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Actualités - OPINION

Tribune Après la visite d'Albright

Les dirigeants libanais perçoivent-ils l’ampleur des changements en cours dans la région ? Depuis l’élection, le 17 mai, de Barak, la situation connaît une évolution très rapide. Tout d’abord au niveau des Palestiniens et des Israéliens qui ont finalement conclu un accord sur l’application du mémorandum de Wye Plantation. Cet accord avait été précédé d’une mise hors la loi du Hamas en Jordanie – qui s’était déjà désisté de ses responsabilités concernant les Lieux saints au profit de l’Autorité palestinienne – et de retrouvailles entre Arafat et les chefs des deux principales organisations rivales du Fateh, le FPLP et le FDLP. À la périphérie du Proche-Orient, l’Iran qui a connu de violentes émeutes estudiantines se rapproche de la Turquie après une série d’incidents dont notamment un bombardement turc de positions kurdes situées en territoire iranien. Les deux pays qui étaient au bord de la guerre sont parvenus à un «accord de sécurité» pour lutter contre le terrorisme, chaque pays s’engageant à «nettoyer son territoire». L’Irak qui multiplie les gestes d’ouverture est engagé dans une course contre la montre : la visite du Pape prévue pour décembre lui permettra-t-elle d’éviter une inculpation du président irakien pour «crimes de guerre» et un renversement du régime ? La recomposition en cours du paysage régional s’arrête aux frontières du Liban et de la Syrie. Sur le front syro-israélien, la situation semble, en effet, bloquée malgré les échanges d’amabilités qui ont suivi l’élection de Barak et la promesse du président Clinton de contribuer «personnellement» à la relance du processus de paix. La dernière visite d’Albright à Damas n’a pas donné les résultats escomptés. Israël en a d’ores et déjà profité pour lancer un raid, mardi dernier, contre des positions situées à proximité de la frontière libano-syrienne alors que rien au Liban-Sud ne justifiait pareille escalade. Faut-il y voir une relance des pressions sur la Syrie ? La visite d’Albright à Beyrouth permet de le supposer. La secrétaire d’État a, en effet, soulevé une série de problèmes litigieux – arrêt des opérations de la Résistance au Sud, mise en jugement des auteurs d’attentats antiaméricains, retrait des forces étrangères du Liban – qui sont autant de messages adressés à Damas. Ces pressions sont-elles le prélude à une négociation «chaude» ? Peuvent-elles déboucher sur un nouveau cycle de violence dont le Sud serait, une nouvelle fois, le point de départ ? Il est évidemment tôt pour avoir des réponses à ces questions. Comment les dirigeants libanais réagissent-ils à cette situation? Force est de constater que le pays est dans un état d’apesanteur inquiétant. La seule question dont il est permis de débattre est celle de l’implantation des Palestiniens. Or cette question ne devrait pas faire l’objet de marchandages entre les Libanais – comme cela semble être le cas aujourd’hui dans les réunions préliminaires pour la tenue d’un congrès national –, car le rejet de l’implantation est inscrit dans la Constitution. Tout ce qui est demandé à nos dirigeants est de traduire politiquement, en termes concrets, une position de principe qui n’est pas soumise à discussion. Yasser Arafat vient d’ailleurs de renforcer la position libanaise en affirmant que l’implantation était un «crime» et que les réfugiés palestiniens sont appelés à devenir citoyens d’un État qui «existe déjà». Plutôt que de lutter contre des moulins à vent, nos dirigeants devraient donner la priorité en ces temps difficiles à la question de l’unité nationale. Les Libanais ne peuvent pas affronter les échéances à venir en rangs dispersés. Il est impératif d’assurer leur participation réelle aux décisions qui vont engager leur avenir national. Cette participation nécessite un changement radical dans la perception des réalités politiques. Il ne s’agit pas de prendre les mêmes et de recommencer, pas plus qu’il ne saurait être question de «changer», dans les semaines qui viennent, la classe politique. Il faut s’adresser à ceux que les Libanais considèrent, à tort ou à raison, être leurs représentants réels et instaurer avec eux un dialogue sur les moyens d’assurer notre survie nationale. Dans les grands tournants de l’histoire, la politique ne peut pas se réduire à la simple gestion des affaires publiques. L’État et l’opposition devraient impérativement le comprendre et mettre de côté, ne serait-ce que pour un moment, leurs conflits d’intérêts.
Les dirigeants libanais perçoivent-ils l’ampleur des changements en cours dans la région ? Depuis l’élection, le 17 mai, de Barak, la situation connaît une évolution très rapide. Tout d’abord au niveau des Palestiniens et des Israéliens qui ont finalement conclu un accord sur l’application du mémorandum de Wye Plantation. Cet accord avait été précédé d’une mise hors la loi...