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Actualités - REPORTAGES

Festival - Une cinquantaine de manifestations pour la troisième édition de Ayloul Un invité prestigieux : le metteur en scène américain, Bob Wilson (photos)

Le mois de septembre pointe son nez et le festival d’art expérimental «Ayloul» met au point les derniers préparatifs pour sa troisième édition qui se tiendra du dimanche 5 au mercredi 15 septembre. Une cinquantaine de manifestations, entre théâtres, danses, installations et films vidéo, pour clôturer en beauté le millénaire. Et marquer un changement de formule. En effet, «Ayloul» se transforme à partir de cette année en biennale. Mais reste fidèle à son double objectif : promouvoir des artistes libanais et présenter des spectacles d’avant-garde venus des quatre coins du globe. Et pour cette année, un invité prestigieux, Robert Wilson, poète de la lumière, architecte des planches. Le célèbre metteur en scène américain ouvrira les festivités avec une «lectureperformance» de trois heures et demie, dimanche 5 septembre, au Issam Fares Hall, AUB. Le festival de Baalbeck est tout naturellement associé à cette manifestation. Bob Wilson était, en effet, au programme du dernier festival d’avant-guerre. Il devait en être l’hôte pour l’été 1975. Il avait d’ailleurs effectué le voyage pour des repérages. Mais les tristes évènements sont venus éclipser toute festivité. Vingt-quatre ans plus tard, Bob Wilson est à nouveau au rendez-vous. Avec plus de 200 diapos de pièces ou de solos, Wilson retracera les développements de sa carrière depuis Deafman Glance jusqu’à Madame Butterfly et Hamletmachine. Trois décades de productions théâtrales et d’opéras. L’édition 99 de Ayloul comporte outre la performance de Bob Wilson, quatre pièces de théâtre et une lecture ; trois spectacles de danse ; quatre installations et un livret ; et 37 vidéos et courts-métrages. Des pièces de théâtre *Quatre pièces de théâtre dont trois sont libanaises : – Jazz, l’autre côté de “Crime et Châtiment ”de Siham Nasser, (Madina, Clemenceau), qui décortique le monde cruel de Dostoïevski. «Ce travail relève de l’expérience», explique Pascale Féghali, la directrice du festival. «Le texte adapté et mis en scène par Siham Nasser présente deux nouveautés : sur la forme avec une musique “live” qui accompagne la pièce ; sur le fond, les scènes sont intercalées et mêlées». – Taa kôl mjaddra ya saba (Viens manger des lentilles, p’tit gars) d’Élie Karam, au Monnot, rue de l’Université. Dans le Beyrouth des années soixante. Histoires d’une famille vivant dans les quartiers populaires de la capitale et dont la mère fait le meilleur «mjaddra». – Le tigre de Murray Schisgal, traduit et mis en scène par Rita Daccache, au Monnot. Un homme kidnappe une femme et l’emmène chez lui. Dans ce huis clos explosent des sentiments de peur, d’angoisse, de pitié, d’affection… – Une invitée de la section théâtre : la Tunisienne Jalila Bakkar qui présente À la recherche d’Aïda, au lycée Abdelkader. Écrit et joué par elle, ce texte mis en scène par Fadel Jeaybi a déjà été interprété au Théâtre de Beyrouth au printemps 1998, à l’occasion des manifestations qui ont marqué le cinquantenaire de la Nakbé. – Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltes, traduit par Fadi Abou Khalil, lecture à l’Orient Institut. Ce texte est le dernier qu’a écrit Koltes avant de décéder. Il y raconte l’histoire d’un jeune criminel qui tue sans aucune raison. Auteur contemporain, il a marqué les années quatre-vingt, avec, entre autres, Combat de nègres et de chiens ou Dans la solitude des champs de coton. «C’est une sorte d’hommage à un auteur peu connu chez nous», indique Pascale Féghali. Danse *Trois spectacles de danse, étrangers. À la pointe de l’avant-garde : – Please help yourself de l’Allemand Jan Pusch, au Centre culturel russe. Ce solo de danse a remporté le premier prix au festival international de Stuttgart, il y a quelques mois. Le thème : “explorer l’énergie, la pulsion qui nous pousse à faire quelque chose”. – Doom du groupe italien Kinkaleri, à l’Orient Institut. Le stade extrême de l’apparence où le discours perd toutes ses nuances et est supplanté par le visuel. Trois danseurs sont dans une boîte. «Ce n’est pas de la danse à proprement parler. C’est une performance», explique Pascale Féghali. «Des musées incorporent aujourd’hui ce genre d’expériences avant-gardistes», indique-t-elle. – Point de la Tunisienne Iman Smaoui, au Centre culturel russe. Être à la recherche de son espace, de sa place ; un point de départ ; un point de stabilité dans un présent en changement. Installations *Quatre installations et un livret, tous libanais : – Boxes in Beirut (Boîtes dans Beyrouth) de Karl Sharro. Un trottoir très passant de la capitale sera envahi de boîtes de diverses dimensions. Le but : la relation des piétons avec l’espace. – Les visions d’un œil de Jihad Touma. Installation d’images à l’Espace SD. C’est un voyage dans le monde de l’artiste : à travers des photos et des montages inspirés des visions qu’il a eues. – La maison de Bourj et Territoire d’Amale Saadé, au Goethe Institute. La maison de Bourj est un montage vidéo de la maison familiale de Laylaki, occupée par des déplacés. Territoire est l’étalage d’un certain nombre d’effets personnels ayant appartenu à la grand-mère de l’artiste. Une double installation où les images de l’endroit sont complétées par la présentation des éléments qui le peuplaient. – Normal de Hubert Fattal, à Zicco House. Également exposition de photos, avec des détails de la vie quotidienne, un peu comme un journal personnel exposé au grand jour. – Bigger than Picasso (Plus important que Picasso) livret de Walid Sadek. Vidéos et courts-métrages *Quatre films, production Ayloul, ils seront tous projetés au Lycée Abdelkader, Verdun : – Train-Trains de Rania Stephan. Un tour, en 33 minutes, des gares du Liban, du nord au sud et d’est en ouest. Souvent laissées à l’abandon, elles n’offrent pas forcément un spectacle de désolation. On y trouve même parfois des employés qui attendent. Le montage de Rania Stephan incorpore des séquences de film… – La douche de Michel Kammoun, 10 mn. Vidéo très travaillée du point de vue de l’image, avec un recours aux images de synthèse. C’est l’histoire de quelqu’un qui rentre prendre une douche dans une salle de bains qui se décompose. Cauchemardesque. – Before it rains (Avant qu’il ne pleuve) de Waël Deeb, 23 mn. Après le décès de sa mère, un jeune homme rentre chez lui. Et se retrouve seul face à la solitude, à la culpabilité… – Moulhak (Supplément) de Zeina Osman, 15 mn. Après trois ans de mariage, une femme décide de divorcer. Refusant de céder à la pression sociale ou à la culpabilité, elle veut fêter cet événement. – Les organisateurs du festival projetteront, par ailleurs, les six vidéos déjà produites par Ayloul, pendant les deux précédentes éditions, à savoir : Majnounak d’Akram Zaatari ; De la séduction de Ghassan Salhab et Nisrine Khodr ; Tango de l’espoir de Mohammed Soueid ; Jocker de Mai Kassem ; Muscles de Talal Khoury et Beyrouth, Palerme, Beyrouth de Mahmoud Hojeige. *Par ailleurs, cinq courts-métrages de Libanais, vivant soit au pays soit à l’étranger, feront partie des projections : Drag questions de Naz, 5 mn ; The dead weight of a quarrel hangs de Walid Raad, 13 mn ; Sa carapace de Mahmoud Hojeige, 13mn ; Solitude de Walid Hoayek, 10 mn ; et Le Grand Teatro d’Omar Naïm, 28 mn. Ainsi qu’une projection spéciale, The iranian way of divorce (Le divorce à l’iranienne), documentaire signé de l’Anglaise Kim Longinotto et de l’Iranienne Ziba Nir-Hosein. D’une durée de 80 minutes, ce film a remporté le premier prix dans sa catégorie, au Festival de San Francisco. Également dans la section vidéo, trois films palestiniens : Légende de Nizar Hassan, Femmes au soleil de Sobhi Zoubeidi et Kochan Moussa d’Izza Hassan. « Videobrasil » Ayloul accueille cette année «Videobrasil», un festival de vidéo et d’arts électroniques, qui se tient tous les deux ans à Sao Paolo. Cette manifestation, qui existe depuis 17 ans, présente une sélection de ce qui se fait dans tous les pays de l’hémisphère sud. Pour Beyrouth, ce seront 18 courts-métrages, présentés en trois séances et provenant du Brésil, d’Australie, du Chili et d’Argentine. Par ailleurs, la directrice du festival, accompagnée de trois artistes, sera à Beyrouth pour sélectionner les productions de Ayloul qui devraient être présentées à «Videobrasil» l’année prochaine. Partenaires Certains partenaires de Ayloul le soutiennent depuis trois ans : le ministère de la Culture, la Libano-Française et la Future TV. «C’est la bastion des fidèles», indique Pascale Féghali. En raison des problèmes de la Commission européenne à Bruxelles, et dont la presse s’est fait largement l’écho, le bureau de Beyrouth n’a pas été en mesure de répondre présent cette année. Quelques autres sponsors sont venus épauler l’édition 99 de Ayloul. Entre autres, deux institutions théâtrales étrangères : le Festival de Zurich qui coproduit certaines activités qu’il présentera dans le cadre de ses manifestations ; et le théâtre de l’Union à Limoges qui coproduit la pièce d’Élie Karam qui sera également jouée dans cette ville. Un programme riche, comme pour en avoir son content de Ayloul qui ne revient qu’en 2001.
Le mois de septembre pointe son nez et le festival d’art expérimental «Ayloul» met au point les derniers préparatifs pour sa troisième édition qui se tiendra du dimanche 5 au mercredi 15 septembre. Une cinquantaine de manifestations, entre théâtres, danses, installations et films vidéo, pour clôturer en beauté le millénaire. Et marquer un changement de formule. En effet, «Ayloul»...