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Actualités - ANALYSE

Audiovisuel - De maladresses en effet boomerang L'affaire du CNA continue à faire des remous

En été, les distractions politiques sont rares. L’annonce d’un prochain redémarrage du processus régional contribue en outre à la déshydratation saisonnière, dans ce sens que le Liban n’a dans ce cadre qu’à suivre les instructions des décideurs. Heureusement, le spectacle réjouissant de certaines maladresses vient un peu gommer le complexe d ’infériorité que l’on peut éprouver ici. Il n’est dès lors pas étonnant que les rebuffades infligées par le Conseil des ministres au Conseil national de l’audiovisuel (CNA) n’aient pas mis un terme définitif à l’affaire de la LBCI. On a continué en effet à en parler hier dans les cercles politiques. Pour trouver généralement plutôt intempestif, sinon suspect, le zèle punitif manifesté par le CNA. Il semble en réalité que cette instance ne soit pas totalement impliquée dans l’affaire en tant que corps constitué et que toute la responsabilité ou presque retombe sur les épaules de son président M. Nasser Kandil. Pour le fond, les officiels s’étonnent autant que les parlementaires de l’orientation adoptée depuis son lancement par le CNA qui semble concevoir sa mission comme étant celle d’un gendarme répressif, d’un censeur pointilleux, d’un garde-chiourme plutôt que d’un régulateur, d’un médiateur veillant à harmoniser les relations entre les médias et l’État. En effet, bien avant l’histoire de l’accident jordanien survenu à la LBCI, le CNA avait suivi deux canaux de blocage. D’une part, il avait adressé des avertissements sévères à des entreprises déterminées et pas à d’autres se trouvant dans le même cas. Ensuite il avait freiné des quatre fers pour ce qui est de l’octroi de licences à des chaînes ou à des stations évincées antérieurement par le système de la troïka et du partage réservé aux gens de l’ancien pouvoir. Le gouvernement Hoss souhaite réhabiliter ces chaînes ou ces stations, victimes notoires d’une concurrence antérieure déloyale, et leur redonner une chance, mais le CNA n’a pas voulu donner un avis favorable dans ce sens. Pour en revenir à l’affaire de la LBCI lors du débat que le CNA lui a consacré, l’un des membres (comme devaient le faire ensuite des ministres en Conseil des ministres) a rappelé que plusieurs chaînes ont des correspondants qui opèrent dans les territoires occupés, sans être rappelées à l’ordre. Selon les témoins présents, le président du CNA a rejeté cette observation en affirmant que le seul cas à considérer était celui de la LBCI. Indépendamment de ce facteur de parti pris, «le Conseil national de l’audiovisuel, souligne un ancien ministre de l’Information, est une instance de régulation et non pas un parquet judiciaire ou un tribunal. Il n’a pas de verdicts à rendre, pas de sanctions à infliger. Le cas échéant il saisit l’autorité de tutelle des infractions commises pour qu’elle prenne les mesures qui s’imposent. Le rôle du CNA se limite strictement à signaler les dérapages. Le gouvernement n’a pas besoin qu’on lui indique que faire en pareil cas. Autrement dit, les recommandations de sanctions émanant du CNA étaient de trop et le Cabinet a bien fait de les rejeter». Selon un loyaliste, «il est clair que le CNA, contaminé en quelque sorte par les manies médiatiques du siècle, veut se donner en spectacle et cherche à se gonfler comme la grenouille de la fable. Non seulement ce n’est pas sérieux, mais c’est également dangereux. Car, en mélangeant les genres, le CNA se donne un rôle politique et cherche à entraîner le pouvoir dans un cycle de vindicte dirigé contre certaines institutions privées. M. Sélim Hoss a bien vu ce danger et il a en Conseil des ministres condamné le comportement du CNA. De son côté, le ministre de la Justice M. Joseph Chaoul a mis en relief l’amateurisme du CNA. Il a en effet relevé que, dans un cas de péché véniel, un avertissement est déjà une sanction. Ajoutant que s’il y a crime au sens juridique du terme, une suspension de trois jours serait largement insuffisante car il faudrait mettre en branle le parquet militaire pour charge d’intelligence avec l’ennemi. M. Chaoul a conclu en estimant qu’il faudrait adresser une mise en garde préventive à tous les médias, pour qu’ils fassent attention à ne pas se laisser piéger par un Lévy quelconque et c’est ce qui fut fait». Il reste que l’effet boomerang dans cette histoire n’a pas été jusqu’au point de réclamer le départ des membres du CNA. Comme quoi le sens de la mesure n’échappe pas à tout le monde.
En été, les distractions politiques sont rares. L’annonce d’un prochain redémarrage du processus régional contribue en outre à la déshydratation saisonnière, dans ce sens que le Liban n’a dans ce cadre qu’à suivre les instructions des décideurs. Heureusement, le spectacle réjouissant de certaines maladresses vient un peu gommer le complexe d ’infériorité que...