Hommage - Hamadé : une croix qui enveloppe tous les croissants Concert et gala royaux à Versailles au profit de l'Ordre de Malte au Liban

Soirée «royale» dans toute l’acception du terme pour les œuvres de l’Ordre de Malte au Liban : concert eu la chapelle royale de Versailles, dîner de gala dans la galerie des Batailles du château de Versailles, les 450 personnes venues soutenir Édouard et Françoise de Lobkowicz ont eu droit à tous les fastes. En effet, sous le haut patronage de Mme Jacques Chirac, l’ambassadeur de l’Ordre souverain de Malte au Liban et SAR la princesse Édouard de Lobkowicz, avaient réuni au soir du 4 octobre leurs invités dans le cadre exceptionnel de Versailles, illuminé pour l’occasion et où les convives ont d’abord suivi le concert des musiques des chapelles royales en Europe à l’époque baroque. Westminster avec Henry Purcell (1659-1695), Madrid avec José de Torès (1665-1738), Vienne avec Johan Caspar Kerll (1627-1693) et d’admirables Kyrie, Sanctus, Agnus de la messe «cujus toni», Rome et la chapelle Sixtine résonnant d’un Miserere de Gregorio Allegri (1582-1652) et enfin le «Cantate Domino» de Henry du Mont (1610-1684) spécialement composé pour la chapelle royale de Versailles, dont les petits chanteurs se sont exceptionnellement distingués sous la direction de Jean-François Frémont. Ensuite ce sera le défilé des invités à travers la galerie des Glaces et les appartements du Roi Soleil avant de participer au dîner servi dans la galerie des Batailles où sont accrochés de superbes tableaux des victoires de la France (dont certaines de Delacroix) et où figurent les noms des amiraux, maréchaux, généraux et soldats célèbres tombés pour la France. Là les invités se sont retrouvés nombreux : des représentants du gotha royal et princier d’Europe (archiducs d’Autriche, duc et duchesse d’Orléans, princes et princesses de Savoie), MM. Hervé de Charette et Jean Bernard Raimond, des sénateurs et députés français, de grosses fortunes (dont Mme Bettencourt), Mme Boutros Boutros-Ghali, l’ambassadeur Jean-Pierre Lafon, des académiciens (dont Maurice Druon) côtoyaient les nombreux «supporteurs» libanais de l’Ordre de Malte : Mmes Élias Hraoui et Rafic Hariri, l’ancien président Amine Gemayel, d’anciens ministres, des députés et des hommes d’affaires, Mgr Ghofril Saliby et bien d’autres... Au cours du dîner (gracieusement offert par M. Samir Mokbel au profit des œuvres) le prince de Lobkowicz, son fils Henri et M. Marwan Sehnaoui ont présenté le résultat des œuvres, soulignant l’unification des efforts entre l’ambassade de l’Ordre au Liban et l’association libanaise récemment créée. Puis le député Marwan Hamadé, ancien ministre de la Santé, a prononcé le mot – et les remerciements – du Liban, dont voici le texte : «Madame la Présidente, Altesses, Excellences, Mesdames et Messieurs, «Plus long qu’une traversée du désert, plus périlleux qu’une descente aux enfers, le parcours des Lobkowicz et de l’Ordre de Malte au Liban mériterait bien un paradis. Ayant eu l’honneur de les suivre, et le privilège de les admirer, je ne pêcherai pas ce soir, devant vous, ni par défaut de gratitude ni par manque de loyauté. «À Versailles, certes, en ces lieux mémorables, venant d’un Liban pacifié et résolument tourné vers l’avenir, nous serions tentés d’occulter le passé. Mais votre patronage, Madame Chirac, qui traduit l’amitié fidèle et profonde que vous portez, le président et vous-même, le gouvernement et le peuple de France à notre pays, nous imposent devant cette assemblée généreuse un constat pour l’Histoire. «Alors que de nombreuses institutions s’essoufflaient dans des courses plus médiatiques que caritatives, les Chevaliers de Malte ont toujours confirmé leur vocation de chevaliers du cœur. Pour Françoise et Édouard, la mission prenait, dans un Liban à feu et à sang, des allures de sacerdoce. «Il leur fallait bien cela, pour traverser les lignes, franchir les barricades, braver les milices, esquiver les francs-tireurs et contenir les intégristes de tous bords. Malgré les dangers et parfois les brimades, à aucun moment, dans aucun lieu, en aucune circonstance, vos ambassadeurs n’ont pratiqué la moindre discrimination ou manifesté la plus petite préférence. «Votre drapeau frappé de la croix a pu ainsi envelopper tous les croissants, flotter sur toutes les croyances, habiller toutes les idéologies avec pour seul ami “l’homme”, pour unique ennemi la “souffrance”. «Aujourd’hui, les unités de soins hospitaliers, les dispensaires fixes ou mobiles opèrent sur l’ensemble de notre territoire. De remarquables religieuses, sœurs de Besançon ou antonines, Filles de la Charité veillent au bon fonctionnement d’un réseau qui est le produit de votre générosité et de votre persévérance. Chaque médicament distribué, chaque acte médical accompli témoignent d’une remarquable réalisation. Rien n’aurait pu se faire si vous n’y aviez pas cru. Rien n’aurait pu se faire si vous n’y aviez pas contribué. «Seules une bonté profonde et une foi sans limites peuvent expliquer un succès qui frise le miracle. «Oui, Mesdames et Messieurs, ces gestes de solidarité qui ont si bien pansé nos blessures de guerre cimentent aujourd’hui notre unité retrouvée. Certes le Liban se bat toujours pour libérer ses territoires occupés par Israël, mais plus que les conventions entre États, mieux que les accords entre belligérants, vous avez su donner au Liban la véritable paix : celles des cœurs qui va bien au delà du silence des armes. Cette paix, le pape Jean-Paul II lui apportera d’ailleurs, dans son exhortation apostolique, la suprême consécration. Le Liban pour lui est un message au monde. «Porteurs de ce message, Édouard et Françoise ont bien mérité votre confiance. Ils méritent, tout autant, notre gratitude. «Aussi, un peu comme Napoléon après Austerlitz, nous pourrions dire de ce couple princier, qui était à Kefraya, à Roum, à Kobbeyate, à Bhannès ou à Siddiquine. «Voici un “brave”. Voici une “sainte”. «Je vous remercie».