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Actualités - ANALYSE

Tout tourne autour du découpage Plusieurs formules sont sous étude

Les services qualifiés du ministère de l’Intérieur, dont la prévenance est sans pareille, ont préparé à l’intention du gouvernement plusieurs projets distincts de découpage des circonscriptions, en expliquant les avantages et les inconvénients de chacun d’eux. Comme cela, le jour où le Conseil des ministres se décidera enfin à plancher sur la loi électorale, la moitié du travail lui aura été mâchée. Ces propositions de configuration électorale s’énumèrent comme suit : – Le mohafazat comme base de circonscription. C’est la solution prévue dans les accords de Taëf. Mais elle se heurte comme on sait à une violente opposition de la part de M. Walid Joumblatt. Le leader druze affirme en effet qu’à une échelle aussi large les minorités se diluent dans de grands ensembles communautaires et perdent de leurs droits. Pour que M. Joumblatt admette cette formule, il faudrait réduire les élections à un simple simulacre. C’est-à-dire former une liste absolument imbattable dans laquelle on lui réserverait un certain nombre de sièges. De plus, les chefs de file de cette coalition auraient à donner de sérieuses garanties qu’il n’y aurait pas de panachage des bulletins de vote de la part de leurs gens en faveur de candidats d’autres listes, s’il y en a encore… – Le caza pour une première sélection puis le mohafazat pour l’élection. Cela permettrait de concilier l’exigence d’une représentativité de proximité solide et l’impératif de brassage intercommunautaire. Mais la décision se faisant à un échelon élargi, il y a un risque que des candidats ayant obtenu 50 % ou plus de voix dans leur patelin, ce qui prouve leur représentativité, chutent au niveau du mohafazat face à des concurrents nettement moins populaires, mais qui auraient bénéficié des voix données par leur liste. Le jeu serait donc, après avoir franchi la barre des 25 % au niveau du caza, de s’assurer une place dans le fameux «bus», la liste dite principale soutenue par diverses puissances. Autrement dit, on se retrouverait pratiquement dans le même système que le mohafazat direct, sans présélection. De plus, un scrutin à deux tours est coûteux pour les finances publiques et nettement plus difficile à organiser administrativement. Sans compter qu’on ne saurait que faire si, dans un caza donné, aucun des postulants, qui seraient légion, ne décrochait les 25 %. – Adopter dans le mohafazat le système de la proportionnelle de préférence au majoritaire habituel, pour permettre la représentation des courants ou partis en fonction de la proportion de voix qu’ils obtiennent sur le nombre total des suffrages exprimés. Un système qui ne peut pas être appliqué au Liban, étant donné que la vie politique n’y est pas régie par les partis ou courants, mais majoritairement par des individualités ou des familles. Sans compter que la proportionnelle est difficile à expliquer aux électeurs et que le temps manque désormais pour le faire. – Enfin, la division de chacun des cinq mohafazats actuels en deux ou en trois circonscriptions. C’est ce que l’on appelle la solution médiane, à mi-chemin entre le mohafazat et le caza. Ce fractionnement se heurte au refus de leaders beyrouthins de poids, qui ne veulent pas que la capitale soit charcutée parce qu’ils veulent en conserver le contrôle et faire élire, par exemple, des députés qui ne représenteraient pas l’Est politique, mais leurs propres vues. Cette optique est soutenue par les décideurs qui ne souhaitent pas que l’Est politique refasse surface. Parallèlement, les figures de proue du Sud comme du Nord sont hostiles à cette formule qui réduirait leur contrôle de députés de moitié ou des deux tiers. De plus, le fractionnement produirait des disparités, en nombre d’électeurs comme en nombre de sièges, entre les mohafazats et affecterait les équilibres politiques confessionnels. Quoi qu’il en soit, le gouvernement dispose maintenant des alternatives susmentionnées. Va-t-il s’en servir pour faire ses choix, ou va-t-il comme de nombreuses mauvaises langues lui en prêtent l’intention, les transmettre à la Chambre pour se décharger de cette responsabilité et laisser le Parlement élaborer la nouvelle loi électorale à sa place ?
Les services qualifiés du ministère de l’Intérieur, dont la prévenance est sans pareille, ont préparé à l’intention du gouvernement plusieurs projets distincts de découpage des circonscriptions, en expliquant les avantages et les inconvénients de chacun d’eux. Comme cela, le jour où le Conseil des ministres se décidera enfin à plancher sur la loi électorale, la moitié du...