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Actualités - REPORTAGES

Les ados d'hier : le plaisir de l'interdit(photo)

Les années 1967-1970, Magda, 49 ans, Fayza, 51 ans, Charles, 51 ans, Tatiana, 44 ans, Ziad, 52 ans, et Salwa, 45 ans, s’en souviendront toujours. Parents, pour la plupart d’adolescents, ils se remémorent avec délectation comment ils bravaient les interdits. Des stéréos, en passant par le rock ou le twist, ces ados d’hier se sont retrouvés autour d’un café. «Tout ce qu’on faisait, c’était en cachette», nous confient Magda et Tatiana. «Nous n’avions pas le droit de sortir le soir, et encore moins d’avoir un flirt. Nous allions au cinéma de 15 à 18 heures... officiellement», nous avoue Fayza. «J’ai vu “Et Dieu Créa La Femme” en cachette», nous confie-t-elle avec un sourire. À l’époque, il y avait le Flying Cocotte, un “stéréo” à Clemenceau, «où on allait entre 21 heures et minuit», nous raconte Charles. «Nous les mecs, on bougeait en bande de 5, 6 personnes. Il n’y avait pas de mixité. Les seules filles qu’on rencontrait, c’était quand on estivait avec nos parents. Il y avait Beit-Méry, Aley, Ajaltoun, Sofar... et ce pendant trois mois». Ziad nous explique que «nous sortions rarement le soir après minuit». Les années 67-70, c’était aussi Popeye à Raouché, les cafés-tottoirs à Hamra, le Réverbère, le Carrousel, l’Enfer à Hazmieh et Les Caves du Roy, mais «pour les un peu plus vieux». Tatiana se rappelle qu’elle faisait l’école buissonnière, tout comme Magda qui «séchait les cours pour retrouver son petit ami, qui est aujourd’hui mon mari». Tatiana, amusée, se souvient du jour où, en cachette de ses parents, elle avait été à l’Aquarius. Elle buvait une Jamaïca (sans alcool), quand elle a vu son père débarquer. «Je ne me suis jamais sentie aussi mal. J’ai été punie pendant un mois». «Nous n’avions pas le droit de nous maquiller», se souvient Salwa. «J’ai même reçu une claque pour m’être épilé les sourcils, alors le vernis, n’en parlons pas». Le look était primordial. Charles se souvient avoir été très influencé par le rock. «Notre révolte passait par le rock. L’État l’avait presque interdit, puisque Kamal Joumblatt avait refusé que Johnny Hallyday vienne au Liban, car il considérait que sa musique était une musique dépravée. Mon père écoutait de la musique classique, et moi Elvis ou Les Beatles. Il y avait donc un conflit culturel entre nous et nos parents. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui». Les filles, qui étaient très coquettes, suivaient les modes. Chaussures Vogue, ballerines de chez Mme Stock, les pattes d’éléphant... «Je cachais mes chaussures à talons chez une amie», nous raconte Fayza. «Je me raidissais les cheveux avec un fer à repasser. On n’allait chez le coiffeur que pour une coupe», se souvient Tatiana. «Je roulais mes jupes pour les transformer en mini», se rappelle Magda. Elles ne savaient pas ce qu’était la révolte, puisque toutes avaient le même mode de vie et les mêmes conditions à suivre. «Mais 1968 a quand même bouleversé le monde», reconnaît Salwa. «C’est peut-être à ce moment qu’on a senti la différence», nous explique Magda. Ils se souviennent tous des musiques de l’époque, «qui restent les plus belles chansons». Adamo, Sheila, les Beatles, Cliff Richard, Sylvie Vartan, Richard Anthony, Elvis, etc. «C’était autre chose», dit Ziad. Et quand on leur demande ce qu’ils pensent des adolescents d’aujourd’hui, ils sont pratiquement tous unanimes à dire qu’«ils ne vivent pas leur âge. Mais peut-être que ce qu’ils font maintenant correspond à nos extravagances d’antan. Ce n’était pas pareil il y a 35 ans. On parle plus avec nos enfants, on leur demande leur avis. Ils ont davantage de liberté. Le seul risque, c’est qu’ils risquent d’être blasés très vite. Ils ne connaissent pas la joie de faire quelque chose en cachette, parce que plus rien ne leur est interdit. Ce sont les résultats de l’évolution rapide, de la société».
Les années 1967-1970, Magda, 49 ans, Fayza, 51 ans, Charles, 51 ans, Tatiana, 44 ans, Ziad, 52 ans, et Salwa, 45 ans, s’en souviendront toujours. Parents, pour la plupart d’adolescents, ils se remémorent avec délectation comment ils bravaient les interdits. Des stéréos, en passant par le rock ou le twist, ces ados d’hier se sont retrouvés autour d’un café. «Tout ce qu’on...