Vols réservés

C’est avec beaucoup d’égard, voire énormément de considération, que les deux compagnies aériennes jouissant en partenariat du monopole de transport Paris-Beyrouth – et vice-versa – devraient traiter leurs clients. Ceux-ci ne sont pas des clients ordinaires, tous les ordinateurs des deux compagnies vous le démontreront aisément. Ils ont en effet été programmés pour tarifer au maximum imaginable un vol de moins de 3 000 kilomètres. Voilà bien l’un des vols les plus chers du monde, l’un des kilomètres/dollar les plus coûteux de la planète, l’un des plus onéreux itinéraires de l’univers ! À ces prix, les voyageurs en classe économique sont des gaspilleurs, et ceux en classe affaires n’en font pas une du tout ! Il va sans dire qu’une telle exploitation de ligne aérienne va finalement bon train... Sans oublier surtout que pour effectuer la trajectoire ruineuse, les réservations n’y sont enregistrées que sous réserve d’annulation intempestive de la part de l’exploitant ! J’en connais – ils sont légion, comme tous les mal informés du monde – qui en ont fait l’amère expérience. Devant l’hôtesse d’accueil chargée cette fois de vous éconduire, froide et impitoyable, vous devenez brusquement un voyageur indésirable, victime d’une désorganisation programmée : le surbooking. Vous aurez beau supplier, mendier un regard, faire valoir vos numéros de confirmation de vol (et crier au vol confirmé) : vos réservations étaient faites sous toute réserve. Sous réserve de surprise...