Une longue histoire

Si Zghorta n’a été habité continuellement que depuis le XVIe siècle, Ehden a, pour sa part, des racines plus profondes. «L’église de Mar Méma qui date de 749 est consacrée premier édifice maronite du Liban», explique M. Antoine el-Kawal. Ce village de montagne a connu les atrocités des invasions mamelouks de 1283. Après un siège de quarante jours, il a été dévasté et ses habitants massacrés. Cette période troublée a évidemment marqué la région qui ne reverra de jours heureux qu’avec les émirs Maan, au XVIIe siècle. C’est à cette époque que les chefs de la localité d’Ehden sont devenus les gouverneurs de Joubbet-Bécharré. Ses évêques envoyés à l’école maronite de Rome étaient d’éminents patriarches. «La première imprimerie au Moyen-Orient, qui se trouve au monastère de Kozhaya, a été déposée dans ce lieu sacré suite à une démarche du patriarche Youhanna Makhlouf», souligne M. el-Kawal. «Il est important de relever que les habitants de la localité ont largement soutenu l’émir Fakhreddine II dans son combat pour l’indépendance du Liban», ajoute-t-il. En fait, il a été l’invité des notables d’Ehden après sa victoire sur les émirs Saifa du Akkar. Cependant, l’aspiration à l’indépendance du pays était pour les habitants d’Ehden une foi et un combat poursuivi même après Fakhreddine. Youssef Bey Karam est surnommé «héros du Liban» suite à sa lutte contre l’occupation ottomane. Et les batailles qu’il a engagées ont eu lieu dans toutes les régions du pays. Quant à ses idées politiques arabisantes, elles ont vivement influencé la vie politique de sa ville d’origine au XXe siècle. Après l’indépendance, Ehden a largement contribué, grâce aux politiciens de ses différentes familles, à la Constitution actuelle du Liban. Hamid Frangié est l’un des artisans de l’indépendance et deux anciens présidents de la République sont originaires de ce village, Sleiman Frangié et René Moawad.