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Actualités - ANALYSE

Retrait - L'annonce de Barak met les analystes en émoi Divergences de vues quant aux intentions réelles d'Israël

Tandis que les autres prennent décisions et initiatives, les Libanais «analysent». Ainsi, l’annonce par Barak d’un retrait avant juillet prochain a aussitôt provoqué une rafale de rapports adressés aux autorités locales par des diplomates qui se considèrent tous comme des spécialistes insurclassables du dossier régional. Et comme tous les experts, ces diplomates étalent des points de vue parfaitement divergents qui s’annulent réciproquement. – Certains d’entre eux soutiennent que Barak utilise la carte libanaise pour faire pression sur la Syrie pour la porter à accepter ses conditions concernant la reprise des négociations. Celles-ci repartiraient du point qu’elles avaient atteint, comme l’exige Damas, mais sans définition de ce stade. Autrement, dit ce fameux point qui a été atteint, et qui en pratique tient dans l’engagement pris par Rabin de rendre le Golan, serait encore à négocier. On sait, en effet, que la restitution du haut plateau n’est pas vue de la même manière par les deux parties. Les Syriens veulent qu’on revienne à la frontière du 4 juin 1967. Alors que les Israéliens veulent, au nom d’un tracé frontalier antérieur à la création de leur État, garder la zone aqueuse de Houmma. Ils demandent en outre, pour ne pas perdre les investissements qu’ils ont fournis et qui ont considérablement valorisé le Golan, que l’exploitation économique ou touristique du secteur soit partagée. De plus, les Israéliens soutiennent que Rabin n’avait pas vraiment pris d’engagement. Selon eux, il aurait simplement, dans le cadre des négociations, demandé aux Syriens ce qu’ils seraient prêts à concéder au cas où on leur rendrait tout le Golan. Toujours d’après Tel-Aviv, l’ancien Premier ministre israélien voulait être fixé sur la question des relations bilatérales ultérieures, des échanges d’ambassadeurs, de l’ouverture des frontières, estimant qu’à une restitution totale de territoire devrait correspondre une normalisation totale des rapports entre les deux pays. Toujours selon les Israéliens, les Syriens n’avaient pas encore répondu officiellement aux questions posées par Rabin quand les pourparlers ont été interrompus à la suite de l’assassinat du leader travailliste et de l’avènement de Netanyahu. Barak à son tour, affirment ces rapports diplomatiques, n’accepterait de rendre tout le Golan que moyennant une normalisation complète, impliquant des projets communs dans la région. Sinon, il garderait Houmma. – À part la pression sur la Syrie, ajoutent ces rapports, Barak veut que le Liban accepte des dispositions de sécurité au Sud et dans la Békaa-Ouest. S’il continue à s’y opposer, Israël procéderait à un retrait «unilatéral» dans les dix mois. Après quoi, le Liban et la Syrie seraient tenus pour responsables de toute katioucha tirée en direction de la Galilée, de toute infiltration à travers la frontière. Ce qui signifierait que la riposte pourrait être très dure et aller loin en profondeur. Autrement dit, les Libanais et les Syriens devraient, après le retrait israélien, neutraliser le Hezbollah et l’empêcher d’appliquer le précepte khomeyniste qui commande la poursuite de la lutte à outrance contre Israël jusqu’à la libération de Jérusalem. Dans le même sens, Israël estime que les actions menées contre lui par les Libanais ne peuvent en aucun cas se poursuivre après son retrait du Sud sous prétexte que le Golan n’a pas encore été libéré. – D’autres rapports diplomatiques affirment pour leur part que Barak n’est pas du tout sérieux quand il promet de se retirer du Sud avant juillet prochain. Selon ces analyses, le Premier ministre israélien n’évoque cette éventualité que pour gagner du temps face à son opinion publique, largement favorable au retrait. En réalité, estiment les diplomates, Barak qui a commandé l’armée israélienne pense comme beaucoup de généraux sionistes que la sécurité de la Galilée impose le maintien de l’occupation du Liban-Sud. Et que le seul autre volet de l’alternative permettant le retrait est que cette sécurité soit garantie par la Syrie. Ce qui implique évidemment que le cas du Golan aura d’abord été réglé, objectif qui, selon ces diplomates, peut difficilement être atteint avant deux ou trois ans.
Tandis que les autres prennent décisions et initiatives, les Libanais «analysent». Ainsi, l’annonce par Barak d’un retrait avant juillet prochain a aussitôt provoqué une rafale de rapports adressés aux autorités locales par des diplomates qui se considèrent tous comme des spécialistes insurclassables du dossier régional. Et comme tous les experts, ces diplomates étalent des points...