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Actualités - ANALYSE

Les escarmouches ne cessent toujours pas Reprise de la controverse sur les prérogatives

Décidément les Syriens ont autant de mal que les Américains à faire respecter la trêve, les uns sur le front intérieur libanais, les autres au Sud du pays. Sur le plan politique, la semaine se termine sur un climat morose que des déclarations incendiaires pourraient animer aujourd’hui et demain, comme ce fut le cas pour le précédent week-end. Si les échanges d’artillerie lourde ont diminué d’intensité entre ténors après la pressante intervention du général Ghazi Kanaan auprès des présidents Berry, Hoss et Hariri, de venimeuses tirades n’ont pas cessé d’opposer en coulisses loyalistes et opposants de seconde zone. Ces derniers affirment que les gens en place trahissent Taëf, dans son esprit comme dans sa lettre. Une accusation assez plaisante car les accords en question ont été dénaturés, tronqués, partialement et partiellement appliqués dès le début. Mais surtout sous le règne de la troïka qui s’était érigée en un système de pouvoir n’ayant rien à voir, ni de près ni de loin, avec Taëf. Comme en attestaient ces aberrations qui avaient pour nom la désignation de députés en 91 ainsi que les élections sur des bases inégales de 1992 ou de 1996. Comble d’ironie, ce sont aujourd’hui ceux que l’on appelle les trois H de Taëf – MM. Hoss et Husseini d’un côté, M. Hariri de l’autre – qui se disputent à son propos. Pour se reprocher mutuellement d’avoir affaibli la composante politique mahométane du pays à travers une trop grande complaisance à l’égard de la partie chrétienne du pouvoir. On notera dans ce cadre que ces derniers temps, M. Sélim Hoss et M. Michel Murr, que certaines frictions avaient opposés ces dernières semaines, semblent s’être entendus pour faire front commun face à l’opposition. Ainsi le vice-président du Conseil a rencontré le président de l’Assemblée nationale – qui a lui-même mis de l’eau dans son vin depuis l’intervention du général Kanaan – pour dénoncer notamment les «inadmissibles calomnies» que les opposants répandraient sur les responsables. M. Murr a mis l’accent sur les attaques dirigées contre lui. Puis il a évoqué son projet de décentralisation administrative, critiqué par certains comme étant une hérésie par rapport aux préceptes de Taëf. Blessé de se voir accusé par ses détracteurs d’abus de pouvoir, M. Murr a dit à M. Berry qu’il souhaitait reprendre le texte du projet de loi, maintenant transmis à la Chambre. Et ceci pour en gommer les passages qui prévoient que tout devrait en définitive dépendre du ministre de l’Intérieur. Le président de l’Assemblée l’en a dissuadé en lui indiquant qu’il allait demander aux députés membres de son bloc parlementaire de soutenir à fond le projet Murr après quelques retouches concernant les prérogatives du ministre de l’Intérieur ainsi que des mohafez ou des caïmacams. Et en précisant qu’il prendrait soin de présider en personne les réunions des commissions conjointes appelées à plancher sur la décentralisation administrative. Quoi qu’il en soit, dans les salons, les opposants se déchaînent en parlant de «gouvernement fantoche, politiquement inexistant». Et les loyalistes répondent que cette virulence «prouve par elle-même l’échec de l’opposition qui a toujours rêvé, mais en vain, de dresser le président de la République contre le président du Conseil». On note par ailleurs avec intérêt que dans ce concert, l’Est politique fait entendre sa voix. Selon l’ancien député et ministre M. Pierre Hélou qui préside actuellement la Ligue maronite, le régime présent s’efforce d’appliquer Taëf d’une saine manière. Notamment en ce qui a trait aux prérogatives du chef de l’État qui s’étaient amincies sous le précédent régime. Au point que le titulaire de l’époque en était venu à protester publiquement contre la réduction de son rôle.
Décidément les Syriens ont autant de mal que les Américains à faire respecter la trêve, les uns sur le front intérieur libanais, les autres au Sud du pays. Sur le plan politique, la semaine se termine sur un climat morose que des déclarations incendiaires pourraient animer aujourd’hui et demain, comme ce fut le cas pour le précédent week-end. Si les échanges...