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Actualités - DISCOURS

Le texte de l'intervention présidentielle

Le président de la République, le général Émile Lahoud, a réaffirmé avec force le refus du Liban d’accepter l’implantation de réfugiés palestiniens sur son territoire. Dans le discours qu’il a prononcé lors du VIIIe sommet de la francophonie qui s’est ouvert hier au Nouveau-Brunswick (Canada), le chef de l’État a estimé que l’éventuelle implantation des Palestiniens au Liban constitue «un obstacle majeur à la conclusion d’une paix juste et globale au Proche-Orient». Il a par ailleurs déclaré que le fait d’«envisager le problème des réfugiés sous son seul aspect humanitaire, en ignorant sa dimension politique, serait dangereux et illusoire». Il faut rappeler que le Canada préside la commission chargée du dossier des réfugiés palestiniens aux négociations de paix multilatérales. Voici le texte intégral du discours prononcé par le président Lahoud : «Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement, «Monsieur le secrétaire général, «Je voudrais tout d’abord remercier vivement le Premier ministre du Canada, M. Chrétien, ainsi que le Premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Lord, pour l’accueil de ce sommet de la francophonie. Cet accueil est en tout point conforme à la tradition d’un peuple aussi hospitalier et généreux que le peuple du Canada. «Mesdames et Messieurs, «Établi au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour maintenir la paix et la sécurité du monde, le système international encore en vigueur aujourd’hui est fondé sur les principes de la souveraineté des États, l’inviolabilité des frontières, la non-ingérence dans leurs affaires internes et le règlement pacifique des conflits dans le cadre régulateur des Nations unies. «Mais c’est moins sur le respect de ces principes que sur l’équilibre global des forces, dont la dissuasion nucléaire fut l’expression, que ce système a, pendant un demi-siècle, reposé. «S’il a réussi à prévenir une déflagration mondiale, il s’est néanmoins accompagné de conflits régionaux qui ont, ici et là, ensanglanté le monde. Aussi, une tendance est-elle progressivement apparue en vue de faire évoluer ce système. «La première manifestation de cette tendance a consisté, dans les années 70, à favoriser au sein des Nations unies l’émergence d’un nouvel ordre économique international dans le cadre du dialogue Nord-Sud. Car, de même que sur le plan interne, la sécurité des États ne peut être assurée par le seul respect des droits civils et politiques, mais requiert la reconnaissance des droits économiques et sociaux des plus défavorisés, de même la paix internationale ne peut être instaurée sans une répartition équitable des richesses et des ressources entre les nations. «C’est à un nouveau réaménagement du système international que nous assistons aujourd’hui. À la faveur du contexte mondial résultant de la fin de la confrontation entre les blocs occidental et soviétique, l’action internationale visant à maintenir la paix et la sécurité semble désormais s’articuler autour de notions nouvelles telles que la souveraineté relative, la mondialisation, le devoir d’ingérence, la prééminence des droits de l’homme par rapport à la souveraineté des États. On assiste même à une tendance au contournement des Nations unies et notamment du Conseil de sécurité. «La communauté internationale, en particulier les pays ayant le français en partage, est interpellée par cette évolution. «Quant à nous, il nous semble prématuré, voire dangereux, de proclamer la fin du système international dès 1945 et l’instauration définitive d’un ordre nouveau. C’est la réforme de l’Organisation des Nations unies, conformément au programme établi par le secrétaire général Kofi Annan en 1997, et non sa marginalisation qui reste le meilleur moyen de prévenir les conflits et de préserver la paix et la sécurité du monde. Mais cette réforme ne saurait dispenser de l’application effective des résolutions déjà prises par les Nations unies. «Prenons l’exemple du Liban. Voici plus de vingt-et-un-ans que le Conseil de sécurité à exigé le retrait total et inconditionnel des forces israéliennes de tout le territoire libanais, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité. «Cette résolution, adoptée le 19 mars 1978, est malheureusement restée sans exécution. La Force intérimaire des Nations unies pour le Liban-Sud, créée par le Conseil aux fins de confirmer le retrait des forces israéliennes, n’a toujours pas réussi à s’acquitter de l’essence de son mandat. «Au cours de ces années, les forces israéliennes ont multiplié leurs attaques contre le Liban et leurs exactions contre la population civile en général et les jeunes en particulier : détention arbitraire, torture, déportation. «Tout dernièrement, faisant fi de l’accord d’avril 1996 et du droit international, Israël a lancé, en juin dernier, des raids aériens meurtriers contre des cibles civiles au Liban, tuant et blessant des dizaines de victimes innocentes et causant de très importants dégâts matériels. «Vous comprendrez, Mesdames, Messieurs, que face à cet état de fait, et en attendant l’application définitive de la résolution 425 du Conseil de sécurité, le peuple libanais se soit mobilisé pour résister à l’occupation israélienne du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest et libérer son territoire. «Mais pour nécessaire qu’il soit, le retrait inconditionnel et total des forces israéliennes du Liban ne sera pas suffisant pour que s’instaure une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient. «La réalisation de cet objectif postule : « – la reprise concomitante des divers volets des négociations de paix, au point où elles se sont arrêtées en 1996, sur la base des principes agréés à la Conférence de Madrid. «– le retrait d’Israël de la totalité du Golan occupé jusqu’aux frontières de 4 juin 1967. «– la reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la constitution de son État. «Rappelons que le Liban a accueilli provisoirement sur son sol plus de 400 000 réfugiés palestiniens dont le statut définitif, l’avenir et le bien-être restent une responsabilité internationale. «Je voudrais à cet égard saisir l’occasion de ma présence parmi vous pour lancer un avertissement contre les dangers inhérents à tout projet d’implantation des réfugiés palestiniens au Liban. Une telle implantation, non désirée par les Palestiniens et unanimement rejetée par le peuple libanais, toutes communautés religieuses confondues, est un obstacle majeur à la conclusion d’une paix juste et globale au Moyen-Orient. «Toute démarche consistant par ailleurs à envisager le problème des réfugiés palestiniens au Liban sous son seul aspect humanitaire, en ignorant sa dimension politique, serait dangereuse et illusoire. Car s’il est souhaitable d’instaurer la paix, il l’est plus encore de la maintenir. «Plus grave pour la communauté internationale, l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban constituera une bombe à retardement qui mettra sans conteste en péril la paix et la sécurité régionales. C’est dire qu’il est impératif d’appliquer au Liban les principes et les critères internationalement reconnus en matière de règlement des problèmes de réfugiés, tout en confirmant le droit au retour. «Mesdames, Messieurs, «Le maintien de la paix et de la sécurité devrait trouver son support le plus sûr en la consolidation, sur le plan mondial, d’une vraie culture de paix, notamment au niveau de la jeunesse qui fournit le thème de notre présent sommet. «La communauté francophone qui se distingue par son esprit de solidarité n’a jamais manqué d’appuyer le Liban dans son droit. Je lui exprime la reconnaissance de mon pays. «J’exprime en particulier notre gratitude à la France et à son président M. Jacques Chirac pour son appui constant et sa solidarité agissante à l’égard du Liban, et je réitère au Premier ministre du Canada, M. Chrétien, ainsi qu’au Premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Lord, toute notre appréciation pour l’excellent accueil qu’ils nous ont réservé. «Je vous remercie».
Le président de la République, le général Émile Lahoud, a réaffirmé avec force le refus du Liban d’accepter l’implantation de réfugiés palestiniens sur son territoire. Dans le discours qu’il a prononcé lors du VIIIe sommet de la francophonie qui s’est ouvert hier au Nouveau-Brunswick (Canada), le chef de l’État a estimé que l’éventuelle implantation des Palestiniens au...