeunes appelés dans les zones de combats», raconte la quadragénaire, originaire d’Ivanovo (est de Moscou). «Mais, par hasard, par le fils d’une amie revenu du front, j’ai su que tout le 245e régiment motorisé avait été envoyé à Mozdok, non loin de la frontière tchétchène, le 14 septembre», poursuit-elle. Déroutée, elle s’adresse à l’Association des mères de soldats à Moscou qui reçoit depuis le début des bombardements en Tchétchénie les témoignages désespérés de dizaines de femmes prêtes à tout pour éviter à leur enfant une mort absurde. Avec trois autres mères, elle comprend que seulement sur place elle pourra agir avant qu’il ne soit trop tard. À son arrivée le 5 octobre à Mozdok, base militaire d’où partent les soldats russes pour la Tchétchénie, elle apprend que «son Andreï» est déjà dans la petite république indépendantiste. «Les militaires nous ont expliqué qu’ils attendaient l’arrivée de soldats engagés pour remplacer les jeunes recrues et qu’envoyer des conscrits s’était avéré nécessaire», dit-elle, peu convaincue par l’argument. «Ils savent qu’il faut payer les soldats engagés, mais ne veulent pas le faire, c’est pourquoi ils préfèrent envoyer des jeunes gars non formés à une mort certaine», s’emporte Natalia, totalement hors d’elle. «Nous voulons ramener nos enfants à Nijni-Novgorod, même à notre propre compte, pour qu’ils fassent leur service là-bas comme le prévoit la loi», martèlent les quatre femmes qui, chaque jour, inlassablement, frappent à toutes les portes de la base de Mozdok, leur seul recours. «Nous avons rencontré une dizaine de mères comme nous», explique encore Léna, selon laquelle 30 % des soldats du 245e régiment ont commencé leur service militaire entre mai et juillet.
Natalia, Léna, Macha et Lioudmila pleurent ensemble le soir dans leur petite chambre de Mozdok (Ossétie du Nord, Caucase russe), désespérant de retrouver leurs fils envoyés sur le front tchétchène. Mais dans la journée, elles redoublent d’énergie pour obtenir des nouvelles de ces jeunes appelés qu’elles ont la ferme intention de ramener dans leur base de Nijni-Novgorod (Volga)....