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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Audiovisuel Condamnation unanime de la recommandation du CNA

La recommandation du Conseil national de l’audiovisuel de suspendre la LBC pour trois jours a suscité hier un tollé dans les différents milieux politiques et de la presse. Les présidents des Ordres de la presse et des journalistes, MM. Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, ont tenu une réunion à l’issue de laquelle ils ont décidé de prendre position aujourd’hui sur la question, choisissant ainsi d’attendre la réaction du Conseil des ministres avant de se prononcer. Dans l’ensemble, les milieux parlementaires ont été étonnés par l’attitude du CNA, qu’ils ont souvent qualifiée de disproportionnée par rapport à l’incident en lui-même. Le député Saleh Kheir a ainsi estimé que l’affaire aurait pu être considérée comme réglée après les seules sanctions prises par la compagnie à l’égard de son correspondant à Amman. D’ailleurs, M. Kheir s’est déclaré convaincu que le Conseil des ministres «tempérerait» la position en flèche du CNA. Le député Talal Meraabi s’est également interrogé sur l’opportunité de cette recommandation alors que la chaîne de télévision incriminée n’avait pas diffusé la correspondance de son journaliste en Jordanie tout en publiant un communiqué dans lequel elle réitérait son souci de respecter la décision de boycott d’Israël. «À mon avis, a-t-il ajouté, le ministre de l’Information devrait refuser de donner suite à la recommandation». Tirant à boulets rouges sur le CNA et sur son président Nasser Kandil en particulier, le député Jamil Chammas a notamment accusé le Conseil d’avoir embarrassé le ministre de l’Information en rendant publique une recommandation qu’il aurait dû lui soumettre, au préalable, sachant que seul le ministre a le droit d’annoncer la position du CNA. «Nous ne nous soumettrons pas à la dictature du Conseil national pour la peine capitale», a-t-il ajouté dans un jeu de mots, «peine capitale» étant proche, à une lettre près de l’alphabet, d’information. Le député Moustapha Saad a rappelé que la décision revient en fin de compte au ministre de l’Information. Et d’ajouter en réponse à une question : «Je crois que le CNA doit revenir sur sa décision. En effet, de nombreux pays, qui jusqu’à présent, n’entretiennent pas de relations avec l’ennemi israélien, ont couvert quelquefois des événements de ce genre», a-t-il dit. De son côté, le député Farès Boueiz a souligné la nécessité de «faire un sort à ce complexe qui consiste à croire que le black-out sur certains événements est encore possible alors que les médias internationaux franchissent toutes les distances et débordent toutes les frontières». «Quelle est donc la différence entre la diffusion de l’événement par n’importe quel média international et la présence d’un correspondant d’une chaîne libanaise qui ne se trouvait même pas en Israël?», s’est interrogé M. Boueiz, avant de conclure : «L’événement aurait très bien pu avoir lieu aux Nations unies ou dans le cadre d’une conférence internationale. Qu’aurait-on fait alors ? L’essentiel est qu’il n’y ait aucune mauvaise foi ou volonté de nuire de la part du média», a-t-il conclu. Harb : Les Libanais doivent être informés À peu de choses près, le député Boutros Harb a développé le même argument en rappelant que tous les médias locaux «retransmettent parfois en direct ou en différé les conférences de presse que donne l’ennemi». Selon M. Harb, «l’opinion publique doit être informée des prises de position de l’ennemi de manière à les traiter dans l’intérêt du Liban». Il a donc estimé que la recommandation du Conseil national de l’audiovisuel «ne correspond plus à la modernisation du monde de la communication». Le député du Batroun a ainsi demandé au ministre de l’Information Anwar el-Khalil de ne pas tenir compte de la recommandation du CNA. «Cela ne veut pas dire pour autant que les journalistes libanais doivent couvrir en permanence et impunément toutes les conférences que donnent les responsables de l’État sioniste», a-t-il ajouté, avant de poser le cas de figure suivant : «Si le correspondant d’un média libanais assiste à une conférence de presse commune donnée par le président Bill Clinton et le Premier ministre israélien et retransmet les propos de ce dernier, aurait-il ainsi enfreint la loi ?» Résultat, selon M. Harb : le Libanais sera obligé d’avoir recours à des chaînes internationales, telles que la CNN, pour être informé de l’événement. Le député Abdo Bejjani s’est contenté pour sa part d’un commentaire lapidaire, affirmant que la recommandation du Conseil national de l’audiovisuel reflète «un esprit obtus et borné». Le président de la Ligue maronite, l’ancien député Pierre Hélou, s’est notamment demandé pourquoi le Liban «veut toujours être plus royaliste que le roi». Et de rappeler à ce sujet : «Autrefois, quand le boycottage économique était préconisé, le Liban était le premier à l’appliquer». Selon lui, il en va de même actuellement au niveau de l’information. «Je ne comprends pas pourquoi les Libanais doivent toujours assumer davantage de responsabilités que tous les autres pays arabes», a-t-il ajouté. M. Wadih el-Khazen a affirmé pour sa part que la recommandation prise à la majorité et non à l’unanimité des membres du CNA était d’autant plus inopportune que le Liban a plus que jamais besoin de resserrer les rangs internes. Le chef du Parti national libéral Dory Chamoun a défendu la LBC en condamnant «la tutelle» exercée par le CNA «sur l’information en général et sur les libertés en particulier». Par ailleurs, une source responsable du Parti socialiste progressiste a invité l’État à «prendre du recul avant d’arrêter une décision susceptible de porter atteinte à la liberté d’information».
La recommandation du Conseil national de l’audiovisuel de suspendre la LBC pour trois jours a suscité hier un tollé dans les différents milieux politiques et de la presse. Les présidents des Ordres de la presse et des journalistes, MM. Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, ont tenu une réunion à l’issue de laquelle ils ont décidé de prendre position aujourd’hui sur la question,...