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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - L'ambassadeur d'Allemagne quittera Beyrouth demain Wittig a convaincu ses compatriotes que le Liban est redevenu un pays normal(photos)

Le soupir que l’ambassadeur d’Allemagne, M. Peter Wittig, a laissé échapper en annonçant à ses hôtes son prochain départ du Liban – durant la réception qu’il a donnée lundi soir à l’occasion de la Journée d’unité allemande – n’a trompé personne. Le diplomate quitte le Liban, le cœur gros. Il ne le cache pas d’ailleurs. Son épouse, Huberta, et sa petite fille, Valeska, sont encore plus tristes que lui. «Pour qu’elles arrêtent de pleurer, j’ai dû leur promettre de revenir en novembre», nous confie-t-il. Pourtant, la mission qui lui est assignée à Chypre n’est pas des moindres. Non seulement, M. Wittig présidera la mission diplomatique allemande à Nicosie, mais il a été en même temps nommé envoyé spécial de Bonn pour le règlement de la crise chyprio-turque, le gouvernement allemand étant soucieux de contribuer à la solution du problème de l’île, selon des sources diplomatiques. De sa mission à Chypre où il est attendu demain dimanche, le diplomate ne veut point parler… Il se montre en revanche particulièrement loquace en remémorant les trois années qu’il vient de passer dans notre pays, devenu aussi un peu le sien. Ses mots sont chargés de beaucoup de nostalgie. Une relation presque spéciale est née entre le diplomate et le Liban, «un pays dont la population a un énorme talent pour l’amitié». Au fil des trois années qu’il a passées à Beyrouth, M. Wittig s’est efforcé de consolider davantage les relations entre le Liban et l’Allemagne, sur le plan officiel. Mais, il s’est surtout employé à changer l’image assez triste que l’opinion publique allemande s’est faite du Liban pendant les années de guerre. Il était lui-même venu sans appréhensions. Et même quand ses amis l’avaient traité de «fou», parce qu’il avait décidé d’amener sa famille avec lui, sa seule réponse était: «Mais le Liban a changé ; il n’a plus rien à voir avec la guerre». Attirer les journalistes M. Wittig a pu convaincre ses compatriotes que le Liban est redevenu un pays normal : «Comme le côté médiatique est très important, j’ai beaucoup travaillé avec les médias allemands. Il fallait attirer les journalistes. Nous avons organisé des événements pour les amener au Liban. Nous avons aussi invité quelques groupes de journalistes au festival de Baalbeck, l’année dernière. Plusieurs parmi eux ont fait de merveilleux reportages sur le festival et sur le Liban». Parallèlement, l’ambassadeur s’est employé à attirer les délégations économiques et politiques au Liban pour développer les relations libano-allemandes et accroître la coopération dans divers domaines entre les deux pays. D’importantes personnalités politiques ont été reçues à Beyrouth. On se souvient notamment de la visite que M. Gerhard Schröder a effectuée en février 1998, quelques mois avant qu’il ne soit élu chancelier. Des postes ministériels ont été plus tard confiés à certaines personnes qui avaient accompagné M. Schröder, «ce qui fait que nous avons au sein du Cabinet des personnes qui connaissent le Liban». «On ne change pas l’image d’un pays du jour au lendemain. La mémoire collective ne se modifie que lentement, contrairement à la mémoire individuelle qui peut changer à la faveur d’un voyage, d’un événement. Quand un peuple se fait une certaine idée de quelque chose, il est difficile d’éliminer rapidement cette idée. Mais je crois qu’à notre niveau, nous avons réussi». Les chiffres donnés par le ministère du Tourisme sur la progression du nombre des touristes lui donnent raison. En 1998, le Liban avait accueilli, jusqu’en novembre, 25 527 touristes allemands contre 4 699 seulement en 1992. Pour eux, le Liban n’est plus un pays qui fait peur. M. Wittig se rappelle que le premier député allemand, qu’il avait reçu, lui avait demandé aussitôt arrivé au siège de l’ambassade, s’il pouvait appeler son épouse «pour la rassurer et lui dire qu’il est toujours en vie». Intérêts culturels et religieux Aujourd’hui, les Allemands qui ont des intérêts culturels ou qui sont intéressés par le tourisme religieux sont de plus en plus nombreux à visiter le Liban, assure-t-il. Mais, les relations libano-allemandes ne se limitent pas aux volets politique, économique ou touristique. Le diplomate se souvient avec quelle émotion il avait découvert l’existence de «relations de base» entre les deux sociétés allemande et libanaise, surtout au niveau des églises. Les jumelages entre diocèses allemands et évêchés du Mont-Liban ou du Sud ont donné lieu à de nombreux échanges de visites. «Nos églises ont été très généreuses durant la guerre ; cela continue heureusement», déclare M. Wittig avant de rappeler que Caritas Allemagne a fait don récemment de 300 000 marks à Jezzine. Il est particulièrement fier d’avoir pu aussi renforcer les relations culturelles entre le Liban et l’Allemagne et d’avoir consolidé la présence culturelle allemande au Liban. Un de ses succès sur ce plan est sans doute l’ouverture du musée de Baalbeck, qui a été inauguré en novembre dernier, à l’occasion du centenaire de la visite de l’empereur Guillaume II dans cette région. «J’ai essayé de renforcer aussi notre présence culturelle à travers l’Institut Goethe et l’Institut pour les études orientales ainsi que d’autres organismes et écoles allemands… Des bourses pour l’Allemagne sont accordées aux Libanais. Les relations culturelles me sont particulièrement chères. La culture, l’éducation, l’ouverture, le cosmopolitisme sont les meilleurs atouts des Libanais à part la gentillesse et l’amitié». M. Wittig, dont la fille était inscrite à l’IC, se dit «extrêmement impressionné» par le niveau des écoles au Liban. «C’est un grand atout pour le Liban. Je tiens beaucoup aux relations culturelles, insiste-t-il, j’ai appris énormément de choses ici et j’apprécie beaucoup la richesse culturelle et religieuse du pays». L’ambassadeur et son épouse se sont parfaitement intégrés à leur environnement libanais. «Nous sommes vraiment tristes. Nous étions ravis d’être ici. L’école est de première classe. Ma femme s’est aussi engagée dans quelques projets caritatifs et elle était bien intégrée». Pour elle, ce départ est comme une déchirure, mais l’ambassadeur a promis de revenir en novembre pour une visite privée. Il passera aussi les fêtes de fin d’année à Beyrouth et compte revenir plus tard pour skier dans nos montagnes. Après tout, Chypre n’est pas très loin.
Le soupir que l’ambassadeur d’Allemagne, M. Peter Wittig, a laissé échapper en annonçant à ses hôtes son prochain départ du Liban – durant la réception qu’il a donnée lundi soir à l’occasion de la Journée d’unité allemande – n’a trompé personne. Le diplomate quitte le Liban, le cœur gros. Il ne le cache pas d’ailleurs. Son épouse, Huberta, et sa petite fille,...