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Actualités - REPORTAGES

Francophonie - Critique du nouvel ordre mondial régi par les USA Lahoud : l'avenir des 400.000 palestiniens du Liban reste une responsabilité internationale

Le Liban-Sud (et la désormais classique connexion avec le Golan syrien occupé), la paix au Proche-Orient, le spectre de l’implantation palestinienne dans notre pays, l’impérieuse nécessité d’une revitalisation des Nations unies : tous ces points ont été évoqués vendredi par le président Émile Lahoud lors de la première séance de délibérations politiques des chefs d’État et de gouvernement francophones réunis à Moncton. La portée résolument politique – et même géopolitique – du rassemblement francophone, et de cette conférence pourtant dédiée à la jeunesse, est d’ailleurs évidente, à l’énoncé des allocutions qui ont émaillé la cérémonie solennelle d’ouverture de ces VIIIe assises au sommet dont la prochaine édition, en l’an 2001, aura Beyrouth pour cadre. Premier à prendre la parole à la séance politique, que dirigeait la présidente de la confédération helvétique Mme Ruth Dreyfuss, le président Lahoud a commencé par retracer brièvement l’évolution du système international depuis le lendemain de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à nos jours (lire ci-dessous le texte intégral de l’intervention présidentielle). M. Lahoud a noté l’apparition de nations nouvelles (souveraineté relative, devoir d’ingérence, primauté des droits de l’homme sur la souveraineté des États) qui sont venues bousculer les vieux principes. Dans une critique à peine voilée du nouvel ordre mondial régi par l’unique superpuissance, les États-Unis, il s’est ému de l’actuelle tendance au contournement de l’Onu : une organisation qu’il convient de réformer conformément au programme de son secrétaire général Kofi Annan (présent à ce sommet) et non de marginaliser. C’est alors que M. Lahoud a cité l’exemple libanais, en matière de révolutions onusiennes demeurées lettre morte : situation qui ne laisse d’autre choix au Liban que de se mobiliser pour résister à l’occupation du Sud et libérer son territoire. Mais, a-t-il averti, la paix globale au Proche-Orient exige aussi la reprise concomitante des divers volets de la négociation de paix, le retrait d’Israël du Golan occupé et la reconnaissance du droit des Palestiniens à déterminer leur destin et à se doter d’un État. Le président a mis en garde contre les dangers – ce serait, a-t-il souligné, «une véritable bombe à retardement» – qui découleraient de toute implantation sur place des 400 000 réfugiés palestiniens vivant sur notre sol et dont l’avenir, a-t-il rappelé, reste une responsabilité internationale. Dans une allusion aux vues prêtées aux Canadiens, hôtes de ce sommet, M. Lahoud a mis en garde, par ailleurs, contre la dangereuse erreur qui consisterait à aborder la question des réfugiés sous son seul aspect humanitaire en ignorant sa dimension politique. Premier contact Lahoud-Chirac Le chef de l’État a conclu en exprimant la reconnaissance du Liban à la communauté francophone, qui n’a jamais manqué de le soutenir dans son droit. Il a décerné une mention particulière à la France «et à son président Jacques Chirac, pour son appui constant et sa solidarité agissante envers le Liban». Cette délicate attention, tout à fait méritée au demeurant, suivait de peu le premier contact entre les deux présidents, qui ont déjeuné à la même table en effet, celle du secrétaire général de la francophonie Boutros Boutros-Ghali, qui avait convié au repas de midi tous les chefs de délégations à l’hôtel Crystal Palace de Moncton. MM. Lahoud et Chirac, qui ont devisé gaiement, s’attaqueront aux choses sérieuses lors de l’entretien qu’ils auront samedi au milieu de l’après-midi dans un salon de l’hôtel Beauséjour où ils résident tous deux : de cette rencontre, à la préparation de laquelle semble avoir contribué M. Boutros-Ghali (que le président Lahoud avait rencontré peu après son arrivée à Moncton jeudi), on attend qu’elle achèvera de dissiper les nuages qui étaient apparus ces derniers mois dans le ciel traditionnellement serein des relations franco-libanaises. À la faveur de ce five o’clock, les deux présidents, aborderont les divers points de friction, dont le moindre n’est pas le cas de l’ancien Premier ministre Hariri, lequel a donné lieu à certaines maladresses, d’un côté comme de l’autre : Hariri, la bête noire du présent régime, au point qu’on a parfois l’impression que L’État n’a d’autre dessein politique que de faire rendre gorge à l’ancien chef du gouvernement et à ses proches collaborateurs ; Hariri, «mon ami Rafic» qui garde ostensiblement, néanmoins, ses entrées au palais de l’Élysée... Sous le signe de la politique La politique, on le voit, n’est certes pas absente de ce sommet consacré à la jeunesse dont une dizaine de représentants, venus du Canada et de divers pays, se sont exprimés durant la cérémonie solennelle d’ouverture, vendredi matin au Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Moncton. Ce sont des allocutions éminemment politiques d’ailleurs qu’ont prononcées la plupart des orateurs, notamment le président Chirac, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan et le secrétaire de l’Organisation internationale de la francophonie Boutros Boutros-Ghali. La dimension politique de la francophonie «est une priorité», s’est exclamé ainsi le chef de l’État français, et cela dans la perspective «du monde multipolaire de demain», un monde dont les congressistes de Moncton espèrent donc qu’il ne sera pas régi par la seule Amérique. La francophonie est là pour faire entendre la voix de ses membres auprès des plus hautes instances internationales, pour défendre leurs intérêts, a affirmé pour sa part M. Boutros-Ghali. Quant au secrétaire général des Nations unies, il a souligné que la diversité est source de richesse et de vitalité, «dans un monde qui ne doit pas être réduit (du fait de la globalisation) à un espace tristement uniforme» ; M. Annan a rappelé, à cet égard, que l’Assemblée générale de l’Onu a fait de 2001 l’année du «dialogue des civilisations». Par une heureuse et réconfortante coïncidence, c’est sous le signe du «dialogue des cultures» que sera placé, cette même année, le sommet francophone de Beyrouth.
Le Liban-Sud (et la désormais classique connexion avec le Golan syrien occupé), la paix au Proche-Orient, le spectre de l’implantation palestinienne dans notre pays, l’impérieuse nécessité d’une revitalisation des Nations unies : tous ces points ont été évoqués vendredi par le président Émile Lahoud lors de la première séance de délibérations politiques des chefs d’État...